Ateliers des parfums

Dimanche 3 mars 2013 — Dernier ajout mardi 5 mars 2013

Proposition

D’après le livre de Philippe Claudel « Parfums » chez Stock

  • Lecture de l’extrait "Salle de classe"
  • D’après une liste de mots. En choisir 3 3, vous pouvez en noter plusieurs, mais à la fin, il faudra qu’il n’en reste que 3 en pensant à l’odeur, au souvenir de cette odeur.
  • Trouvez 2 autres mots personnels.
  • Décrivez en quelques mots les odeurs, essayer de les hacher, par quelques mots, adjectifs, images :
  • Exemple aavec l’extrait du mot « boum » 
  • 3 Essayez de raconter un événement, un souvenir, un contexte dans lesquels vous retrouvez cette odeur.
  • Extrait du texte sur le mot « Ether »

Les Textes

Drap

« Ça sent le lit » m’a dit Lilya en entrant dans ma chambre et en sautant entre nous deux. « ça sent le lit ? » qu’a-t-elle voulu dire par là ? C’est le premier de chaque mois que je fais la lessive. Les draps de coton passent dans le tambour. Un bouchon de savon de Marseille et hop c’est parti. Pourvu qu’il fasse beau,un séchage dans le pré, sur le grand étendage. Un peu de vent, ils seront vite secs. Et le soir, hop, je tape et tourne le matelas, installe les draps en prenant soin de ne pas faire de plis. La première nuit, j’ai l’impression de dormir sur un tapis herbeux, parsemé de fleurs des champs. S’y ajoute une odeur exotique ; sans doute le savon. Mais nous sommes le 12. Plus de dix jours que nous froissons ces même draps. Transpiration, parfum de l’un, sperme, déodorant de l’autre, gel douche et que sais-je encore !!! C’est de ça qu’elle veut parler, ou juste de l’odeur d’amour de son papa et sa maman après une chaude nuit de septembre.

Françoise

Eglises

Quand j’entre dans une église, c’est ma maison, la deuxième. Je me sent chez moi comme un retour dans le ventre maternel. Il y en a tout de même des qui m’inspirent moins. Des qui sentent le vide. Elles peuvent être cathédrales ou simples chapelles, si elles sentent le vide, je me retire sur la pointe des pieds. Il y en a des qui prennent leur temps, on s’acclimate, et une douceur tranquille descend comme l’humidité qui suinte sur certains de leurs murs. Et d’autres, des qui sautent à la gorge. L’enfant de chœur à copieusement arrosé d’encens la nef. Ce n’est pas un encens de patchouli, de bobos, de biobios, ni de cathos, mais c’est l’odeur céleste qui remonte lentement vers le ciel, comme mon chant vers un Dieu que j’espère à défaut de certitudes. L’odeur du cierge encore chaud que l’on vient de souffler. L’arôme des fleurs arrangées comme offrande du dehors, là où la vie bat son plein et là où il est si vite oublié. Parfois, mon âme s’élève et je reste clouée là, parfois.

Veronik

« haricots revenus à l’ail »

Je m’apprêtais à faire la cuisine ; je pris une poêle, mis un morceau de beurre à fondre et là, après avoir ôté les pelures, enlever le germe qui donne mauvais goût et haché ce petit bout tout blanc un peu laiteux, avec patience et beaucoup de dextérité, ramassé ce hachis sur la planche, je le dépose avec précaution dans la matière chaude, et je me retrouve des années en arrière avec cette odeur d’ail qui se dégage, qui crépite, qui va envelopper les haricots mis en conserve par ma mère, qui me donne envie de me mettre à table et d’en remplir mon assiette. Et je me souviens d’une fois, en souriant, avoir un rendez-vous avec un garçon qui m’avait annoncée que je sentais l’ail. Je fus un peu gênée quand même !!!!!!!!!!!!!!!!

Lucette

Foin Durant 24 ans, j’ai vécu dans cette ferme. En juin je passais mes journées dans les prés. Je regardais travailler mon père. Assise dans l’herbe fraîchement coupée, je jouais à la poupée. Elle s’appelait Thaly, je l’emmenais partout avec moi. A l’heure du goûter, papa se joignait à moi. Avec son opinel, il coupait de larges tartines de pain bis, cassait une barre de chocolat. Nous mangions en silence. Après avoir déposé un baiser sur mon front , il repartait faucher, tourner ou râteler ce qui allait devenir le foin pour les bêtes l’hiver. Aujourd’hui ce sont mes enfants qui partent avec leurs oncles dans les prés. Tracteurs, faucheuses et autres grosses machines ont remplacé les outils manuels mais lorsqu’ils rentrent à la maison, tout me reviens. Oui tout est là sauf Thaly et papa.

Françoise

Gymnase

Relents de sueurs macérées. Souviens toi de ces moments de peurs, de ne pas être à la hauteur. Des moqueries sur ton grand corps dégingandé. Odeurs faisandées de chaussettes et de corps sales, de javel et de murs effrités, de peintures fraîches et de tapis caoutchoutés maculés de tâche glauques. Odeur du ballon de hand qui va te couvrir de bleus ( je suis très bonne dans les buts). Il va poisser tes mains de poussières et de transpiration mélangé avec celle du plastique sale et fermenté. Au vestiaire, on renfile nos habits du quotidien sur nos corps d’adolescents exsangues. On refourgue nos baskets puantes et nos ti-shirts poisseux dans nos sacs qui attendront bien la semaine prochaine dans un coin pour être ré-ouverts, à moi qu’une mère excédée passe par là avec un profond soupir. On sort les déodorants à la vanille, à l’aloé, on recouvre le tout pour passer le reste de notre journée dans une salle de classe hermétique.

Veronik

« l’humidité des églises »

C’est toujours pareil, à chaque fois que je rentre dans une église pas très fréquentée, ou une petite chapelle perdue qui se trouve sur notre route, l’humidité qui s’en dégage me saute à la gorge et me fait penser aux années écoulées depuis sa construction, aux pèlerins qui se sont arrêtés là pour la visiter, et le froid qui se coule dans tous les interstices et qui vous font frissonner, aux gens disparus qui ont prié, fait des voeux ; mais malgré cela , cette odeur humide, âpre, pas très plaisante en fait, me plonge dans un monde de perplexité, où mes questions restent sans réponse ; Mais je pourrais rester des heures assise sur un banc, un peu dur, et m’imprégner de ces relents du passé.

Lucette

Vieux

Il a vécu là toute sa vie. Il y est né, il y est mort. Et aujourd’hui elle est à vendre. J’entre une dernière fois dans sa cuisine. Ça sent le vieux ! Oui, ça sent les cendres froides, le renfermé comme elles disent ; mais moi je trouve que ça sent surtout qu’il n’est plus là. L’odeur de sciure sur sa salopette, les cèpes séchant dans les cagettes de bois, les pommes sur le lit de paille, la tâche de vin sur la toile cirée à grosses fleurs. Tout ça n’est plus là. Ça sent pas le vieux, ça sent plus rien.

Françoise

Légumes

Lorsque je prépare la soupe, chaque soir d’hiver, monte le parfum de chaque légume, l’agressivité enrobée des poireaux, la douceur fruitée de la carotte, celle de la terre qui la recouvre encore. Et me vient souvent une image de soleil, de jardins ouvriers avec ses petites cabanes en bois ajourées par des planches clouées à veux-tu en voilà. Les morceaux de zinc et de tôles ondulées sur les toits. Les tonneaux de pluie avec de drôles de systèmes de récupération. Des plants de tomates penchés ou bien tout droits levés vers le ciel azur, alignés, d’où monte cette odeur si particulière. J’ai 4 ans et mon micro c’est le tuteur du plant qui est à ma hauteur de petite fille et je chante à l’aurore de ce jour ’été qui s’en va « pour un flirt avec toi, ze ferait n’importe toi… » devant un groupe d’ouvriers sortant de l’usine, ravis. Je range les outils avec mon grand-père et là, au dessus de ma tête, les oignons sèchent et cette odeur me tourneboule la tête.

Veronik

« la chaleur du feu »

Qu’il est bon lorsque la neige tombe au dehors, se retrouver dans une pièce avec une cheminée et où le feu brûle joyeusement. Dès l’ouverture de la porte, l’odeur du bois, de la chaleur vous entoure, vous fait sourire, vous fait vous sentir bien. Même le pin, qui soi-dit en passant brûle plus vite, donne une odeur différente avec la résine qui coule et colle un peu aux doigts. La couleur, le rayonnement qui se dégage nous donnent du plaisir et remplit notre corps par l’intérieur de cette bienfaisante chaleur.

Lucette

Muguet

Tous les 1er mai, il revenait avec son petit bouquet. Il allait loin pour trouver le vendeur qui avait pris le temps d’aller dans les bois cueillir les clochettes qui devaient porter bonheur. Il voulait du vrai. Sur le plateau, à côté du bol de café, des croissants encore chauds ; trois brins étaient déposés. Aujourd’hui il est parti. Plus de 1er mai,plus de muguet. J’ai acheté des savonnettes, du brise, des huiles essentielles, mais je ne retrouve pas cette odeur de pureté qui m’enivrait.

Françoise

Grand- mère

Je vais la revoir après-demain et elle aura cette même odeur. Celle de la violette, cette douceur sucrée, propre et aérée. Celle de la laque aussi qui fait tenir ses cheveux permanentés. Je sais que l’âge et la souffrance sont passés par là depuis trois ans. Qu’elle aimerait fermer son parapluie… Je veux encore une fois la serrer contre moi et la respirer au creux du cou et reposer mon cœur enfantin entre ses bras.

Veronik

« odeur de parfum »

J’aime le matin après être douchée, déposer quelques gouttes de parfum derrière l’oreille. Mais pas n’importe lequel, non toujours le même, il me suit depuis quelques années déjà ! Il m’enchante, me fait me sentir belle, me fait vibrer et je le reconnais immédiatement lorsque je croise, en ville, une personne qui porte le même. Il m’envoute toujours autant et même si, quelques fois, je lui fait des infidélités, je reviens toujours vers lui pour m’imprégner, à nouveau, de ses effluves. Ce qu’il contient ? De quel mélange est-il fait ? Je n’en sais rien et peu importe, je suis accro et son odeur me suis partout !

Lucette

Bébé

Un bébé ça sent quoi ? : Le lait caillé, le mustela, la blédine, le pipi dans la couche remplie ? NON, toi mon bébé, tu sens un peu de moi, beaucoup de toi. Mon nez enfoui dans le pli de ton cou, je m’enivre de toi. Je voudrais attraper cette odeur, la mettre en parfum, car je sais que tu vas t’éloigner, te mêler aux autres. Comment l’appeler ? Tu sens quelque chose, d’indéfinissable. Je ne peux y poser des mots et pourtant qui d’autre que moi le pourra ? Odeur de bébé, HUM !! Tu sens ? ……… Voilà tu sens ça.

Hall d’immeuble

Il n’a pas la même odeur selon les moments où l’on pousse la porte. Le matin, si la concierge est de bonne humeur, elle a aérée, nettoyée les marches à la Javel ou à l’Ajax. A midi, ça sent le steack et la friture. Ça donne faim à l’estomac qui remonte chez lui quatre à quatre. En milieu d’après midi, ça sent la cave et les vides ordures dont les miasmes remontent à nos narines. Le soir c’est la féerie du chou, du poireau ou du fromage et la tête tourne, tourne jusqu’au septième étage.

Veronik

« le régal du gâteau »

Je la sens d’abord, j’approche mon nez de sa pâte dorée à souhait piquetée de quelques pralines, je la hume, mes yeux tournent et j’inspire, au maximum, pour me remplir de cette odeur sucrée. Je sais que je vais en couper un gros morceau, j’en salive déjà ; en fait, je n’attends même pas le petit déjeuner ! Dès qu’elle est cuite, la veille au soir, il me faut y goûter encore toute chaude, je mords à pleines dents dans cette brioche, et je me réjouis de la sentir dans ma bouche, et ce goût exquis, qui s’en dégage, me fait « planer ».

Lucette

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