Traces du passage de Henri Droguet à Brioude

Lundi 1er avril 2013

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Henri Droguet à la médiathèque de Brioude en mars 2013, en partenariat avec "La semaine de la poésie". Voici les quelques traces que nous avons collectées…

Henri Droguet commence par se présenter…

Enseignant à la retraite, amateur d’opéra, Henri Droguet dit lire énormément, jardiner, voyager, et « écrire massivement ». Il se présente aussi comme le produit de sa généalogie, issu en partie d’une génération de cordonniers du Bas Cotentin. Il est imprégné par son lieu de vie, Saint Malo, par la mer, le vent, le roc. Il cite Hölderlin : « écrire, c’est habiter », il ajoute : “c’est dire : je suis d’ici”. “Une écriture, c’est une representation du monde”, il apparaît petit à petit à Henri Droguet la nécessité “d’inventer une écriture de la météorologie bousculée chez moi”.

Très visuelle, son écriture fonctionne comme son œil pour nous donner des instantanés, des flashes tout en polychromie. Il veut « peindre le vent » de ses terres bretonnes. D’ailleurs, il arpente toujours les chemins avec un papier et un crayon et griffonne des notes, “c’est là, je ne sais pas si ça va servir”. De retour à la maison, l’écriture s’élabore, “la mise au point et la touche finale, c’est au bureau que ça se passe”.

Henri Droguet poursuit et nous lit ses poèmes.

Une lecture pleine d’énergie, assez rapide, au cours de laquelle les consonnes cognent frottent grattent. Quand le poème se finit, la lecture s’arrête, le livre claque. Henri Droguet passe au livre suivant, il ne commente pas, ou très peu. Une pause avec la lecture d’un texte qui tranche, beaucoup plus personnel puisqu’il évoque la mort de son père. Un texte rarement lu, on entend la sensibilité du poète affleurer.

Enfin, un échange s’engage avec le public.

Il évoque d’abord son rapport aux mots, “lorsque je ne trouve pas le mot en français qui me plaît, soit je l’invente, soit je cherche dans le patois, soit j’utilise des langues étrangères.” Il ne renonce pas non plus à introduire des onomatopées. “Un mot, c’est un endroit par où je suis passé”. Et en même temps, “le mot est plus important que ce qu’il désigne”. Il aime terminer ses poèmes avec une injonction du quotidien, souvent avec ce mot d’ordre emprunté à Rimbaud : « Allons ! ». Il nous précise comme pour s’assurer de l’élan impulsé : “on marche”.

À propos de ses titres, Henri Droguet affirme qu’il les place arbitrairement : “je trouve un titre, pouf, je le mets sur un poème qui n’a pas de titre”. Il emprunte souvent des mots tirés du quotidien, celui de La Poste par exemple : « Avis de passage ». Mais “avis de passage, c’est aussi l’idée que chacun de nous ne sommes que de passage sur la Terre”. On finit par douter du choix hasardeux des titres…

Henri Droguet relie l’écriture et l’opéra, l’écriture et ses effets de rythme, d’accélérations et de ralentissements, de syncope, propres à la musique. “Quelques fois, je suis sur des rythmes très scandés et c’est sur ces rythmes-là que je vais poser des mots”. Il évoque aussi les effets d’humour et les calembours qui peuplent son écriture, “l’humour, ça sert à introduire de la distance, à ne pas se prendre au sérieux”.

Entre poésie et prose, Henri Droguet déclare “c’est épouvantablement dur d’écrire de la prose. Je me mets des modèles dans la tête qui sont hors de ma portée, un poème, c’est du sprint, quatre heures pour l’écrire » Il cite au passage la prose du transsibérien de Blaise Cendrars qu’il apprécie particulièrement.

En refermant ce moment de rencontre, très convivial,

il reste l’image d’un poète heureux, “pour autant que l’on puisse l’être”, ajoute-t-il avec précaution, et le désir de relire quelques-uns de ses textes en songeant aux lieux qu’il habite de façon si personnelle.

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