Écritures narratives

Et ces quelques mots résument parfaitement le projet de Marie Cosnay : s’approcher de la vérité au moyen de la fiction et du récit. Car cette histoire singulière des enfants Finaly en convoque d’autres, celles de la frontière, le rocher des Perdrix, et celles de ceux qui la traversent, ainsi que celles de toute une constellation de personnages dont les décisions et les convictions ont conduit à cet enlèvement. En explorant cette affaire par le biais des récits multiples qui y sont liés, Marie Cosnay fait de cette matière historique une enquête et un passionnant roman d’espionnage. (Note de l’éditeur)

Roman choral, Ce que c’est qu’une existence raconte cette mystérieuse évidence d’être au monde ensemble au même instant et de vivre des vies différentes.
(…) Se glissent des confidences intimes, des secrets douloureux. Tandis que le roman écrit les vies en train de se faire et se défaire. (note de l’éditeur)

Août 1985. À Paris, une femme s’est laissée mourir de faim chez elle pendant quarante-cinq jours en tenant le journal de son agonie. En 2018, le hasard met Grégoire Bouillier sur la piste de cette femme. Qui était-elle ? Pourquoi avoir écrit son agonie ? Comment un être humain peut-il s’infliger – ou infliger au monde – une telle punition ?

Se transformant en détective privé assisté de la fidèle (et joyeuse) Penny, l’auteur se lance alors dans une enquête pour reconstituer la vie de cette femme qui fut mannequin dans les années 50 : à partir des archives et de sa généalogie, de son enfance dans le Paris des années 20 à son mariage pendant l’Occupation… « Élucider voulant dire non pas faire toute la lumière sur le drame mais clarifier les termes mêmes de sa noirceur. »

Elle a tout abandonné pour lui. Elle avait du talent et commençait à être reconnue. Comme lui, elle est sculpteur. Mais elle est devenue sa servante. Insidieusement. Elle s’est oubliée, reniée et tente, au début de ce court roman intense, de prendre la fuite.

Violaine Bérot raconte, avec son style reconnaissable et poétique, cette tragédie que représente le fait de devenir « personne ». (Note de l’éditeur)

Nous faisons connaissance avec Bastien, garçon de la campagne épris de Nicolas parti trop tôt, et qui va toute sa vie combler ce manque par l’exploration des corps. Avec Bastien, c’est l’histoire d’un enfant qui grandit, d’un adolescent devenu adulte, d’un garçon conscient de sa différence, de son attirance pour le même sexe, de sa force de caractère à assumer ses choix, de ses questionnements sur l’identité et la notion de genre.

Blog : ça sent le book ! - http://casentlebook.fr/avec-bastien-riboulet/

à 25 ans à peine, Emma Becker a décidé de partir il y a quelques années à Berlin, où, contrairement en France, les maisons closes sont autorisées, pour faire commerce de son corps dans deux établissements différents, d’abord le Manège, lieu sordide et peu avenant, puis à la Maison, qui donne son titre au roman et dont elle a ( elle l’assume totalement ; on a donc envie de la croire) totalement apprécié l’experience.

Elle parvient à faire de son enquête immersive un objet littéraire d’une très grande beauté, enchaînant les portraits de femmes , dotée d’une vision très romantique - qui va totalement en opposition avec le coté glauque et sordide qu’on devrait attendre d’un tel sujet. (Bazart - commentaire sur babelio.com)

Comme il l’avait fait avec La mue, Pierre Bergounioux revient sur ses démêlés avec le temps et son inlassable travail sur l’existence. A toutes les échelles de l’histoire, il en flaire et détoure les empreintes. Tout n’est que résurgence dans ces Métamorphoses où chacun des actes présent semble procéder d’une cause à venir, et inversement.

Note de l’éditeur

Barbara Kingsolver commence son roman peu avant l’élection de Donald Trump, elle relate l’effondrement de l’Amérique à travers le vécu d’une famille de la classe moyenne. Un siècle et demi plus tôt, la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces mettait en relief les rigidités de la société. Deux époques, deux héroïnes : Willa Knox, journaliste indépendante en pleine crise existentielle et Mary Treat, scientifique émérite largement oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin, sont liées par une forte personnalité, un intense besoin de liberté et… une maison en mauvais état.

« J’ai conçu Canoës comme un roman en pièces détachées : une novella centrale, “Mustang”, et autour, tels des satellites, sept récits. Tous sont connectés, tous se parlent entre eux, et partent d’un même désir : sonder la nature de la voix humaine, sa matérialité, ses pouvoirs, et composer une sorte de monde vocal, empli d’échos, de vibrations, de traces rémanentes." Maylis De Kerangal

La Semaine perpétuelle est d’abord un livre sur les gens d’Internet. Écriture animiste, où toutes les choses du monde peuvent parler – où le monde est possédé. Un livre à la vivacité poétique frappante, la découverte d’une voix. (note de l’éditeur)

4. Ben, j’habite au hameau des Jousses, et je dois être leur premier voisin. Même si je suis pas à côté quand même. Le sentier pour chez eux, il part un peu après les Jousses, mais il faut connaître pour le trouver. Il rentre dans la forêt et après il grimpe fort, pendant deux cents mètres (...)

Un roman sur une lignée de sages-femmes L’autrice, Audur Ava Olafsdottir a choisi ce thème quand en 2013 les Islandais ont élu leur mot préféré : « ljosmodir », que l’on peut traduire par « mère de la lumière ». On peut parfois douter de la bonté de l’être humain, mais pas de celle des (...)

Une nuit dans un commissariat, à chaque cellule sa voix : Angel à l’étrange sourire ; une jeune femme soumise au harcèlement quotidien d’un entrepôt ; des émeutiers ramassés à la fin d’une marche pour le climat ; un vieux manifestant brutalisé ; un cadre en dégrisement ; un flic exténué ; un adolescent souffre-douleur… Parias d’une nuit ou d’une vie, ils n’ont rien à déclarer, mais un destin à endosser, des circonstances à ressasser, une colère à exprimer, des espoirs à ranimer.

Intense comme un combat de boxe, puissante comme un cri d’alarme, cette polyphonie livre la radiographie d’une société française pulvérisée par le mépris et les rapports de domination. À travers des personnages aussi violents que tendres, dont l’ardente énergie éclaire les ténèbres de la garde à vue, Marin Fouqué transforme sa rage en chant de révolte collective.

Note de l’éditeur.

McEwan entrelace événements planétaires et privés avec une telle virtuosité que cet étrange samedi devient la métaphore de toute une vie, de toutes nos vies fragiles d’Occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle. Et cette réflexion profonde sur le hasard et le destin, les pouvoirs respectifs de la science et de l’art, la quête d’un sens qui résisterait à la mort,…

(note de l’éditeur)

… face aux images, je commence à noter mécaniquement ce que je vois : des visages, des moments où ces visages s’éclairent, en vacances au bord de la mer ou l’hiver en montagne, où des corps s’ébattent sur des pistes enneigées ; face aux images, je tente de ressentir coment ces scènes se (...)

Dans ce roman dérangeant, magistralement rythmé par l’alternance des points de vue et la présence obsédante de la nature, Ian McEwan excelle une nouvelle fois à distiller l’ambiguïté, et à isoler ces moments révélateurs où bifurque le cours d’une vie.

Note de l’éditeur

Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre du XXIe siècle… Après L’intérêt de l’enfant, Ian McEwan n’en finit pas de surprendre et compose ici, dans un bref roman à l’intensité remarquable, une brillante réécriture d’Hamlet in utero.
Note de l’éditeur

7. Dans la famille, pourtant, on disait qu’il tenait de son père, qui dormait mal, mais beaucoup, avec une sorte d’avidité. Lorsqu’il restait plusieurs jours de suite à la maison, au retour d’une tournée, il passait presque tout son temps au lit. En revenant de l’école, Nicolas faisait ses (...)

Au début de la nouvelle, un étudiant se trouve à l’aube, près d’un feu, avec deux femmes : Vassilissa et Loukeria. Il leur raconte l’épisode du reniement de Pierre lors de l’arrestation de Jésus au jardin des Oliviers. (…) L’étudiant soupira et se plongea dans ses pensées. Souriant toujours, (...)

« Je consigne ici la crainte récurrente qui me prend à la gorge : que l’insignifiant drame que constitue, pour moi seul ou presque, l’horizon de ma mort, ici chanté en contrepoint des tragédies tressées qui embrasent le monde où je me suis inscrit, n’incite à la méprise, au vieux soupçon d’orgueil ; car en effet qui suis-je pour poser mon parcours en poids équivalent aux désordres mortels qui broient tant de mes frères ? car qui suis-je en effet pour oser célébrer ces deux naufrages muets en langue densifiée ? C’est que, tout simplement, je ne me résous pas à finir en laideur, autant aurait valu disparaître plus tôt, bien plus tôt, aux jours sombres où pointe la conscience des choses. »

M. R. - en quatrième de couverture

La vie tranquille de Joe Rose, faite de bonheur conjugal et de certitudes scientifiques, bascule le jour où il est impliqué dans un accident mortel. Parce qu’il se sent coupable, mais surtout parce qu’il fait ainsi la connaissance d’un jeune homme, Jed, qui lui voue sur-le-champ un amour aussi total qu’inexplicable, aussi chaste que dévorant. Car Jed, qui veut guérir Joe de son athéisme, est convaincu que leur rencontre a été voulue par Dieu, et que cet amour est forcément réciproque.

Librairie Galignani

Parus en 1974 dans les revues finlandaises, Archipel [est un] poème en prose issu d’un voyage dans les airs, sur terre et sur mer. Archipel survole le « tissu de prés de bois de champs parallèles ». Les mots, les fragments de phrases sont éparpillés sur la plage comme les îlots de « fin-land suo-mi : terre des marais ». Comme dans toute son œuvre, ici aussi Claude Simon est peintre. Les couleurs, les jeux de lumière, de nuages, le liquide et le végétal sont rendus avec une précision fluide. Sous le ventre de l"avion, c’est tout un monde de feu, de monstres issus des mythologies nordiques.

Josyane Savigneau, Le Monde

Vite, des cabanes, en effet. Pas pour s’isoler, vivre de peu, ou tourner le dos à notre monde abîmé ; mais pour braver ce monde, l’habiter autrement : l’élargir. (note de l’éditeur)

Roman écolo où les héros sont des arbres remarquables. Les neuf personnages secondaires sont tous Américains, d’origines variées, dont le seul point commun semble être, à l’exception d’1, un ancêtre immigré qui a introduit ou accompagné un arbre, réel ou rêvé, dans un environnement nouveau.

Je suis entré en relation avec Jean-Claude Romand, j’ai assisté à son procès. J’ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d’imposture et d’absence. D’imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu’il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d’autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m’a touché de si près et touche, je crois, chacun d’entre nous.

Emmanuel Carrère

Ce premier roman à l’énergie brute charrie la violence et l’innocence, l’âge des possibles et de l’insupportable, la construction des corps et la fracture des rêves dans un flux de conscience époustouflant de spontanéité, d’invention, de vérité.

Note de l’éditeur

« Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs. Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là. »

Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d’éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l’écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.

Gallimard

De passion et de sensualité il est en effet souvent question dans Alexis Zorba, très beau roman signé Nikos Kazantzaki.

En chemin, ce jeune intellectuel fait une rencontre décisive, celle d’un vieux marin à la faconde inimitable : Zorba. Immortalisé au cinéma par le charismatique Antony Queen, notre héros est « un primitif qui fait craquer l’écorce de la vie » comme le dit l’auteur, un jouisseur qui vit tout avec intensité. Mais Zorba est aussi un personnage pétri de paradoxes, tendre et brutal, exalté et amer. Réunis pour une aventure de quelques mois, ces deux hommes que tout oppose, vont se lier d’amitié tout en confrontant leurs visions respectives de la vie. Disciple de Bergson, adepte de la connaissance empirique, l’auteur interroge également ici, la tension entre le désir de vivre et celui d’écrire.

C’était à Paris, en janvier 2015. Comment oublier l’état où nous fûmes, l’escorte des stupéfactions qui, d’un coup, plia nos âmes ? On se regardait incrédules, effrayés, immensément tristes. Ce sont des deuils ou des peines privés qui d’ordinaire font cela, ce pli, mais lorsqu’on est des millions à le ressentir ainsi, il n’y a pas à discuter, on sait d’instinct que c’est cela l’histoire.

(…)

Il y eut un moment, le 7 janvier, où l’on disait : douze morts, et on ne connaissait pas encore les noms ; on aurait pu deviner en y pensant un peu mais on préférait ne pas. Nous sommes encore dans cette suspension du temps, ne sachant pas très bien ce qui est mort en nous et ce qui a survécu dans le pli. Maintenant, un peu de courage, prendre dates c’est aussi entrer dans l’obscurité de cette pièce sanglante et y mettre de l’ordre. Il faut prendre soin de ceux qui restent et enterrer les morts. On n’écrit pas autre chose.

Des tombeaux. (Note de l’éditeur)

C’était à Lagrasse, du 7 au 11 août 2017, pendant le Banquet du livre. Mais de l’autre côté du pont : sous la halle, au cœur du village. Mathieu Riboulet s’y est placé « dans la lumière, le vent, les pierres, le sable et les odeurs d’ici ». Il a dit ces textes, pour entamer des conversations sur l’histoire, soit l’art de nouer l’émotion de l’appartenance à la conscience du monde. Il a dit ces textes, afin que nous n’ayons plus à choisir entre rester ici et rêver d’ailleurs.

[note de l’éditeur]

Très court extrait de l’une des nouvelles du recueil « Tous les feux le feu », pour toucher à l’écriture précise de Julio Cortazar, conteur d’histoires quotidiennes, mais avec l’insertion subtile d’éléments bizarres, dérangeants, qui laisse un goût étrange

On tourne autour de certains écrivains longtemps avant de les lire. Ce que décrit John Fante dans le chapître 8 des « Compagnons de la grappe », je l’ai vécu, dans ma chambre de HLM, au Havre. J’avais 16 ans. C’était avec les livres de Philippe Djian.
Djian, qui me parlait déjà de Fante, de Faulkner, d’Hemingway, de Brautiguan, de Salinger. Fante que je mettrai plus de quarante ans à lire. Misère !

Il aura fallu plus de quarante ans avant de lire vraiment Fante.
J’aimerai, moi aussi écrire comme toi John Fante, ou comme toi, John Irving, ou, je me contenterai d’un joli mélange des deux. ;)

Des fois, on se demande pourquoi on fait certaines choses. Quel sens elles ont ? Pourquoi retaper mot pour mot le chapitre 8 de Fante ? A quoi ça rime ? A quoi ça rime d’écrire ? Est-ce que finalement rien ne rime à rien ? Mais que seul, le plaisir, permet de continuer ? Et là, ce chapitre 8, c’est une partie de plaisir.

VLM

Un beau jour, Tomas sort de chez lui et, poussé par une envie soudaine, décide de poursuivre son chemin. Laissant derrière lui sa femme et sa maison, il renoue avec l’art du vagabondage et se délecte de son effet salutaire sur la pensée. Dans ce récit contemplatif et ciselé, le lecteur est invité à accompagner ce flâneur infatigable à travers la Norvège. Sans obligations ni feuille de route imposée, celui-ci se laisse guider par l’envie et le rythme de ses pas : sa promenade improvisée le conduit au pays de Galles, à Paris, à Istanbul avant de l’entraîner vers les montagnes de la Transylvanie.

(Note de l’éditeur)

« Ce truc t’arrache la lumière des os » To the brink, I am Kloot

Un roman en 67 265 mots

J’étais assis dans la pénombre de la cabine depuis un moment déjà, le tabouret réglé à la bonne hauteur, et je ne me pressais pas d’introduire les pièces dans la machine. Toutes les conditions étaient réunies maintenant, me semblait-il, - pour penser. Il y a quelques minutes, sur le quai de la (...)

Claudie Gallay c’est l’écriture de la lenteur. Agaçante pour certains. Dans ce monde où tout va trop vite, elle nous permet de respirer autrement.

"La beauté des jours’ touche car elle s’ancre sur le quotidien monotone parfois de nos vies. Tout va bien, tout est rangé, organisé, mais qu’en est il vraiment ? Comment laisser surgir ce qui nous habite vraiment ? Au delà des regrets de ce que nous aurions pu être, ce que nous aurions pu faire ? Mais est ce que ça vaut le coup de tout balancer par la fenêtre pour suivre le moindre courant d’air ?

Et ce terreau de l’enfance que nous rejetons parfois violemment ? N’y a t’il pas là une part de notre ancrage qui nous aide contre les vents et les marées ?

Non loin du village de Galveias, dans le sud du Portugal, un étrange objet tombé du ciel s’abat sur un champ, emplissant les lieux d’une insupportable odeur de soufre. Des pluies incessantes succèdent à une chaleur suffocante, le pain et la farine prennent un goût exécrable. Autour du cratère se rassemblent bientôt les habitants, dont la vie et les secrets sont peu à peu dévoilés, soudain mis à nu au contact du mystérieux phénomène agissant tel un révélateur. Sans que sa vieille mère le sache, le facteur a fondé depuis plus de vingt ans une famille en Guinée-Bissau, où il a fait son service militaire ; désireuse de répandre son savoir, la maîtresse d’école voit son établissement saccagé et sa chienne éventrée ; la tenancière du bordel est aussi une habile boulangère brésilienne ; les chiens errent et vivent de drôles d’aventures ; les existences se déroulent et s’entrecroisent, heureuses ou malheureuses, les rancœurs des uns et des autres ressortent, profondément humaines. Dans un style imagé, José Luís Peixoto nous livre un roman qui décrit une réalité froide, tour à tour belle et laide, parfois blessante comme la vie.

c’est un roman initiatique . C’est une critique féroce de la société soviétique . C’est un roman d’amour . C’est une poursuite dans la taïga. c’est ….un bon roman

A toute heure et en tout lieu sa faim l’accompagne, qui se nourrit de rien et grandit en son sein à mesure que lui dépérit. Son destin tient peut-être dans l’eau croupissante d’une modeste mare. Il tombe dessus un soir. voit le rose et l’orange du ciel s’y refléter. Mais c’est un miroir (...)

p. 40 Parfois, quand je suis assise là, elle arrête ses exercices et danse pour moi. Aujourd’hui, elle a commencé par le premier solo de Clara de Casse-noisette. C’est un adorable petit divertissement, rapide et enjoué, et je me souviens comme il avait enchanté les foules à Noël l’année où (...)

La voix de Sid semble provenir d’outre-tombe. C’est toujours à propos de ce qu’attendent les singes. S’il te plaît, Sid. Je ne fais que cumuler les chocs depuis deux semaines. Tu n’as pas une bonne blague pour moi ? ça me botterait, je t’assure. Silence au bout du fil, entrecoupé de (...)

Sur la plage, quelques hommes me sourient, mais mon sourire prudent les maintient à distance. Avec le temps, je me suis découverte apaisée. J’ai renoncé à la voracité des hommes et à mes impatiences, je n’ai plus laissé mes tourments écrire ma vie. (…) Je suis enfin prête pour une histoire (...)

Les romans d’Anne-Marie Garat agissent sur le lecteur comme un envoûtement. La source nous entraine dans une fabuleuse saga historique, presque un siècle entre l’histoire singulière de Lottie, personnage hors du commun liée par le destin à la famille Ardenne autrefois influente, l’histoire du bourg, des habitants et des membres de cette famille. C’est aussi l’histoire de la narratrice venue dans ce village à priori par hasard organiser pour ses étudiants en sociologie des travaux à partir des archives de la mairie. Elle se trouve devoir loger chez Lottie, nonagénaire solitaire habituellement avare en paroles qui lui livre des confidences captivantes tout en prévenant qu’il ne faut surtout pas la croire sur parole. Secret, mensonge, trahison nous conduisent à l’ombre de la Grande Histoire aux quatre coins du monde en particulier dans le Grand Nord canadien. Anne-Marie Garat dans une langue rare, ronde, généreuse faite de grandes phrases enveloppantes nous livre une magistrale réflexion sur la narration, la transmission des histoires, les légendes qui s’installent, leur transformation par ceux qui les racontent et ceux qui les écoutent. Elle nous éblouit de couleurs, de sons, d’odeur, d’émotions. si vous êtes charmés par ce roman foisonnant, n’hésitez pas à poursuivre votre lecture par la trilogie : Dans la main du diable, L’enfant des ténèbres, Pense à demain.

Dans de brefs chapitres, Paola Pigani dépeint avec délicatesse chaque nuance de l’exil. En filigrane, la beauté de la ville, le hasard des rencontres, le goût amer de la nostalgie. Au printemps 1999, Mirko et sa sœur Simona, des Albanais du Kosovo d’une vingtaine d’années, ont fui leur pays déchiré par la guerre. La route de l’exil les a menés quelque temps en Italie, puis dans un centre de transit en Haute-Loire. En 2001 ils décident de tenter leur chance à Lyon. Paola Pigani a grandi en Charente dans une famille d’immigrés italiens. Elle vit aujourd’hui à Lyon où elle partage son temps entre son travail d’éducatrice et l’écriture. Après N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures (Liana Levi 2013, Piccolo 2014), un premier roman très remarqué, récompensé par sept prix littéraires, retraçant l’internement d’une famille manouche au camp des Alliers entre 1940 et 1946, Venus d’ailleurs est son deuxième roman.

Ce n’est pas l’amour. Pas encore. Ou presque trop. Ou plus tout à fait. Pourtant tous les personnages de ce livre se croient amoureux. Alors quoi ? Leurs histoires d’amour ne seraient-elles que des tentatives d’amour ? Passant de l’humour à la gravité, de la confidence à l’outrage, de la pudeur à la sensualité résolue, Arnaud Cathrine revisite, au fil des 10 nouvelles, un motif universel, fluctuant, insaisissable. (4e de couverture)

Les mots qui lui plaisent particulièrement, il les articule à mi-voix à plusieurs reprises, puis il les rumine longuement en silence. Quand Zelda est arrivée, il était en train de mastiquer le mot mégalithe. Elle s’étonne qu’il préfère la lecture de dictionnaires à celle de romans, ingurgiter (...)

C’est un livre étrange que cet accordeur. Étrange dans le sens d’étonnant, de ce mystérieux qui interpelle.

Devant un livre pareil, on ne peut qu’être humble… J’aurai envie de partir dans de grandes envolées pour vous faire partager le plaisir que j’ai eu à le lire, cet engourdissement du temps palpable à la lecture, ces mots qui vous envoutent et la seconde d’après, vous claquent les deux joues en vous laissant pantois, groggy, à bout de souffle, mais toujours aux prises avec l’écriture de Mia Couto. Mais je n’en ferai rien… (commentaires de lecteurs sur Babelio)

Entre conte fantastique et parabole, Mia Couto a signé un roman magnifique, flamboyant, où sa voix de conteur envoûté s’escrime à couvrir le fracas des guerres. Parce qu’« une bonne histoire est une arme plus puissante qu’un fusil ou un couteau ». (L’Express Septembre 2011)

« il est aujourd’hui l’un des auteurs les plus intéressants et les plus importants d’Afrique ». ( Henning Mankell)

D’acier ; Silvia Avalone /Editions « J’ai lu » p. 23 Le monde était encore à venir. Le monde, c’est quand on a quatorze ans. Elles plongeaient dans l’écume des vagues, ensemble, dès qu’un ferry passait et que la peau de la mer se fonçait pour de bon. Depuis quelques années déjà, on parlait (...)

P.12 Après l’histoire des garages, mon père n’avait plus besoin de se lever pour nous faire manger, alors il se mit à écrire des livres. Tout le temps, beaucoup. Il restait assis à son grand bureau devant son papier, il écrivait, riait en écrivant, écrivait ce qui le faisait rire, remplissait (...)

Ce livre sous forme de bandes dessinées (en 2 tomes 1978-1984 et 1984-1985 ) raconte l’histoire vraie d’un enfant blond et de sa famille dans l a Libye de Khadafi et la Syrie d’Hafez al-Assad.

Dans un village africain, une fillette heureuse cajole une chauve souris. Des jeunes garçons rapportent fièrement le cadavre d’un singe ; ainsi débute une série d’événements qui vont toucher les habitants du village, les marchands ambulants, les piroguiers , les soignants et les primatologues en mission.

Frédéric Queloz a dix-sept ans. Son père travaille dans une banque, ses mutations à l’étranger obligent la famille à déménager fréquemment. Après Paris, Oslo, Berlin, les Queloz s’installent à Tel Aviv. le jeune homme apprend une nouvelle langue, l’hébreu. Il s’interroge sur ce pays si particulier qui le renvoie à ses propres problèmes d’identité, de comportement, de communication. Il se cherche, s’égare, rejette sa famille en général et hait son petit frère de dix ans en particulier… Pas facile à suivre, ce livre. La plume est limpide, on ne s’ennuie pas, le récit alterne entre la narration de Frédéric et des tranches de vie passées de ses parents et de sa fratrie. Mais l’adolescent est étrange, dans ses rapports aux mots, à la parole, à l’écrit, aux autres, et il n’est pas toujours aisé de saisir ses divagations, ses obsessions. Une lecture parfois chaotique, un roman difficile à appréhender. J’en suis restée souvent à distance, mais me suis néanmoins fréquemment émerveillée au détour de phrases, d’idées, et la fin m’a beaucoup émue. Une déception, moindre cependant qu’avec ’Prenez l’avion’. J’ai hâte de relire ’J’apprends l’allemand’, qui m’avait tant plu - et je ne me souviens plus pourquoi.

Lien : http://www.canelkiwi.com/archives/2011/09/05/219..

« -Je sais que tu regardes des séries avec tes enfants, que vous avez vu les meilleures. Alors s’il te plaît réfléchis deux minutes. Compare. Regarde ce qui s’écrit et ce qui se filme. Tu ne crois pas que vous avez perdu la bataille ? Il y a longtemps que la littérature s’est fait damer le (...)

Que se passe-t-il quand on tête au biberon à la fois le génie et les névroses d’une famille pas comme les autres, les Boltanski ? Que se passe-t-il quand un grand-père qui se pensait bien français, mais voilà la guerre qui arrive, doit se cacher des siens, chez lui, en plein Paris, dans un « entre-deux », comme un clandestin ? Quel est l’héritage de la peur, mais aussi de l’excentricité, du talent et de la liberté bohème ? Comment transmet-on le secret familial, le noyau d’ombre qui aurait pu tout engloutir ? (note de l’éditeur)

Elle se meut dans un monde gris. Le soleil ne s’est pas encore levé. Elle adore ce monde sans lumière ni obscurité, sans ombres ni couleurs. Rien n’est vraiment visible, et rien n’est vraiment caché, tout est vague et confus. Les murmures de la nuit se sont tus -le souffle du vent, les cris (...)

27 octobre 1949. Le nouvel avion d’Air France, le Constellation, accueille trente-sept passagers. Le lendemain, il disparaît dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. Parmi les passagers, des personnalités – Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, Ginette Neveu, violoniste prodige –, des anonymes – une ouvrière, des bergers basques… A priori, des étrangers les uns pour les autres. Mais si l’on se place d’un certain point de vue, des enchaînements de causes infimes, des liens inattendus et des coïncidences troublantes surgissent, donnent à ce fait divers tragique des allures de destin. (note de l’éditeur)

Mooshum était né neuf mois après la saison de la cueillette des baies, un moment joyeux où les familles se retrouvaient et campaient partout dans les bois. Je suis parti cueillir des baies en compagnie de mon père, racontait toujours Mooshum, et je suis revenu en compagnie de ma mère. Il (...)

Quelle plus terrestre réalité que le chemin ? Partout – montagne, bois, steppes, déserts, plaines — des pistes, des sentiers, des passages. Les bêtes, en leurs déplacements, les hommes — culture des champs, commerce, pérégrinations de tous ordres —, ont inscrit sur la terre les traces de leurs (...)

Alexandre Romanès, né en 1951 est issu de la famille Bouglione. Acrobate, dompteur de fauves, luthiste, il fonde avec sa femme Délia, danseuse tzigane de Roumanie, le cirque Romanès en 1994. Ce premier cirque Tzigane d’Europe est composé de Gitans et accompagné d’un orchestre venu des Balkans. Les rencontres d’Alexandre Romanès avec Jean Genet, Christian Bobin, Lydie Dattas, Jean Grosjean, Yehudi Menuhin l’incitent à apprendre à écrire pour exprimer à son tour ce qu’il ressent et apporter un témoignage sur le monde des gens du voyage. Il devient donc poète et publie plusieurs livres dont Un peuple de promeneurs chez Gallimard. Cet ouvrage mêle anecdotes, fragments de conversations, aphorismes dans un style simple, plein d’humour et profondément humain. Il nous apporte un regard tendre sur le monde des tziganes, un vent de liberté, de la légèreté et une bonne dose de bon sens. J’ai passé un très bon moment à le découvrir.

La dernière chose que Mary et Karl entrevoient de leur mère, c’est la flamme de ses cheveux roux émergeant du biplan qui l’emporte pour toujours aux côtés d’un pilote acrobate … Devenus orphelins, les enfants montent dans un train de marchandises afin de trouver refuge chez leur tante, dans (...)

Cécile Ladjali, romancière de 40 ans enthousiaste, absolue, convaincue comme écrivain et comme professeur de la nécessité de la littérature : "on se construit par les mots." Vrai pour elle comme pour les collégiens de Seine-Saint-Denis ou les jeunes sourds qui sont ses élèves. (France info)

Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d’Aral asséchée. Autarcique, leur amour s’est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l’eau polluée du village, la surdité d’Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s’installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable. S’inspirant, dans ses compositions, de ses “trois fiancées” (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l’“éternelle présence”. Récit de l’enfance sauvage, d’une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l’invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté. Actes Sud 4e de couverture

Un soir, il dépose sur l’assiette de Marie un feuillet avec la première tirade de son rôle. Marie le déplie d’une main fébrile, commence à lire, se réjouit, dit qu’elle veut la suite très vite. Mais quand il lui en donne une suite, elle change d’humeur. Il faut au moins la complicité de tous (...)

Lisières du corps est un livre pénétrant et lumineux d’une grande sobriété et justesse de ton dans lequel Mathieu Riboulet tente de saisir ce que révèlent du désir, de la vie et de la mort, les corps des hommes multiples qui en sont les personnages éphémères, car les corps disent plus que les paroles. Un livre fragmenté en six petits récits très descriptifs où vagabondent les pensées, les souvenirs et les rêveries du narrateur, et où ne s’instaurent quasiment pas de dialogues autres que ceux des regards et des gestes, que ces échanges entre corps regardant et regardé, entre corps touché et touchant. L’or des livres

« La petite Malika, ouvrière dans une usine du port de Tanger, demanda à son voisin Azel, sans travail, de lui montrer ses diplômes. – Et toi, lui dit-il, que veux-tu faire plus tard ? – Partir. – Partir… ce n’est pas un métier ! – Une fois partie, j’aurai un métier. – Partir où ? – Partir n’importe où, là-bas par exemple. – L’Espagne ? – Oui, l’Espagne, França, j’y habite déjà en rêve. – Et tu t’y sens bien ? – Cela dépend des nuits. »

Le roman laisse entendre que « partir » n’est pas la solution. Mais c’est avant tout une métaphore de la condition humaine quand elle est brutalisée par le manque et la misère. Ce livre est le portrait d’une jeunesse marocaine prête à tout pour "brûler"… Brûler ?… Brûler, signifie traverser la Méditerranée, brûler ses papiers, tout ce qui permettrait une identification de leur propriétaire et un renvoi à la case départ. On est loin du Ben Jelloun de l’époque de l’Enfant de Sables ou les Yeux Baissés. Ici, pour plus de réalisme, le ton est sec, presque journalistique, le récit est sans compassion, comme si Ben Jelloun s’était endurci avec le temps. Mais c’est aussi une manière de nous faire rentrer dans la réalité brute de ces jeunes pleins d’espoir confrontés à une situation souvent impossible à dominer. Un livre à lire, comme un témoignage qui nous ferait passer de l’autre côté d’un monde que nous côtoyons tous les jours.

Un petit livre de réflexion intéressant où les différents auteurs prennent appui sur ORWELL pour inviter les lecteurs à se questionner sur le ou les sens qu’ils pourraient donner aujourd’hui aux mots : liberté, vérité, humanité,solidarité….

Après avoir combattu dans les tranchées, Tom revient en Australie et devient gardien de phare sur l’île reculée de Janus. Loin des horreurs de la guerre il s’imprègne de l’océan tumultueux et magnifique ainsi que de la nature sauvage, hostile et tourmentée mais si belle. L’isolement lui pèse jusqu’à son mariage avec Isabel, ensemble ils coulent des jours heureux mais assombris par l’impossibilité d’avoir un enfant. Un jour un bateau échoue avec à son bord, un cadavre et un bébé bien vivant. Pour Isabel c’est un miracle, un cadeau céleste. Elle demande alors à Tom d’ignorer le règlement et de ne pas signaler « l’incident » pour garder l’enfant. Malgré ses scrupules et par amour Tom acceptera mais au fil du temps cette décision se révèlera lourde en conséquences. Ce roman interroge sur les liens du cœur et du sang, le bien, le mal, le mensonge, la vérité Ce roman de belle écriture, aux personnages complexes nous emporte entre empathie, jugement, pardon, passion, sans pathos exagéré.

Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du fardeau de l’humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l’avenir avec sérénité. « Toni Morrison ajoute une nouvelle pierre à l’édifice d’une œuvre […] au sein de laquelle elle ne cesse d’examiner, d’interroger les conflits et les changements culturels de notre époque. Délivrances est incontestablement un nouveau chef-d’œuvre. » Jane Ciabattari, BBC

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, a connu un tel succès. Mais comment est-il devenu un livre culte dans le monde entier ? C’est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l’enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. (Note de l’éditeur)

Vous voyez bien que vous n’avez pas d’humour. Je ne voulais pas vous le dire…Je ne voulais pas vous le dire parce que, tel que je vous connais, je savais que vous ne le trouveriez pas cela drôle, et que cela vous frapperait. Impressionnable comme vous l’êtes ! Même si c’est un transfert, (...)

Sunderson est un flic à la retraite, aimant la beauté majestueuse des arbres et les coins de rivières où les truites brunes tâtent à ces mouches. Trop de contradictions dans sa vie, trop d’alcool, trop de sexe, trop de violence. Tout se mêle et son univers est bousculé par la présence d’une famille infâme, de l’amour qu’il porte encore à son ex-femme. On entend dans l’écriture de Jim Harrison, le chaos de la vie et des pensées pèle mêles qui se bousculent dans nos têtes, l’envie d’être meilleur malgré nos petites lâchetés quotidiennes qui reviennent sans fin.

Le conte rouge Elle était veuve, elle était pauvre. Rien ne poussait devant sa porte.Elle n’avait qu’un fils, mais quel fils ! Beau comme un astre au ciel d’été. Il aidait sa mère chétive, jour après jour, comme il pouvait. Mais ils avaient beau tous les deux labourer leur champ de cailloux, (...)

Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore. « On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports. » Brodeck accepte. Au moins d’essayer. Comme dans ses rapports, donc, puisqu’il ne sait pas s’exprimer autrement. Mais pour cela, prévient-il, il faut que tout le monde soit d’accord, tout le village, tous les hameaux alentour. Brodeck est consciencieux à l’extrême, il ne veut rien cacher de ce qu’il a vu, il veut retrouver la vérité qu’il ne connait pas encore. Même si elle n’est pas bonne à entendre. Note de l’éditeur

Eté 1919 dans une petite ville du Berry un héros de guerre retenu prisonnier dans une caserne , une femme qui attend, un juge parisien aristocrate qui a lui aussi fait la guerre. Trois personnages et au milieu un chien qui détient la clef du drame.

Recueil de trois textes : La femme dauphin, le Père d’Erri (Le ciel dans une étable), derniers moments de la vie d’un vieillard (Une chose très stupide). Reliées par la méditerranée (comme échappée), ces trois histoires le sont aussi par la sensualité qui traverse tout le livre. On y retrouve tous les thèmes de prédilection du romancier : l’innocence de l’enfance, la force de la nature, le langage, la justice, Dieu et l’amour. Erri De Luca y met aussi de lui-même, romancier militant, en marge, comme un invité entre les lignes de ces trois histoires.

Katherine Pancol sait comme personne raconter l’intimité, les soucis et les joies de cette génération de femmes qui a entre quarante et cinquante ans aujourd’hui. Sa narratrice a un problème, puisque, dès qu’on l’aime, elle part en courant. Effrayée, tétanisée. Un père absent, une mère avare de son affection, constituent quelques bribes d’explication à son comportement. Pourtant, un jour, elle sent que, cette fois, c’est différent. Avec cet homme-là, plus mature, plus âgé, elle aimerait se laisser aller. Mais lui, de son côté, est loin d’avoir réglé tous ses problèmes sentimentaux, et la relation avec sa mère « qui était là avant » reste complexe. Un récit pertinent sur notre époque et la difficulté d’aimer. L’EXPRESS

« Il y a dans ses phrases courtes tous les matins du monde » Yann Plougastel - Le Monde Magazine

Pour échapper à un quotidien stressant, un couple trouve refuge au milieu des herbes folles, dans les ruines d’une maison familiale. Lui reconstruit, elle jardine. Et tandis que les blessures du passé surgissent entre les fissures des pierres, chacun se reconquiert, redécouvrant le goût de la vie et le chemin lumineux qui conduit à l’autre …

Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar douloureux du meurtre non élucidé de sa propre petite fille Kushi. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes atroces avec celui tout aussi horrible de trois chinois, va le forcer à affronter la terrible vérité. En Mongolie, pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Dans ce thriller admirablement maîtrisé, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné dans une Mongolie multiple avec ses steppes balayées par les vents de l’Asie Centrale, ses Yourtes blanches, ses traditions ancestrales liées à Gengis Khan, ses marques de l’oppression soviétique et chinoise, ainsi que ses difficultés économiques et sociales actuelles. Nous naviguons des steppes vertes aux bas fonds noirs d’Oulan Bator en compagnie d’un flic cabossé par la vie, de fiers nomades férus de haute technologie, de moines combattants, d’une femme médecin légiste sereine…

Printemps 1505. Michelangelo, bouleversé par la mort d’un moine à la beauté lumineuse part choisir des marbres à Carrare pour le tombeau du pape. Les paysages de marbre et de montagne, la population ouvrière de Carrare l’aideront à renouer avec son passé et à sublimer son art.

Une vieille dame qui se meurt doucement, une jeune femme qui s’éveille à la vie… Entre les deux, le partage d’un voyage France-Italie et longue confidence. Puis le silence. Un secret.

Une ode à l’amour fou où éclate la sensualité de la langue française maniée par une Italienne.

Un petit roman, un petit bijou.

« Écoutez, mes sœurs ! Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Écoutez… le bruit des mères ! Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d’épices, magie et recette se côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! »

Vous avez voulu que je vous parle, je vous ai parlé. L’heure est venue de dire au vent : « Nous te confions nos paroles. Emporte-les comme tu emportes tout, pollen, poussière, feuilles mortes. Si elles ne sont que poussière, qu’elles retournent à la poussière. Si elles sont vivantes, qu’elles (...)

QUI EST VERNON SUBUTEX ?

Une légende urbaine.

Un ange déchu.

Un disparu qui ne cesse de ressurgir.

Le détenteur d’un secret.

Le dernier témoin d’un monde disparu.

L’ultime visage de notre comédie inhumaine.

Notre fantôme à tous.

En racontant tout uniment une journée de flânerie, du matin jusqu’au soir, entre ville et campagne, Robert Walser donne là son texte le plus enjoué, le plus désinvolte et le plus malicieusement élaboré. Note de l’éditeur

Ce deuxième livre d’Emmanuel Darley est obsédant, lancinant comme une musique qui résonne dès les premières lignes. Puis, il nous emporte au-delà du malheur, de l’horreur, dans l’univers d’un homme qui voulait voir la mer. Qui voulait voir sa mère… // Télérama, 5 mars 1997 //

La géographie est au sens premier du terme une écriture de la terre, on ne saurait mieux dire, ça m’écrase d’évidence ; l’immuable géographie de mes livres dessine un pays archaïque, un pays haut, pelu, bourru, violemment doux, ardemment rogue, perdu et retrouvé toujours, quitté et lancinant.

Texte poétique et singulier au sein de l’œuvre que construit Marie-Hélène Lafon depuis une quinzaine d’années. Elle propose ici un paysage intime, écrit à la première personne et par conséquent totalement assumé. Note de l’éditeur

Richard Bohringer signe ici son deuxième roman, comme un prolongement de son somptueux C’est beau une ville la nuit Il se confie à Paulo, le Paulo d’en haut, depuis que celui d’en-bas n’est plus.

Il lui raconte les femmes, la drogue, la boxe, les tournées de son groupe de musique et l’Afrique, belle et insoumise. Comme dans son premier roman, Richard Bohringer se joue de la syntaxe. Il interrompt brutalement ses phrases, laissant le soin au lecteur de combler les vides. Il y a ainsi des silences qui éclaboussent les pages et qui créent des pauses dans le torrent des mots. Comme Richard Bohringer le dit-lui même, il n’est pas un gars de la syntaxe [il est] de la syncope. Du bouleversement ultime. [il se] fout du verbe et de son complément. Faut pas faire le malin avec les mots. Faut les aimer. Ça file du bonheur, les mots.

Oui, assurément, les mots de Bohringer filent du bonheur, mais un bonheur déconcertant, un peu abrupte, parfois proche du précipice. Pourtant, l’ouragan du premier roman semble s’être assagi, et c’est au bord intime d’une rivière au calme apparent qu’il nous invite à écouter sa poésie. Le flot des mots est plus fluide, plus maîtrisé ; la beauté et la violence des images toujours aussi surprenantes. Voir l’Afrique à travers les yeux de Bohringer c’est découvrir une amazone tentatrice et fascinante.

Entre poésie et autobiographie, le récit d’un homme qui se consume.

On marchait ensemble dans les couloirs de la maison de retraite. Mon regard regard s’arrêtait toujours sur les croûtes accrochées aux murs. Leur vie était déjà suffisamment assez dure, je me demandais pourquoi ils infligeaient aux résidents une double peine visuelle. La plupart étaient des (...)

Récit aux allures de monologue intérieure, Cacophonie plonge le lecteur au cœur de la détresse et des pensées d’une femme en butte à la solitude mais aussi aux prisons qu’elle se construit. Y reviennent, lancinantes, la douleur de l’abandon maternel et la difficulté de la quête de soi. Un texte âpre mais lucide et nécessaire sur le monde contemporain, l’Afrique et la construction de soi. Un texte dont les pages vibrent de la violence du cri longtemps contenu mais qui, cependant, n’abandonne pas l’espoir qu’a chacun de trouver, un jour, sa place dans le monde, le « canari où se reposer » Nathalie Carré (4e de couverture)

« Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros. Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas ; les mots nouveaux, la chute de vélo, l’appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu’on fait, l’envie de changer le monde.

Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser. Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant. Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies. Combien valurent les nôtres ? »

Le Quatrième mur embarque le lecteur au cœur du conflit du Liban en 1982/83. En 1974 , à Paris, Georges, un étudiant en histoire militant activiste pro-palestinien casseur de facho et féru de théâtre, fait la connaissance d’un grec juif, Sam, ils se prennent d’amitié malgré leurs différences. Sam a un rêve : monter la pièce Antigone de Anouilh sur la ligne verte qui sépare Beyrouth, avec des acteurs de toutes les nationalités et religions du conflit israélo palestinien. Malade, il demande à Georges de le faire. La troupe se compose d’une palestinienne sunnite, d’un druze, un maronite, un chiite, une catholique. Le jeune homme arrive avec sa belle idée de paix, face à des hommes et des femmes qui se haïssent mais acceptent, sans cesser de l’interroger sur ses motivations et sa connaissance de la guerre. Salon Littéraire

Itinéraire long et fruité, fait de larmes et de rires, de surprises, de pulpes et de baisers, itinéraire rouge d’enthousiasme, fait de générosités, de victoires et de défaites, itinéraires entre la mort et la vie, les secrets chuchotés, les vérités tues, puis dites puis proclamées, long (...)

La forme la plus primitive de toute littérature, c’est le cri inarticulé du premier homme devant un univers mystérieux, incompréhensible. Après, les choses se sont civilisées, mondialisées, compliquées, obscurcies. (4e de couverture)

Pauline est une jeune Hollandaise. Et, comme toutes les filles d’aujourd’hui, elle se pose beaucoup de questions sérieuses ou farfelues. Une fille et un garçon de cultures différentes peuvent-ils s’aimer ? Est-ce possible de comprendre les adultes et d’être compris par eux ? Faut-il toujours faire confiance à ses amis ? Doit-on se méfier des inconnus ? Est-il normal de se confier à une vraie vache qui fait Meuh ? D’écrire de la poésie ? De prier sans être croyante ? D’avoir un père qui se rase le crâne et se balade en robe ? D’éprouver du chagrin quand son grand-père adoré tombe malade ? D’avoir envie de rire dans un cimetière ?

Bien sûr certains détails ont déjà disparu dans l’arrière-fond de la mémoire. Bien sûr la trame de ces minutes continuera à s’effilocher jusqu’au moment où tout basculera dans le noir. Mais tu te souviendras du jour où vous êtes revenus. Tu continueras à faire travailler le souvenir, ce qu’il (...)

Dans le dernier roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, il y a de la musique – d’emblée celle d’une langue lyricomique –, une parole – elle est le plus souvent féroce –, des vers – ceux de Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Racine –, et de la danse – une ronde infernale des corps sur la scène du théâtre des vices. ….d’abord ce titre, un alexandrin emprunté aux Métamorphoses d’Ovide : Si tout n’a pas péri avec mon innocence. La violence de la voix de Kimberly frappe. Sa confession court sur près de 450 pages de tension, de railleries, d’excès mais encore de truculence et de drôlerie. Il n’y a aucune morale dans ce roman d’apprentissage, et c’est l’un des tours de force d’Emmanuel Bayamack-Tam. Mais une loi universelle, qui se vérifie à la toute fin du livre.

Vincent Roy, Le Monde, 11 janvier 2013

Emmanuelle Bayamack-Tam fait montre d’un réel don qui n’est pas que du talent mis en perspective mais bien une grâce offerte par une fée éprise d’absolue et de poésie, de légèreté et de constance, de sensualité et d’humour ; bref, autant de pétales à ne surtout pas arracher en sifflotant une comptine enfantine totalement stupide (je t’aime un peu, beaucoup, etc.) mais à protéger du blizzard compassé de la norme populaire qui prédispose à mettre en lumière l’histoire eu détriment de tout le reste. D’autant que du côté de l’histoire, vous allez être servi ; alors quand le style se met de la partie, c’est l’apothéose, feu d’artifice à tous les étages ! Lire oui, mais avec le plaisir inégalé du style…

J’ai en horreur les stigmatisations et les enfermements dans des genres précis mais à la lecture de ce bijou on se demande tout de même si un homme aurait été capable de cela, comme si certaines démesures ne peuvent être osées que par le talent féminin qui possède une précision spécifique dans la compréhension de certaines choses… et donc dans son rendu. Un livre qui claque dans le silence hypocrite des convenances pour nous rappeler à l’essentiel : le sens de la vie.

François Xavier, Le Huffington Post, 2 février 2013

Le présent volume rassemble toutes les lettres de l’artiste connues à ce jour (plus de 200 sont inédites). Il constitue désormais l’édition de référence de cette correspondance dont André Chastel a pu écrire qu’elle « livre en quelque sorte l’autobiographie du peintre, dans le rythme même du vécu, dont aucun récit ne serait capable de restituer la puissance et la fierté ».

Bienheureuse et riche est votre vie, pleine et complète --- à ce que vous croyez. Jusqu’à ce que quelqu’un arrive et vous fasse comprendre ce que vous avez raté tout ce temps. Tel un miroir qui reflète plus ce qui manque que ce qui est là, il montre les vides de votre âme — les vides que vous avez refusé de voir. Cette personne peut être un amant, un ami ou un maître spirituel. Parfois il peut être un enfant sur lequel veiller. Ce qui compte, c’est de trouver l’âme qui va compléter la vôtre. Tous les prophètes ont donné le même conseil : trouvez celui qui sera votre miroir ! Pour moi ce miroir est Shams de Tabriz. Rûmi

Dans la tradition haïtienne du roman paysan, marquée par le classique de Jacques Roumain "Gouverneurs de la rosée" et plus récemment par "La Belle Amour humaine" où Lyonel Trouillot faisait entendre les voix du village d’Anse-à-Foleur, ce Bain de lune de Yanick Lahens s’impose par sa grande beauté lucide. (Le Point 04.11.2014)

Yanick Lahens a longtemps labouré la terre haïtienne pour faire naître Bain de lune. En Haïti, « vivre et souffrir sont une même chose » nous fait comprendre la narratrice du roman, une inconnue échouée sur une plage. Née le 22 décembre 1953 à Port-au-Prince, Yanick Lahens dépeint ainsi les forces extérieures et intérieures qui sont à l’œuvre dans son pays natal. La beauté des paysages et des gestes, les bains de lune et le chant vaudou, la cruauté d’une existence très dure et d’une politique bien souvent cynique, tout passe par le style direct et tranchant, à la fois empathique et distancé de l’auteur.

Jasper Gwyn , romancier décide de ne plus écrire de roman. Au bout d’un certain temps l’écriture lui manque . Il décide de devenir copiste et une expo de peinture lui donne l’idée de copier des gens . il aménage un atelier pour recevoir ses modèles, soigne la lumière,l’ambiance sonore, le décor et après un premier essai se lance dans cette nouvelle activité et trouve des clients . Les clients reçoivent un écrit qui est leur portrait et qu’ils doivent conserver secret. Le portrait d’une jeune fille va perturber l’auteur ….

Un livre intéressant , belle écriture , sur un sujet plutôt aride ( la création littéraire) , Bariccio s’amuse tout en nous surprenant .

Prologue

Je suis allongée sur la table, nue, la chair généreuse de ma croupe et de mes cuisses épousant la surface lisse et fraîche du chêne. Ce soir, c’est le sommet, la dernière leçon. A la lueur des bougies, j’observe les gestes souples de l’Inglese qui s’active dans les profondeurs obscures de la cuisine, tandis que, dans la nuit d’été, le braiement d’un âne ou le bourdonnement d’un moustique viennent de temps à autre faire écho au remue-ménage de ses casseroles.

Le 10 mai 1940, les troupes nazies d’Hitler envahissent les Pays-Bas. Dès février 1941, à la tête du corps expéditionnaire chargé du pillage, le Reichsleiter Rosenberg se rue à Amsterdam et confisque la bibliothèque de Spinoza conservée dans la maison de Rijnsburg. Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l’idéologue nazi Rosenberg ? L’œuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille ?

Dans la plupart des livres, on sait tout de suite qu’y se passera rien, expliqua Jillsy. Seigneur ! vous le savez bien, non ? Dans d’autres livres, y se passe quelque chose et on sait tout de suite quoi, ce qui fait que c’est pas la peine de les lire. Mais ce livre, il est si tordu qu’on sait qu’y va s’y passer quelque chose, mais on arrive pas à imaginer quoi. Faudrait être tordu soi-même pour imaginer ce qui se passe dans ce livre.

« Les pommes sauvages », le titre est simple, rustique, à l’image de H.D.Thoreau. Et il s’agit bien de cela, d’une histoire de pommes, du goût de Thoreau pour les fruits juteux et nourrissants qu’il cueille lors de ses promenades dans les bois. Fidèle à lui-même, l’auteur de « Walden », ne peut s’empêcher de penser que les pommes sauvages qui poussent en liberté dans des recoins inaccessibles, sont inévitablement meilleures que celles, insipides et dénaturées, que donnent les tristes pommiers greffés par la main de l’homme. (note de l’éditeur)

« Notre voisine de l’entresol a brusquement fait son apparition il y a deux ans, après un long séjour à l’étranger. Un soir, alors que nous nous apprêtions à sortir, nous vîmes par la fenêtre de son logement une personne d’un peu plus d’un mètre de haut juchée sur un escabeau en alu, occupée à laquer de rose les placards de sa cuisine. Bien que l’existence de la naine nous soit perceptible au quotidien d’une façon ou d’une autre, un certain mystère entoure sa situation, en particulier ses nombreuses années passées à l’étranger. Perla assure en tout cas qu’elle n’a jamais fait partie d’une troupe de cirque. Elle travaille à domicile et partage ses vingt-quatre heures entre le conseil conjugal le jour et l’écriture la nuit, n’ayant besoin que de très peu de sommeil. Bien qu’elle fasse allusion à sa clientèle, nous n’observons jamais d’allées et venues aux abords de l’entresol ; à l’entendre, elle se serait spécialisée dans le conseil conjugal en ligne. »

Chaleur, pagaille, désordre, chaos. La première rencontre du Suédois Hans Olofson avec l’Afrique se résume à ces quatre mots. Il est l’homme blanc, présomptueux et angoissé, face à un continent qu’il ne comprend pas. Ecrit en 1990, ce roman de Henning Mankell réunit déjà tous ses thèmes obsessifs : le réalisme social, décliné dans la série policière des Wallander ; le racisme et l’incompréhension entre Noirs et Blancs développés dans ses autres livres. Christine Ferniot - Télérama

Moi je me sens tout drôle de me trouver sur le lieu même, si j’ose dire, de la procréation, en compagnie de mon vieux père et de mon demeuré de frère jumeaux qui est là, juste derrière la vitre. Papa ne croit pas aux coïncidences, du moins pas quand il sagit des évènements primordiaux de (...)

Du rire aux larmes, c’est tout un éventail de son art de conteur que David Lodge nous offre. L’auteur, dans une introduction passionnante, situe ces nouvelles, écrites entre 1966 et 1992, en relation à la fois avec sa vie et avec ses romans. Trois histoires d’hiver et trois histoires d’été, typiquement « lodgiennes ».

Jacques Roumain joue avec les langues française et haïtienne, avec les thèmes de l’amour et de l’engagement politique, avec le rêve et la réalité en fin de compte. Gouverneurs de la rosée est un roman aussi politique qu’onirique.

Chant d’amour, chant de mort, chant de vie, leçon de vie, raison d’aimer. Si je n’étais mesuré et soucieux de ne point troubler la beauté silencieuse de cet admirable texte, je pourrais crier au chef d’œuvre comme d’autres crient au scandale. http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2013/10/08/jacques-roumain-gouverneurs-de-la-rosee-de-la-beaute-a-letat-pur/trackback/

Dans le village de Shadbagh, Abdullah , dix ans, veille sur sa petite soeur Pari, trois ans. Entre les deux enfants, le lien est indéfectible, un amour si fort qu’il leur permet de supporter la mort de leur mère, les absences de leur père en quête désespérée d’un travail et ces jours où la (...)

Juana se traîna sur les rochers du rivage. Son visage n’était qu’une douleur sourde et son flanc la brûlait. Elle se maintint à genoux pendant un moment, sa jupe trempée collant à ses jambes. Elle n’éprouvait aucune colère contre Kino. Il avait dit : « Je suis un homme » et cela signifiait (...)

Un père a donné rendez-vous à ses enfants devenus grands. Trois boules neigeuses postées à chacun des membres de la fratrie. Comme lorsqu’ils étaient gosses et qu’il leur signifiait ainsi son retour « d’escapade ». Et c’est peu dire que la mère en a accumulé, des boules neigeuses. On ne sait pas quand il viendra. Viendra-t-il ? Pour lui, Carole est revenue à la terre de son enfance. Pas le bout du monde, mais le genre d’endroit où, sauf à être enfant du pays, on passe plutôt qu’on ne s’y installe.

À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias. (note de l’éditeur)

Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau. Une provocation. Une invocation. À écrire ce livre, pour toi, mon fils. » Elle était artiste, elle s’appelait Paz. Elle était solaire, inquiète, incroyablement douée. Elle étouffait en Europe. Pour son fils, à qui il doit la vérité sur sa mère, il remonte le fil de leur amour - leur rencontre, les débuts puis l’ascension de Paz dans le monde de l’art, la naissance de l’enfant – et essaie d’élucider les raisons qui ont précipité sa fin.

Grand Prix du Roman de l’Académie Française 2013

C’est dans la trentaine que la vie m’a sauté à la figure. J’ai alors cessé de me prendre pour le roi du monde et je suis devenu un adulte comme les autres, qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il est. J’ai attendu la trentaine pour ne plus avoir à me demander à quoi cela pouvait bien ressembler, la souffrance et le souci, la trentaine pour me mettre, comme tout le monde, à la recherche du bonheur. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je n’ai pas connu de guerre, ni la perte d’un proche, ni de maladie grave, rien. Rien qu’une banale histoire de séparation et de rencontre.

L’avis de Valériane Eulry, libraire :

La passion selon Juette vous entraîne dans un Moyen-âge totalement défait de ses clichés et autres images d’Epinal. Clara Dupont-Monod ne cherche pas à nous peindre un décor pittoresque, mais à se rapprocher au plus près des corps et des pensées. Huit siècles nous séparent et pourtant ces êtres humains sont émotionnellement incroyablement proches de nous, intemporels. Car Juette est une héroïne résolument moderne, féministe bien avant que cette notion voie le jour. Voici une œuvre à même de nourrir une véritable réflexion.

La mère, le père, toujours. Et ce mal de l’enfance, ces trouées, ce néant qui habite, pose les questions de toute une vie. Peu de lumières dans ce livre. On marche dans une forêt obscure et on cherche une clairière pour se reposer, étancher cette soif d’amour et de tendresse, se payer au moins un petit carré de clarté.

Comme une odeur de fumet qui nous titille les narines peut faire saliver au souvenir d’un plat exquis, chaque chapitre de Soulfood Equatoriale évoque un met particulier, un ingrédient caractéristique, des gestes et des ustensiles aussi, des souvenirs de son Cameroun que Léonora Miano ne peut quitter d’une papille… Avocat, gombo, gari, jazz (un pain chargé (sandwich) enrichi d’haricots rouges en sauce…), mwanja, ndole… autant de mot-clés dont la clé gustative nous est livrée par l’auteur, agrémentée de ses souvenirs ou de légendes élégantes. Comme une pause dans la biographie violente de Léonora Miano, Soulfood équatoriale est un véritable enchantement. Par le style d’abord, la plume acerbe, inventive, cinglante, drôle parfois, que Léonora Miano n’abandonne pas. Et puis par la forme des ces digressions culinaires, prétextes à rêveries, souvenirs heureux ou moins, initiation à la richesse peu connue d’une cuisine équatoriale. Dans ses pages, on entend tout, on entend les voix de ceux qui réclament des pains de 10, on entend le doux crissement du gari, le son de celui qui mange goulument sa sauce gombo, le mixer qu’utilise en cachette la belle qui prépare le ndole à son prince. J’ai entendu tout ça et plus encore. Les chapitres de Soulfood équatoriale éveillent les cinq sens, et autour de mets évoquent la faim, la joie, le labeur, la culture et l’identité. J’ai adoré ce petit livre, généreux et sincère. Lien : http://chezlorraine.blogspot.com/2009/06/soulfood-equatoriale.html

Maïssa BEY nous donne à voir ce crime « modeste » somme toute banal, mais qui par une écriture sobre, économe jusqu’à l’épure, confère à cette « saison » dans la vie d’une jeune algérienne, une saisissante force symbolique . Connivence totale avec son personnage. Séquences centrées sur Nadia , sur ce qu’elle entend, voit perçoit de sa place à elle. Roman scandé en pages courtes ou longues dans lesquelles l’essentiel est cerné, restitué en mots. Livre semblable à ces dessins où une ligne dépouillée suggère plus que mille traits extrait de la postface de Claire Etcherelli14

Ultimo est né au début de l’automobile. Son père est tombé amoureux de voitures et Ultimo des routes. Ultimo est parti à la guerre et a survécu à la retraite de Caporetto. Ultimo a vécu aux Etats Uni où il a rencontré Elizaveta. Ils se sont perdus ont tenté de se retrouver. Ultimo veut remettre de l’ordre dans le monde en construisant le circuit automobile idéal. Alessandro Barricco nous raconte la vie d’Ultimo en utilisant plusieurs narrateurs, s’autorisant parfois à jongler avec la chronologie, avec la légèreté et la profondeur, le futile et le philosophique, nous donnant un roman à la fois vif et prenant et source de réflexion.

Un grotesque sublime (par Virginie Brinker) : La citation en exergue de Sony Labou Tansi donne le ton : « J’ai fouetté / Tous les mots / A cause de leurs silences ». Le discrédit jeté sur la langue se poursuit dès le chapitre liminaire : « Za ne mérite pas de glisser mots et merveilles sur ma langue râpeuse[2] ». Dans ce chapitre, le narrateur, Za/Je, nous expose ses « dires ». L’écriture se fait oralité et l’ingéniosité linguistique dont fait preuve l’auteur trouve une cruelle explication. […] Cet oubli du soi originel, de sa culture – en un mot cette perte de l’identité propre- est peut-être l’une des clés d’interprétation du titre, Za – déformation-mutilation-difformité de « Je » – revenant de façon anaphorique et tout à fait prégnante dans l’ensemble de l’œuvre.

« Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d’entendre ma mère dire Qu’est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J’étais déjà loin, je n’appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j’ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l’odeur de colza, très forte à ce moment de l’année. Toute la nuit fut consacrée à l’élaboration de ma nouvelle vie loin d’ici. » En vérité, l’insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n’a été que seconde. Car avant de m’insurger contre le monde de mon enfance, c’est le monde de mon enfance qui s’est insurgé contre moi. Très vite j’ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

Édouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu : l’insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman.

Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour. Note de l’éditeur

Le livre s’ouvre sur une phrase d’Antonioni : « Le bonheur ne produit pas d’histoires. » Et s’achève par un éloge de la flâ-nerie, « légère, désinvolte et inutile ». On baguenaude ainsi à travers ce récit au charme discret, dont l’emprise se fait de plus en plus puissante, on vagabonde, on picore de chapitre en chapitre, le plus souvent très courts. Fabio Viscogliosi excelle dans la miniature, dont il cisèle tous les détails, chaque étape formant une sorte de petit chef-d’œuvre, du titre à la chute. Apparemment, on y parle de tout et de rien. Bribes de souvenirs, ébauches de portraits, esquisses de récits, références éclectiques, musique, peinture, cinéma, Calet, Villon, Magritte, Picasso, Snoopy, Buster Keaton, comme autant de compagnons de voyage. On savoure la malice, la distance, l’intelligence de ces croquis.

Sous l’apparent coq-à-l’âne se dissimule pourtant une subtile construction, un mot, un son, un écho résonnent d’un chapitre à l’autre, le goût de l’un appelant celui de l’autre, comme on pioche dans une boîte de chocolats sans pouvoir s’arrêter. Le lecteur, peu à peu, relie les pointillés et le tableau se dessine, pudique, vibrant, pétillant. Empreint d’une douce mélancolie. Des souvenirs d’enfance, les plus nombreux, émerge la figure du père, plombier d’origine italienne, brutalement disparu, avec sa femme, dans un accident. Autoportrait en creux, superbement composé, ce très beau premier roman raconte ainsi, à sa manière très personnelle, une histoire entre chien et loup, où bonheur et douleur se poursuivent et se cognent, inextricablement mêlés. La vie, tout simplement.

En savoir plus sur http://www.telerama.fr/livres/je-suis-pour-tout-ce-qui-aide-a-traverser-la-nuit,54724.php#KKXxQLqMaKdy8s5f.99

Le cimetière occupe l’extrémité de ce déroulement de crêtes (…) On ne distingue pas bien ce qui est tombe et ce qui ne l’est pas. Les plus anciennes sépultures ont été creusées à même la terre, et l’on a planté là une stèle grossière de basalte. L’inscription des noms est à peu près effacée (...)

C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi. Commence alors une dérive qui l’amènera à servir les textes – et les morts – de manières inattendues, à confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les projets d’exil. Note de l’éditeur.

Un roman d’une écriture toujours aussi plaisante. Des phrases courtes pour poser la réflexion, pour donner une intensité. Toujours donc les mots choisis, les mots justes, l’économie pour la véracité, un impact. Une tempête s’installe dans ce roman, une tempête réelle par le climat mais aussi une tempête des souvenirs, des mots, des sentiments, de l’amour. Léa cherche des vérités qui lui permettront de donner un certain poids à son existence, sa mère doit se délester d’un poids. Bruno aime Léa, comment le lui dire comment la garder… Babelio

Patrick Chamoiseau propose dans ce texte une histoire multiple, celle de la recherche de la liberté entreprise par un vieil esclave, mais aussi celle de l’affranchissement d’un imaginaire par l’action de la parole poétique. L’auteur martiniquais choisit pour cela une forme brève qui diversifie son œuvre, sans pour autant trahir son style et sa pensée.

…« il s’agit moins de saisir que d’être saisi. Par le souffle, la luxuriance, et la solennité enjouée d’une écriture qui mêle en virtuose le français, le créole et autres parlures. S’y ajoute un »entre-dire« de Glissant. » Par Jean-Pierre Tison (Lire) (Lire), publié le 01/06/1997

"Loin d’eux est un pur acte de douleur et de littérature, Laurent Mauvignier tient ces six voix comme une seule, il donne la parole à chacun, chacun en use pour lui-même, parfois contre l’autre, une parole reconnaissable et pourtant chaque fois la même : cette écriture maîtrisée par l’auteur qui donne sans les écraser à ceux qui se taisent le moyen de dire, sans dénaturer leur malaise, sans que cette justesse d’expression cache toute l’impossibilité de parler. Au contraire, c’est dans la simplicité du ton, cette fausse oralité reconstituée, la discrétion des moyens littéraires disponibles, que Laurent Mauvignier invente ce registre de l’inconsolable, de la résignation désemparée, de la colère blanche, de la désespérance pétrifiée.

Tous ces mots tus, ces lèvres blanches tendues dans le silence, les ultrasons et les infrasons du langage articulé, Laurent Mauvignier a su les dire un à un, les réanimer sans forcer leur sens, les laisser se réchauffer côte à côté, pour dire cette douleur indicible, sans garantie de consolation". Jean-Baptiste Harang, LIBERATION

« Comment dire le silence en littérature ? Comment exprimer cette impossibilité à parler qui tue plus sûrement qu’une arme ? Comment faire sentir avec des mots écrits, des phrases ordinaires, les tourments intérieurs de ceux qui, justement, ne trouvent pas les mots ? Il fallait à Laurent Mauvignier, auteur de ce bouleversant premier roman, autant de sensibilité que de maîtrise stylistique pour écrire l’indicible douleur du silence et le vide de la solitude. […] Rarement le monologue intérieur – si magistralement employé par Joyce dans Ulysse – avait à ce point trouvé sa légitimité littéraire ». Michèle Gazier, TÉLÉRAMA

Bill et Arlène Miller formaient un couple heureux. Mais ils avaient parfois l’impression d’être passés à côté de quelque chose, qu’eux seuls avaient manqué, parmi leurs relations et amis. C’était comme s’ils avaient raté le coche ; Bill demeurait rivé à ses devoirs de comptable, Arlène à ses (...)

Tu vois ? Tu as raison. A minha màe aussi .Je suis devenue la sauvagerie incarnée mais je suis aussi Florens. Pleinement. Impardonnable. Qui ne pardonne pas. Pas de pitié mon amour. Aucune. Tu m’entends ? Esclave. Libre. Je dure.

« Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos. Je pensais que cela passerait, mais non. J’ai tout essayé… J’ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal. Ma vie a commencé à partir dans tous les sens. J’ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants. Je ne savais plus que faire pour aller mieux… Et puis, j’ai fini par comprendre. »

De loin, il a deviné le campement, à cause des fumées, des chevauchées alentour. Il est de plus en plus tranquille. Sa respiration ralentit. Il a attaché son cheval dans la forêt de pins. C’est à pied qu’il progresse, c’est cela le meilleur, il rampe comme les chasseurs de jadis. Comme son (...)

26 mai Les hommes qui ressentent douloureusement la fuite du temps ne supportent pas la sédentarité. En mouvement, ils s’apaisent. Le défilement de l’espace leur donne l’illusion du ralentissement du temps, leur vie prend l’allure d’une danse de Saint-Guy. Ils s’agitent. L’alternative (...)

Morro Bay : une obsession nourrie depuis des années par la chanson de Lloyd Cole. La Californie : le pays mythique qui a marqué une génération.

« Et rester vivant » raconte ce voyage initiatique. Entre fous rires et douleur. Découvertes, rencontres et retours sur le passé. Pour la première fois, Jean-Philippe Blondel se raconte. On retrouve sa douceur ; on découvre son incroyable capacité de résistance. Et ce texte, qui fait définitivement le deuil, rend surtout un véritable hommage à la vie.

Le roman se lit d’une traite, on est comme pris dans un cyclone qui ne nous lâche pas avant les dernières lignes.

Posté dans littérature française, romans contemporains par Eliza

Le destin bouleversant d’une femme qui, face aux coups du sort, tente de survivre. À la fois drame psychologique, roman social, road movie, suspense obsédant et peinture sans concession d’une Amérique aux multiples facettes : tout le talent de Douglas Kennedy pour son roman le plus ambitieux à ce jour.

Un monde : lugubre, mécanique et brutal. Dans ce monde, une maison - plongée un mois par an dans l’obscurité la plus totale. Dans cette maison, un narrateur - un écrivain. Il vit là, dans ces limbes étranges et sombres, reclus avec sa mère (silencieuse, immergée dans une immense douleur dont on ne connaîtra pas la cause), une jeune esclave dévouée, et une foule de chats. Il vit aussi avec la femme qu’il aime - à ceci près que cette femme n’existe pas : elle est en réalité l’héroïne du roman qu’il est en train d’écrire tout en luttant contre l’obscurité qui, chaque jour, gagne du terrain sur cette maison hors du temps. Entre les ombres d’une violence indicible, la fièvre de l’écriture et les lumières de l’amour désincarné, la frontière entre la création et la réalité s’estompe. Survient un ami voyageur, innocent radieux mais aussi porteur de récits chargés d’effroi et d’horreur, annonciateurs de désastre : la barbarie, l’agonie du monde… Livre hors norme, objet littéraire non identifié, joyau ténébreux d’un véritable surdoué de la langue, Une maison dans l’obscurité est une fable onirique et fabuleuse, inquiétante et incantatoire - le roman inouï et hypnotique d’un « voyant » de la littérature.

Ils se sont dressés comme des hommes. On les a vus. Comme des hommes ils se sont mis debout. Comme la plupart des terres, Géorgie, celle-ci comportait une multitude d’avertissements effroyables. Les menaces étaient accrochées à des clôtures en treillis retenues par un pieu tous les quinze (...)

Vengeance, folie, pauvreté – ce recueil est une invitation au voyage dans les grands espaces sauvages de l’Amérique profonde et de ses rares habitants.Annie Proulx transporte son lecteur dans un milieu de petits chasseurs et de fermiers, et porte sur ses personnages, violents et mal dégrossis, un regard à la fois acide, amusé et moqueur. Et l’atmosphère y est bien sûr incomparable. L’auteur maîtrise de manière peu commune l’art de faire sentir les climats menaçants, les orages qui couvent et les rapports entre les personnages – faits de haine, de jalousies et de rancœurs…Dans la bouche des personnages ou dans la description de ces paysages somptueux, les mots se heurtent et jouent les uns contre les autres, donnant aux nouvelles un ton à la fois dépaysant et réjouissant.

Henry David Thoreau (1817 - 1906) quitte à vingt-huit ans sa ville natale pour aller vivre seul dans une forêt, près du lac Walden. Installé dans une cabane de 1845 à 1847, il ne marche pas moins de quatre heure par jour… Pour cet auteur, farouchement épris de liberté, c’est bien dans la vie sauvage - sans contrainte - que réside la philosophie. par cet éloge de la marche, exercice salutaire et libérateur, Thoreau fait l’apologie de la valeur suprême de l’individu.

Coup de cœur pour ce puissant roman court. La fabrique du monde c’est la Chine qui produit des vêtements à bas coûts pour toute la planète. Mei a dix-sept ans et est ouvrière dans l’une de ces usines esclavagistes qui travaillent le textile. […] Ce roman est d’une beauté sidérante tant par l’écriture que par le personnage lumineux de Mei. L’auteur possède une puissance narrative étonnante. En quelques mots, elle touche au cœur. Impossible de lâcher le livre, il se lit d’un trait (il est court). Il ne s’agit pas d’un récit social, et pourtant les conditions de vie de ces ouvrières « enchainées » à leur machine bouleversent totalement. Il ne s’agit pas d’un roman érotique, et pourtant la sensualité de Mei parle à nos sens. La fabrique du monde touche à l’essentiel : la vie, la mort, l’amour. Réussite totale !!

Les romans d’Arnaud Cathrine composent, peu à peu, un puzzle subtil et passionnant, chaque nouveau texte venant apporter une pierre à l’édifice, la recherche inlassable d’une vérité intime, d’une liberté de soi que seule l’écriture permet d’approcher et d’imposer, quelles qu’en soient les conséquences. Il ose ainsi, livre après livre, une sorte d’autoportrait crypté, les masques de la fiction servant à faire tomber, un à un, ceux de la vie réelle. Télérama

Ode à Marseille, à son port, et à ses habitants venus des différents pays bordant la Méditerranée, Les Marins perdus est également le témoignage de ses marins qui se retrouvent à quai, dans un pays qu’ils ne connaissent pas et qui sont prisonniers sur leur navire par la faute d’un armateur indélicat. Izzo décrit avec sensibilité les moments de doute, de tourments, de retours sur leur passé, de trois hommes obligés à vivre en communauté, mais dans une communauté qui n’est plus celle de la navigation. L’amitié qu’ils se vouaient se transforme peu à peu à cause de l’éloignement du pays natal et de leurs racines, familiales principalement. De petits instants de bonheur enchâssés dans de grands moments de solitude, de tristesse, d’espérance gâchée. Les lectures de l’oncle Paul

Depuis la mort de Nathan, ce frère qu’elle a tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa propre vie. « Vu de loin on ne voit rien », disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là « si parfaite ». Ainsi, Sarah décide de laisser, en banlieue parisienne, sa vie trop formatée, son mari « si parfait » et ses deux enfants. Le cœur en cavale, elle s’enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises.

Pour l’ensemble des raisons, privées et publiques, que je viens de citer, et pour d’autres que je développerai ultérieurement, j’ai décidé de m’engager dans la tâche mégalomaniaque et sans doute impossible de réfuter point par point votre philosophie. Et à qui d’autre que vous pourrais-je (...)

Prix Goncourt des Lycéens 2005

Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, le deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Leur village portait un joli nom de jardin. Giverny. La première habitait dans un grand moulin au bord d’un ruisseau, sur le chemin du Roy ; la deuxième occupait un (...)

C’était une matinée où le soleil brillait dans un ciel parsemé de nuages légers comme de l’écume. Liesel se tenait dans la bibliothèque du maire, les doigts vibrants de désir. Elle était suffisamment en confiance, cette fois, pour promener ses doigts le long des rayonnages – une brève (...)

Ce matin, j’ai fait mon travail. Lui, immobile, restait dans un éveil profond ou un profond sommeil. Je me suis occupée du petit, je lui ai donné à manger et, comme il s’est assoupi de nouveau, je l’ai étendu sur le lit. Le baquet était encore au pied du fourneau et je me suis rappelée le bain (...)

A force de fuir d’un endroit à l’autre, de lisière en lisière, ne finit-on pas par vivre aux lisières de sa propre existence ? C’est la question qui tourmente le narrateur du roman d’Olivier Adam. Paul a 40 ans. Et le sentiment d’avoir enfin trouvé sa place dans le monde, ici, au bord de l’Atlantique, dans une Bretagne qu’il a gagnée comme on gagne le gros lot. Sauf que voilà : Paul vient d’être expulsé de ce nouveau monde par la femme qu’il aime. Sarah l’a quitté. Définitivement. Et même pas pour un autre homme. Sarah en a marre de Paul. Elle restera dans la maison du Finistère avec ses deux enfants, Clément et Manon. En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/francois-busnel-a-lu-les-lisieres-par-olivier-adam_1151393.html#JoEir3a2brtrLukX.99

La romancière, qui signe ici son premier texte, se dévoile, mais avec grâce, pudeur. Elle opère surtout une mise à nu de ses souvenirs éparpillés dans le temps et l’espace. Dans un va-et-vient entre le Vietnam et le Québec, entre les gens de là-bas et les gens d’ici, elle fouille sa mémoire, touche les empreintes d’une histoire commune comme on effleure tendrement des cicatrices sur une peau, couche des images, des sensations, se contente d’une courte page, puis d’une autre, pour dire l’essentiel - éclats de vie ou de diamant. […] Trente ans après avoir quitté le Vietnam, Kim Thuy a franchi l’impensable. Elle s’est habillée de mots. A fait sienne la langue française. S’est mise au centre d’un récit et nous raconte mille vies.

Martine Laval - Telerama n° 3130

« LesGensDe », collection inédite dans le paysage éditorial français, associe la photographie et le genre littéraire de la nouvelle. Mêlant subtilement la réalité et la fiction, les ouvrages de la collection « LesGensDe » sont de beaux livres d’histoires qui racontent des lieux et des gens. Chaque livre est l’œuvre commune d’un photographe et d’un écrivain. Partis ensemble à la découverte d’autres traditions, ils se sont nourris de rencontres, de différences, de vie et de légendes.

Tamberma est le premier l’ouvrage de la collection « LesGensDe ». Le photographe Yves Regaldi et l’écrivain Philippe Aubert de Molay sont partis ensemble pendant un mois à la découverte du Togo et du Pays Tamberma. Composée de 55 nouvelles et 90 photographies, Tamberma est une œuvre commune pour raconter leur voyage par deux visions, deux arts.

Parce qu’elle était sans nouvelles de Gyl, qu’elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s’interroge sur cet homme qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal.

A la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu’elle a laissée à Paris. (…) Babelio

Tout à disparu, s’est effacé à son insu. Elle n’a pas vu passer le temps, en elle demeurent l’enfant qu’elle fut, intacte dans ses questions, ses joies, ses effrois et ses rêves, l’adolescente meurtrie par un deuil consumé de jalousie et d’espoir, la jeune femme en errance et celle en grand (...)

"Au début de l’été, Serge July m’a demandé si j’envisageais dans les choses possibles d’écrire pour Libération une chronique régulière. J’ai hésité, la perspective d’une chronique régulière m’effrayait un peu et puis je me suis dit que je pouvais toujours essayer. Nous nous sommes rencontrés. Il m’a dit ce qu’il souhaitait, c’était une chronique qui ne traiterait pas de l’actualité ou autre, mais d’une sorte d’actualité parallèle à celle-ci, d’événements qui m’auraient intéressée et qui n’auraient pas forcément été retenus par l’information d’usage." Marguerite Duras

Une femme emmène ses 2 enfants pour quelques jours au bord de la mer. Elle veut que ce soit une fête pour eux, mais, comme souvent pour elle, rien ne se passe comme elle le souhaiterait malgré ses efforts…

Roman écrit à la première personne, dans une langue âpre, empreinte de poésie, de tendresse et de révolte, entrant ainsi dans l’intimité d’une femme angoissée et paumée qui souhaite donner de la joie à ses enfants malgré ses problèmes. On voit le monde à travers ses yeux, ses angoisses, sa poésie et ses jugements. On en sort perturbé : où est la normalité et quelle place laisse-t-on aux gens hors norme ?

Seize nouvelles dont les protagonistes habitent où sont reliés à un vieil immeuble dont Conchita est la concierge. Des fragments de vie déclinant diverses situations et sentiments. Des rencontres se font mais souvent on se retrouve seul. Situations banales décrites avec légèreté et acuité mais aussi d’affection pour les personnages ce qui donne une vraie émotion au livre .

Une romancière de 30ans et une octogénaire se trouvent momentanément être voisines dans la campagne norvégienne . Petit à petit elles vont se rencontrer ,s’apprivoiser et se raconter. Avec extrêmement de pudeur elles se diront pourtant des choses quelle n’ont jamais dites à personne et elles se réapprendront mutuellement le gout de la vie . Roman écrit à 3 voix : le narrateur nous raconte leurs rencontres , Astrid et Véronica se confient à la première personne. .

Un roman léger n’est pas un roman futile et choisir d’embrasser la quotidienneté n’empêche pas de déployer une réflexion souterraine, sur des questions aussi profondes que la quête identitaire, le poids des traditions, les haines ancestrales entre subsahariens et caribéens. Ici, la politique vient se nicher jusque dans les cheveux des héroïnes tandis que l’encombrante icône de la mère africaine poteau-mitan du nom du pilier qui soutient les maisons porte son ombre sur leurs vies amoureuses. Roman éclaté, Blues pour Élise bruit de cette multi-appartenance : créolismes et anglicismes pimentent le texte français ; des phrases suaves, saisissantes de poésie côtoient de réjouissants intermèdes téléphoniques en camfranglais, un argot hybride brassant anglais, français et dialectes camerounais : « Allô Asso ! Oui c’est moi Bijou…C’est how ? Quoi ? Tu es ngué ? Pardon, excuse les gens. Moi même je suis complètement foirée » etc. Une langue orale, vigoureuse et salée ; à mille lieues de l’extrême sophistication littéraire du précédent roman, Tels des astres éteints, mais qui vise le même but : montrer comment les courants historiques, politiques, culturels modèlent l’existence des individus jusque dans les aspects les plus triviaux de leur vie quotidienne. (extrait du Magazine Littéraire 22.12.2010)

Pourquoi, bon Dieu, désire-t-on une autre femme que la sienne, toute sa vie, sans pour autant faire le geste qui unirait la vie à son aspiration ? Tu vois d’ici l’existence chrétienne que j’ai pu mener, mon amie ; on ne doit certes pas convoiter la femme de son prochain, mais ce qui me frappe, (...)

C’est un livre étrange au premier abord. Comme la mer, il se mérite et s’apprivoise. Le premier contact est houleux. L’écriture suit une lente ondulation et les expressions se répètent inlassablement. Sur la crête des vagues, la richesse du style et le goût râpeux du sel donnent la nausée. On croit qu’on n’en sortira jamais et on regrette d’avoir acheté un billet. Puis finalement on s’habitue et on commence à comprendre. On commence à comprendre la folie de réunir ces personnages dans la pension Almayer. Entre ce peintre cherchant à saisir le portrait de la mer, ne traçant sur la toile que des lignes invisibles d’eau salée, cette petite fille trop sensible que la moindre émotion risque de tuer, ce scientifique naturaliste collectionnant les lettres d’amour pour la femme de sa vie en attendant de la rencontrer et tant d’autres portraits de personnages improbables que seule la perfection du hasard ou la volonté du démiurge peut réunir le temps d’un roman. On commence à comprendre que derrière cette poésie rimant la fantaisie la réalité revient à la vitesse d’un cheval au galop. L’histoire avec un grand H de ce bateau échoué au large de la Mauritanie, la tragédie d’un radeau symbole du désespoir et de la déchéance immortalisé par Géricault. Contrepoint du chef d’œuvre pictural, le roman gratte couche après couche le drame dans sa crudité la plus absolue. On commence à comprendre que le personnage principal de l’histoire ne se cache pas derrière les portraits improbables des protagonistes, que ce n’est pas le drame de la méduse, ni même la mystérieuse pension Almayer ou l’inconnu dans la septième chambre. Non le véritable personnage du roman, c’est l’Océan mer du titre. La dernière page tournée, on se sent de nouveau mal à l’aise, une vague de nostalgie venue de nulle part nous emporte. Mystérieusement atteint par le mal des marins de retour sur la terre ferme, on rêvasse à la beauté du verbe à la saveur des mots au goût salé du style persistant dans la gorge. (commentaire extrait de Babelio)

Rares sont les noms d’auteurs déjà disparus qui apparaissent ici. Julien Gracq (1910-2007), s’il fut l’un des premiers écrivains publiés dans La Pléiade de son vivant, n’est plus. Notons aussi qu’il refusa le Prix Goncourt qui lui fut attribué contre sa volonté en 1951 pour le Rivage des Syrtes. Suite à un extrait de Liberté Grande (prose poétique) déjà publié ici, voici quelques unes de ses phrases amples comme les marées, sur lesquelles débutent l’histoire du Beau Ténébreux.

« À travers l’écriture, je m’approche du moi-même d’il y a cinquante ans, pour un jubilé personnel. L’âge de dix ans ne m’a pas porté à écrire, jusqu’à aujourd‘hui. Il n’a pas la foule intérieure de l’enfance ni la découverte physique du corps adolescent. À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l’extérieur en adultes présumés, mais à l’étroit dans une taille de souliers plus petite. »

Erri De Luca nous offre ici un puissant récit d’initiation où les problématiques de la langue, de la justice, de l’engagement se cristallisent à travers sa plume. Arrivé à l’« âge d’archive », il parvient à saisir avec justesse et nuances la mue de l’enfance, et ainsi explorer au plus profond ce passage fondateur de toute une vie.

Le roman s’ouvre sur l’uppercut qu’encaisse Alix Thézé lorsqu’elle apprend que son demi-frère, Alban Joseph, s’est converti à l’islam. Dans la même seconde, une image brutale submerge sa mémoire : celle d’Alban, encore adolescent, à l’Europa-Park, devenu soudainement un autre sous ses yeux. Note de l’éditeur

Galerie de portraits savoureux, divertissement philosophique sur le ton de Diderot, exercice d’autodérision plein d’humour et d’émerveillement, ’Immortelle randonnée’ se classe parmi les grands récits de voyage littéraires. On y retrouvera l’élégance du style de l’auteur du Grand Cœur et l’acuité de regard d’un homme engagé, porté par le goût des autres et de l’ailleurs.

(4e de couverture)

Ce roman reprend l’un des poncifs les plus usés du cinéma de genre, l’histoire d’un hold-up raté - le casse manqué d’un casino. Viel ne se prive pas de jouer avec les codes narratifs et n’évite aucune des scènes les plus attendues : les retrouvailles à la sortie de prison, la préparation minutieuse du plan, le casse du casino avec évasion du magot par la voie des airs au moyen d’une montgolfière téléguidée, le partage du butin, l’arrestation, les trahisons, la vengeance… Jamais pourtant le roman ne se défait de son absolue singularité. France Culture

A travers ce portrait d’un homme que le terrifiant mélange du social et de l’intime a, de l’enfance au plongeon dans le vide, transformé en plaie ouverte au point de le contraindre, pour être lui-même, à devenir tous les autres sur la scène comme dans la vie, Lyonel Trouillot, dans cette nouvelle et bouleversante « chanson du mal-aimé », rend hommage à l’humanité du désespoir, à l’échec des mots qui voudraient le dire mais qui, même dans la langue du Poète, ne parviennent jamais à combler la faille qui sépare la lettre de la réalité de la vie. (Quatrième de couverture)

’Je l’ai mis dans un trou. Ça me semblait un bon début, une façon prometteuse de mettre les choses en train. Mettre un homme endormi dans un trou et voir se qui se passe quand il se réveille et tente d’en sortir. Je parle d’un grand trou dans le sol, profond de près de trois mètres, creusé de (...)

Hélène Lenoir nous plonge dans la conscience de ces personnages, leurs errances, leurs questionnements… L’entracte regroupe cinq nouvelles mettant en scène des êtres qui vivent une relation amoureuse depuis des années. Ils sont pris entre leur désir de mettre un terme à cette relation, de fuir et celui de rester.

« Drôle de numéro : 1075 est un jeune homme sans nom, un plouc analphabète - ce qui est l’idéal pour les pauvres types de son espèce, nés en périphérie de la ville, dans une de ces »campagnes en décomposition« , qui servent de vivier au tyran. Ce dernier, baptisé »Le Grand« , a trouvé un moyen pour maintenir la dictature : interdire à ses sujets le libre accès aux livres. L’apprentissage de la lecture devient tabou. » Le Monde Livres

Née en 1974, Camilla Läckberg est l’auteur d’une série de romans policiers – tous parus ou à paraître chez Actes Sud – mettant en scène le personnage d’Erica Falck et de son compagnon le commissaire Patrik Hedström. L’intrigue se situe toujours à Fjällbacka, ancien port de pêche de la côte ouest en Suède, reconverti en station balnéaire, qui sous des apparences tranquilles cache de sordides relations humaines. note de l’éditeur

Suong attendit un long moment, puis descendit en silence. Cette nuit-là, Hung dormit seul à l’étage. Il dit à Suong qu’elle était enceinte, u’il ne voulait pas que leurs ébats tumultueux gênent le développement du foetus. Il s’assit, silencieux, dans les ténèbres. Silencieux, il mesura sa (...)

L’odeur âcre, violente, s’insinuait dans chaque espace libre de mon corps, me piquait le nez et la gorge, assaillait mon cerveau englué de sommeil de ses rafales hargneuses. Je refusais de me réveiller. Je voulais dormir jusqu’au bout de la nuit et, tant qu’à faire, jusqu’au bout du (...)

"J’ai toujours aimé les récits en boucle.C’est ainsi que les écrivains, qui ne sont pas plus grands que le reste du monde, suggèrent l’éternité.Si un récit finit comme il a commencé, c’est parce qu’il ne finit jamais. Mais toi et moi, et les Flaubert, et les Joyce, et les Dostoïevski, savons (...)

Il faut regarder toute la vie avec des yeux d’enfants

Méditer, revenir à soi, à la nécessité de la réflexion, à la lenteur et à la rumination : accepter le voyage intérieur au plus profond de nous pour mieux ressurgir, libérés des peurs afin de regarder sereinement la vie. Ecrit à la manière d’une longue promenade le long d’un fleuve, le livre se compose de formes brèves : journal, pensées, aphorismes, paraboles, fragments de récits. Felwine Sarr, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger à Saint-Louis du Sénégal, nous offre cet exercice salutaire de ces Méditations Africaines pour trouver la lumière.

Ancien chirurgien du cœur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une “équipe”. Comme autour d’une table d’opération – mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre “accompagnateurs” choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho. Dans le geste ambitieux d’ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d’invisibles liens autour d’indicibles pertes acquiert, dans l’être ensemble, l’élan qu’il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d’autres vies, l’ex-docteur Lassalle va trouver un chemin. Jeanne Benameur bâtit un édifice à la vie à la mort, un roman qui affirme un engagement farouche. Dans un monde où la complexité perd du terrain au bénéfice du manichéisme, elle investit l’inépuisable et passionnant territoire du doute. Contre une galopante toute-puissance du dogme, Profanes fait le choix déterminé de la seule foi qui vaille : celle de l’homme en l’homme.

« Ce qui n’aurait pu, ce qui n’aurait dû être qu’une histoire crépusculaire devient par la grâce de l’écriture de la romancière une lumineuse leçon d’énergie, de pacification avec soi-même et de foi en l’autre » explique Bernard Lehut, rédacteur en chef adjoint du service culture et spécialiste littérature de RTL.

Onze nouvelles , onze voix de l’Algérie, en grande majorité des femmes racontées avec amour et tendresse. Des récits variés, souvent empreints de poésie. Maissa Bey raconte la souffrance, la résistance , l’entraide et la beauté des femmes confrontées au fanatisme mais donne aussi à voir la souffrance que les hommes s’infligent à eux même par leur attitude.

Et puis cesse de chantonner (elle l’imite) : « bon-zou-our !… quand des gens arrivent. Il faut dire d’un air lugubre : » Mauvais jour, madame …« ou : » Je vous souhaite le grand soir, monsieur." et surtout, ne souris plus ! Tu veux faire fuir la clientèle ? … Qu’est-ce-que c’est que cette (...)

« Rapport aux bêtes » est un roman qui laisse des traces. Un roman difficile, âpre et violent qui prend aux tripes et laisse épuisé. Noëlle Revaz a choisi de se couler dans les mots de Paul et le fait en une plongée qui pourrait n’être qu’un exercice de style virtuose. Mais avec ce langage qu’elle maîtrise de bout en bout, elle faire prendre corps à une voix, une psyché plus que crédible, glaçante même. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Rapport aux bêtes n’est pas un roman de la terre. Bien sûr, l’exploitation agricole, l’attachement du paysan à sa terre ont une place centrale dans le récit, mais ce qui est vraiment central, c’est le rapport de Paul aux êtres vivants qui l’entourent et la manière dont ses certitudes, renforcées par des années d’isolement, vont petit à petit se fissurer pour finalement s’effondrer. Ce qui est au centre, c’est ce qu’il se passe quand l’autre, le différent, entre dans une vie. […] si on frémit beaucoup à la lecture, le récit est aussi empreint d’humour et d’humanité. Quand Paul raconte la vie quotidienne, ses petits combats avec George, ses ruses et ses malices, on rit aussi. On ne peut pas vraiment le détester Paul. Après tout, il est comme on l’a fait. Il est même attendrissant parfois ce grand gaillard, et il le devient de plus en plus au fil des pages. Noëlle Revaz en inventant, en utilisant sa parole, fait entrer le lecteur de plain-pied dans une boîte crânienne. Le long monologue de Paul est celui de sa pensée, et la crédibilité de l’ensemble, sans faille, est un tour de force.

« Rapport aux bêtes » est un roman poisseux de désespoir et de brutalité, d’espoir aussi. Une œuvre époustouflante et troublante, qui met le lecteur face à ce qu’un homme a de plus intime, ses pensées.

Extrait de http://www.lecture-ecriture.com/3871-Rapport-aux-b%EAtes-No%EBlle-Revaz

Après une licence en latin et français médiéval à l’université de Lausanne, Noëlle Revaz signe des chroniques radiophoniques, entre 1995 et 1996, sous le pseudonyme de Maurice Salanfe. En 2002 paraît, aux éditions Gallimard, ’Rapport aux bêtes’ qui sera amplement récompensé. Avec son ‘Rapport aux bêtes’, Noëlle Revaz s’est vue décerner le Prix Schiller, le Prix Lettres Frontières, le Prix Marguerite Audoux et le Prix de la Fondation Henri et Marcelle Gaspoz.

Ni Narua ni Apuluk ne savaient qu’ils habitaient la plus grande île du monde. Comme tous les eskimos ils se nommaient eux-mêmes « Inuit » , ce qui veut dire Etres Humains, Hommes, et c’est pourquoi leur pays s’appelait Inuit Nunat, le Pays des Hommes. Que leur pays fût infiniment grand, ça (...)

Claudie Gallay nous emmène avec des chapitres de 1 à 3 pages ,avec des phrase courtes au festival d’Avignon. L’année où il a fait si chaud, où les intermittents étaient en grève , où Mathilde devenue une actrice célèbre revient jouer dans la ville de son enfance.Dans cette atmosphère (...)

Roman de la mémoire et de l’amour des chevaux, Cheval-Roi est surtout un roman d’apprentissage qui célèbre la rencontre de deux continents, de deux cultures, l’Europe et l’Afrique, l’un des thèmes majeurs de l’œuvre de Gaston Paul-Effa. Gaston-Paul Effa est né au Cameroun en 1965 et enseigne la philosophie en Lorraine. Il est notamment l’auteur de Tout ce bleu (Grasset, 1996), M (Grasset, 1998), qui reçut le prix Erckmann-Chatrian 1998 et le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire 1998, ainsi que de Le cri que tu pousses ne réveillera personne (Gallimard, 2000).

Quelques jours plus tôt, pour des raisons strictement personnelles, sa femme Domitilla avait acheté un lot de saucisses. Et trois soirs durant, Marcovaldo dîna de saucisses aux navets. Or, ces saucisses-là devaient être des saucisses de chien ; leur seule odeur suffisait à lui couper (...)

À 66 ans, Fredrick Welin vit reclus depuis 12 ans sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l’archipel. Depuis qu’une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s’est isolé des hommes. Pour se prouver qu’il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s’immerge chaque matin.
Mankell nous révèle une facette peu connue de son talent avec ce récit sobre, intime, vibrant, sur les hommes et les femmes, la solitude et la peur, l’amour et la rédemption. Babelio

Bernard Valcourt, journaliste canadien revenu de tout, de la famine en Éthiopie à la guerre au Liban, se rend au Rwanda pour une bien futile et utopique mission, mettre sur pied un service de télévision libre. Il y découvre un pays ravagé par la misère, la corruption, le sida, et l’amour au travers de Gentille, une Hutue aux traits fins de Tutsie. Et, tandis que la petite colonie occidentale se détend au bord de la piscine à Kigali, un peuple sombre dans la folie exterminatrice.

Ce roman retrace de façon saisissante l’histoire récente du Rwanda et parvient à nous faire comprendre les mécanismes du génocide mieux que tous les journaux télévisés. Mais il s’agit bien d’un roman, et la littérature apporte ce qui manquera toujours au reportage : un visage humain aux bourreaux et aux victimes. Cette œuvre troublante, aux accents céliniens, pose les seules questions qui comptent : Comment mourir ? Comment vivre ?

68 Pauline Kasser — - Je repose le cahier. Assis à la table, Bruno me regarde. Vous allez me dire que je suis un salaud, d’écrire et de vous faire lire ça… Je fais non de la tête. Je m’agenouille près de lui, il s’incline et pose son front sur mon épaule, je lui dit à l’oreille : Quand (...)

Moi, c’est toujours le travail fait en lutte qui me reste, qui marque les années. Dans mes souvenirs de l’Atelier d’écriture, je mélange souvent l’époque où j’étais étudiant et celle où j’ai enseigné ; il m’arrive même de confondre élèves et camarades d’études. Mais quand je veux m’y retrouver dans les années, je pense à mes partenaires d’entraînement (et pas seulement dans l’Iowa), à l’entraîneur, à la salle. Et si j’ai tendance à mélanger mes années d’études avec mes années d’enseignement, j’y vois le signe du (…)

« tu te souviens de ce qu’elle disait et qu’elle aurait pu dire, sa voix répétant les mêmes, as-tu changé de slip et coupé tes ongles et lavé tes pieds ? tes chaussettes ne sont-elles pas trouées ? as-tu pris le temps de laver ton linge et de faire ton ménage chez toi ? De nettoyer les films (...)

Il tourna la tête, jeta un dernier regard à la maison de retraite, dont il pensait, il n’y a pas si longtemps encore, qu’elle serait sa dernière demeure sur terre. Tant pis, il pourrait toujours mourir ailleurs plus tard. Le centenaire se mit en route sur ses chaussons-pisse (on les appelle (...)

Lettres de jeunesse regroupe plusieurs lettres écrites par Antoine de Saint-Exupéry de 1923 à 1931 et adressées à son amie Renée de Saussine.

Le titre du recueil de nouvelles de Laurent Gaudé est déjà en lui-même tout un voyage intérieur : « Dans la nuit Mozambique » entraîne immédiatement l’imagination vers le creuset de l’Humanité qu’est l’Afrique ! Les sources de nos origines, le fondement de l’être, les contes et les histoires immémoriaux assaillent la mémoire originelle. Quatre nouvelles, quatre aventures humaines extraordinaires : « Le sang négrier », « Gramercy Park Hotel », « Le colonel Barbaque » et « Dans la nuit Mozambique ». www.lecture-ecriture.com

En ce début des années 1980, Fabienne Verdier est comme aimantée par la Chine et le désir d’apprendre l’art pictural et calligraphique chinois. Et lorsque, étrangère et perdue dans la province du Sichuan, elle se retrouve dans une école artistique régie par le Parti, elle est déterminée à affronter tous les obstacles : la langue et la méfiance des Chinois, mais aussi l’insupportable promiscuité, la misère et la saleté ambiantes, la maladie et le système inquisitorial de l’administration… Dans un oubli total de l’Occident, elle devient l’élève de très grands artistes méprisés et marginalisés qui l’initient aux secrets et aux codes d’un enseignement millénaire. De cette expérience unique est né ce récit d’aventures.

(…) Pour rejoindre la ligne D, Mathilde emprunte depuis huit ans la longue galerie qui passe en dessous de la gare, où se croisent chaque jour quelques milliers de personnes : deux colonnes d’insectes, déversées par vagues sur les dalles glissantes, une voie rapide à double sens dont il faut (...)

Erri de Luca accompagne la célèbre alpiniste italienne Nives Meroi dans l’une de ses expéditions himalayennes. Réfugiés sous la tente, en pleine tempête, ils engagent une conversation à bâtons rompus. Le personnage de Nives, symbole de force et de courage, est l’occasion pour l’auteur d’explorer plus avant les chemins de son écriture et de dévoiler au lecteur d’autres facettes de son parcours à la fois humain et littéraire.

Il y a, dans Libellules, un enfant qui grandit et sans cesse s’interroge, un père qui aimerait pouvoir lui répondre, il y a cette femme qui, du matin au soir, secoue son linge à sa fenêtre, il y a Kate, là-bas, en Antarctique, et la tragique histoire d’un chapeau à la mer… Avec tendresse et bienveillance, un homme, écrivain, porte un regard sensible et drôle sur le monde qui l’entoure. Note de l’éditeur

Dans ce dernier roman, l’auteur a mêlé la sensualité du conte africain, osant une poésie qui rappelle le Le Clézio de Désert, au mordant du réquisitoire. La belle est bien armée.

Elle rappelle l’histoire commune entre la Libye et l’Italie, leur passé colonial, la vie des colons de la Botte sur la « quatrième rive » de l’Italie avant que Kadhafi ne les chasse dans les années soixante-dix et la réconciliation honteuse vingt ans plus tard par le truchement de Berlusconi.

Pour raconter la grande histoire, la romancière a croisé deux petites histoires imaginaires, celle de Jamila qui fuit les violences avec son fils Farid en s’embarquant pour les côtes italiennes et celle d’Angelina, une Italienne née à Tripoli qui en fut expulsée à l’âge de onze ans pour échouer en Sicile et y être rejetée par ses compatriotes. Quarante ans plus tard, son propre fils cherchera à briser les stigmates subis par la famille. Deux femmes et leurs enfants, deux victimes collatérales, deux destins fauchés de personnes laissées au bord du chemin.

« En Italie, personne n’a envie de parler de cette histoire commune comme si elle était sale. Moi, je ne veux pas donner de leçon, ni proposer une vision idéologique. Ce n’est pas un service à rendre au lecteur. La littérature touche à quelque chose de plus magique, de plus secret. Elle doit être cathartique. Je cherche juste à construire un temps de parole pour des gens qui n’en ont pas. Il faut bien reconnaître que ma quête est sans fin. »

Margaret Mazzantini s’exprime comme elle écrit, dans une sorte d’urgence permanente, débit de mitraillette, une vivacité dans l’expression, une parole qui coule et qui tient sans doute à sa vocation première de comédienne.

Par Françoise Dargent, pour le Figaro Littéraire

« S’ils aiment le beau, le bien léché, le profond, le pur gaullien, qu’ils se rabattent sur la prose de M. François Mauriac de l’Académie française et de l’Elysée réunis. Parce qu’au fait, faut que je vous en cause, mais il y a des tas de pisses chagrin, d’empêcheurs de peloter en rond, (...)

Tout est là : le mutisme, le poids des regards, l’irrémédiable du destin d’un enfant sage, devenu trop taciturne et ombrageux. Thomas Hogan aura pourtant tout fait pour exorciser ses démons - les mêmes qui torturaient déjà son père. La sobriété du style de Cécile Coulon - où explosent soudain les métaphores - magnifie l’âpreté des jours, communique une sensation de paix, de beauté indomptable, d’indicible mélancolie. (France Culture)

C’est la belle histoire d’une femme libre et d’un enfant prêté, le temps d’une équipée hivernale autour de l’Islande (plus belle île au monde !) En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu’à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes.

Rencontrez Arnaud Quéré pendant le festival « Terre de bulles » de Langeac au café-Librairie Grenouille le vendredi 12 avril à 18h Pour plus de renseignement voir ce lien Ceux qui sont nés comme moi au début des années 70, se souviennent d’avoir calculé l’âge qu’ils auraient en l’an (...)

Parce que nos besoins sont nos petits rêves quotidiens. Ce sont nos petites choses à faire, qui nous projettent à demain, à après-demain, dans le futur ; ces petits riens qu’on achètera la semaine prochaine et qui nous permettent de penser que la semaine prochaine, on sera encore vivants. ( … (...)

Sentir, écouter, toucher, goûter, regarder ! Les mots d’Erri de Luca ne peuvent s’offrir qu’ainsi, parmi les décombres du passé. Les courts récits aux thèmes multiples telles les notes qui ont composé sa vie sont joués sans artifices. […] Une fuite des phrases vers les sommets infranchissables exacerbe le rythme des nouvelles qui se succèdent. Son vécu composé de vies multiples placées sous le signe de l’altruisme sont des bouffées d’air pur, un ciel bleu d’une humanité débordante traversant le cours des années. Cette poésie des mots, sensuelle, charnelle, âpre comme des mains calleuses, simple et sincère, est toujours inoubliable et les mots restent longtemps en suspens autour du livre refermé.

Alexandra Morardet

Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et américaine qu’il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu’il observe sur l’équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu’il est, il guette avec impatience et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté l’horizon dans l’espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde, depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l’humanité n’en a connu jusque-là que deux d’une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. Serres est un optimiste impénitent. L’avenir du nouveau monde appartient à Petite Poucette *, ainsi qu’il a baptisé l’archétype du « nouvel humain » encore en devenir, en référence à son usage du téléphone et de l’ordinateur. Et cette Petite Poucette-là, qui est sur le point de « prendre les commandes », n’a pas fini de nous surprendre…

Moi, Dryptéis, fille des siècles, je me mets à genoux et je vous demande : n’ouvrez pas. Protégez-moi. Criez par-dessus la porte au visiteur, qui qu’il soit, que vous ne me laisserez pas partir une seconde fois. Vous le savez : je suis venue ici pour vivre en paix, loin du monde et de tout. Je (...)

A toute personne ne craignant pas un voyage mystérieux, poétique et parfois dur dans le pays de la conscience.

Alain Mabanckou revient avec un récit qui plonge dans les traditions ancestrales de l’Afrique et nous montre ce continent sous un jour énigmatique, mystérieux, tour à tour ironique et inquiétant. La drôlerie visible dans « Verre cassé » et la truculence de la langue de Mabanckou se retrouvent dans ce texte, plus linéaire mais aussi plus accompli.

Lorsqu’il découvre le meurtre de sa femme, Wahhch Debch est tétanisé : il doit à tout prix savoir qui a fait ça, et qui donc si ce n’est pas lui ? Éperonné par sa douleur, il se lance dans une irrémissible chasse à l’homme en suivant l’odeur sacrée, millénaire et animale du sang versé. Seul et abandonné par l’espérance, il s’embarque dans une furieuse odyssée à travers l’Amérique, territoire de toutes les violences et de toutes les beautés. Les mémoires infernales qui sommeillent en lui, ensevelies dans les replis de son enfance, se réveillent du nord au sud, au contact de l’humanité des uns et de la bestialité des autres. Pour lever le voile sur le mensonge de ses origines, Wahhch devra-t-il lâcher le chien de sa colère et faire le sacrifice de son âme ? Par son projet, par sa tenue, par son accomplissement, ce roman-Minotaure repousse les bornes de la littérature. Anima est une bête, à la fois réelle et fabuleuse, qui veut dévorer l’Inoubliable. Note de l’éditeur

Verre cassé est le cinquième roman de Alain Mabanckou. Il a été unanimement salué par la critique, a reçu le Prix des Cinq Continents de la Francophonie, le Prix Ouest-France/Etonnants voyageurs, le prix franco-israélien 2009 mais également le Prix RFO du livre. Bien que présentant des personnages noirs aux vies sans espoir, ce livre n’en est pas pour autant déprimant. En effet, Alain Mabanckou possède un style unique mélangeant habilement humour, oralité et références culturelles, qui permet une lecture rythmée, rapide et plaisante. L’écriture est donc celle du personnage principal, ancien professeur qui n’a pourtant pas suivi de cursus scolaire. Cela se retrouve dans d’incessantes références culturelles tout au long du livre. Cela devient même un jeu pour le lecteur de découvrir quelle référence se cache sous telle ou telle phrase. Les titres cités sont aussi bien africains ou antillais (L’enfant noir de Camara Laye, Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, Jazz et vin de palme, etc.) Certains passages peuvent ainsi contenir une dizaine de références littéraires à la suite.

Ses œuvres sont traduites dans une quinzaine de langues dont l’anglais, l’américain, l’hébreu, le coréen, l’espagnol, le polonais, le catalan et l’italien. Verre cassé a fait l’objet de plusieurs adaptations théâtrales.

MAGAZINE LITTÉRAIRE, n° 391, octobre 2000 : Publié dans l’excellente collection Haute enfance, dirigée par Colline Faure-Poirée, ce texte s’inscrit bien dans une continuité de l’œuvre et de la vie. Retraçant l’enfance terrible d’Alma Desamparada qui finit, jeune veuve, par s’échapper en radeau de Cuba, Le pied de mon père est un récit en deux parties terminées chacune par une lettre : l’une au père, l’autre à la fille. Qu’est-ce que l’autobiographie ? D’où vient l’écriture ? Quels passages secrets sont foulés par les guïjes pour aller des choses de la vie à celles de la page ? Quels liens sont tissés entre les personnages du livre et leur auteur ? Telles sont les questions que posent tous les livres de Zoé Valdès.

Gérard de Cortanze

Une femme pense reconnaître son frère dans le vagabond du parc. Elle va tenter de renouer avec lui en négligeant son mari et son fils …. Allers-retours par chapitre entre présent et enfance, parallèle entre le frère et l’enfant . On est toujours à la limite du sensé du réel et de la folie , de l’imaginaire. La vérité, si elle existe , est suggérée en fin de livre.

Lente approche d’un écrivain vers "le premier mot".

Il n’est pas certain que l’on puisse, avec d’autres mots que ceux de Pierre Bergounioux, ceux de la critique par exemple, résumer valablement le souci qui anime et informe son œuvre. Ou bien, on la banalisera outrageusement, en se contentant de souligner ce trait qui la caractérise : la répétition, la reprise, l’éternel retour du même. Car Bergounioux n’a pas mille choses à raconter, à recréer, mais une seule. Il n’a pas à sa disposition de vastes espaces, réels ou imaginaires, mais toujours les mêmes arpents de terre : la Corrèze de son père, le Lot, qui est du côté maternel, et plus largement « cette zone plissée, imprécise, qui sépare l’Auvergne de l’Aquitaine ». […] Toujours, dans les livres de Pierre Bergounioux, s’affrontent le monde silencieux, opaque, des origines, dont les secrets ont été mis sous scellés dans le cœur du narrateur, et le désir d’accéder à la lumière, à la raison et à son langage. L’aspiration à la liberté de parler ce langage, d’éclairer l’opacité du cœur l’anime et donne à sa voix un timbre juste, sobre, bouleversant.

Patrick Kéchichian. Le Monde des Livres, 3 mai 2001

Partir, risquer à l’aventure son âme pour se rapprocher de soi-même et avoir la sensation de " vivre enfin selon ses voeux, selon sa passion et au diable les autres « . C’est ce qu’entreprend un beau matin Raimund Gregorius, professeur de langues anciennes, à l’austère érudition et à la vie » immuablement « réglée. Un matin donc, en plein cours de latin, le philologue se lève, quitte la classe, la Suisse, et sort de son existence »comme d’une vieille peinture à l’huile accrochée au mur d’un musée, dans une aile latérale oubliée ". d’après Le Matricule des Anges.

Dans un village corse perché loin de la côte, le bar local est en train de connaître une mutation profonde sous l’impulsion de ses nouveaux gérants. À la surprise générale, ces deux enfants du pays ont tourné le dos à de prometteuses études de philosophie sur le continent pour, fidèles aux enseignements de Leibniz, transformer un modeste débit de boissons en “meilleur des mondes possibles”. Mais c’est bientôt l’enfer en personne qui s’invite au comptoir, réactivant des blessures très anciennes ou conviant à d’irréversibles profanations des êtres assujettis à des rêves indigents de bonheur, et victimes, à leur insu, de la tragique propension de l’âme humaine à se corrompre. [le point de vue des éditeurs]

« En dressant l’inventaire des parfums qui nous émeuvent - ce que j’ai fait pour moi, ce que chacun peut faire pour lui-même -, on voyage librement dans une vie. Le bagage est léger. On respire et on se laisse aller. Le temps n’existe plus : car c’est aussi cela la magie des parfums que de nous retirer du courant qui nous emporte, et nous donner l’illusion que nous sommes toujours ce que nous avons été, ou que nous fûmes ce que nous nous apprêtons à être. Alors la tête nous tourne délicieusement. » P.C.

Mot de l’éditeur : 63 textes, d’Acacia à Voyage, Philippe Claudel évoque autant de parfums de l’enfance et de l’adolescence. Chaque évocation fait resurgir un monde oublié, dont certaines traces demeurent : l’après-rasage du père, la crème solaire de la mère, les cheveux soyeux des premières amoureuses, les Gauloises et les Gitanes, la cannelle des gâteaux et du vin chaud, le charbon qui réchauffe, l’encre de l’écolier, le foin des champs, le pull-over de l’oncle. Des senteurs douces ou âcres, simples ou raffinées.

C’est une abécédaire choisi, où l’on irait de Arbres à Vaches, en passant par Chiens, Journal, ou Tracteurs. Ce serait l’os des choses, leur velours ; et comme une déclaration d’amour répétée vingt-six fois.

(mais, en même temps, je pense que nous sommes mauvais juges du moment présent, sans doute parce qu’en réalité le présent n’existe pas, tout est mémoire. La phrase que je viens d’écrire est déjà un souvenir, de même que celle que vous, lecteur, venez de parcourir.) Juan Gabriel Vasquez : Le (...)

Quelque part dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d’une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu’un destin, cela se brise. Elle fuit l’île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d’une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste à L’Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir. (Présentation de l’éditeur)

Nous sommes pour si peu de temps sur la terre. Une telle évidence nous convoque au silence et brille au loin, au devant de notre vie, comme ces phares minuscules que l’on aperçoit sur les côtes déchiquetées, sous les rafales de la mer, dans le vent si froid des tempêtes quand l’on va seul, le (...)

Strasbourg, le 7 avril 1970 Monsieur [1], (…) Vous m’avez parlé de formalisme. En fait, la raison profonde d’un travail formel - et qui peut surprendre de prime abord - c’est que le personnage psychologique ne m’intéresse pas - pa plus d’ailleurs que le personnage “raisonnable” (ce qui me (...)

Kilomètre 0 Bonne heure pour prendre la route. La maison dort encore, le jardin est gris. Tout à l’heure certainement il fera trop chaud. Les murs blancs réverbèreront l’enfer. L’ennui calcinera tout. À part les mouches, espèce tenace tenant tête au silence. Puissent-elles tomber. Kilomètre (...)

Voici une œuvre assez déconcertante et très spéciale, à mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles, à mi-chemin entre l’esprit de Rimbaud et celui de Boris Vian : Rainbow pour Rimbaud écrit par Jean Teulé et paru en 1991 aux éditions Julliard.

…dans l’œuvre, il est vrai que Rimbaud est partout : les références et les allusions à sa vie d’homme sont nombreuses : elles se trouvent un peu partout, dans chaque personnage. Rimbaud-Verlaine, Rimbaud en Afrique, Rimbaud et sa mère, Rimbaud et sa jambe variqueuse.

… l’hommage rendu au poète se situe davantage dans les références et les allusions à son œuvre. « Je suis l’homme aux semelles de vent ». « A, noir, E blanc, I rouge ». A travers le roman, souffle un esprit libertaire et anti-conventionnel. Les couleurs sont omniprésentes ; tout un réseau de correspondances entre l’homme et la nature est tissé et là se trouve le principe fondamental de la poésie rimbaldienne.

Lectures vagabondes auxquatrecoinsdemonbricabrac.blog4ever.com/…/lire-article-277011…

Erri De Luca donne ici une réécriture du décalogue en revisitant, dans une langue poétique et ciselée, les dix paroles reçues par Moïse au sommet du mont Sinaï. L’occasion pour l’auteur napolitain de décliner une réflexion sur le texte même - magnifique analyse de chacun des préceptes grâce à sa connaissance de l’ancien hébreu et à la précision de ses traductions - et les enjeux qui en découlent : la dimension charnelle des commandements, les liens entre la solitude et la communauté, la question de la transmission - la parole et le texte gravé -, mais aussi la langue, la spiritualité, l’identité, la liberté…

Placée sous le signe de la montagne, cette relecture du décalogue permet à Erri De Luca de s’interroger sur la pratique de l’alpinisme (Moïse était lui-même un « alpiniste », monté plusieurs fois au mont Sinaï, mort sur le mont Nébo), mais aussi sur son rapport au peuple du Sinaï et à sa langue.

par Yann Nicol (le Magazine Littéraire)

Dans un style très sobre, Bernhard Schlink plonge le lecteur au cœur d’une conscience amère, dans les méandres d’une pensée à la fois nostalgique et coupable à force d’humanité. Il réfléchit également sur le pouvoir des mots et de la lecture dans une société prompte à stigmatiser artificiellement ceux qui en sont exclus. (critique par Yspaddaden - www.lecture-ecriture.com)

Titre original : Der Vorleser, parution en Allemagne : 1995

Prix Laure Bataillon, 1997

Avec Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan écrit sa mère, sa famille mais aussi sa difficulté d’écrire sur soi, de prendre du recul sur sa propre histoire. Ainsi donc, Lucile, la mère de l’auteur. Lucile s’est suicidée quelques années plus tôt. La douleur de cette perte est toujours sensible, d’autant plus que les relations entre les 2 femmes n’ont pas toujours été facile. Delphine de Vigan choisit de se confronter à l’histoire familiale. Elle interroge les différents membres de sa famille, enregistre leurs confidences, lit correspondance et carnets. Peu à peu, elle reconstruit le passé de sa famille et de sa mère et livre un portrait très personnel de ses ancêtres tout en dévoilant à la fois sa propre intériorité. Le Grenier à Livres

Et pourquoi est-ce que j’écrirais à Dieu ? Tu te sentirais moins seul. Moins seul avec quelqu’un qui n’existe pas ? Fais-le exister. (…) Chaque fois que tu croiras en lui, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors, il te fera du bien. Qu’est-ce que je peux lui (...)

"Elle a le sentiment que l’éternité surgit. Le monde se fige à jamais. C’est cette image qu’elle emporte pour toujours. Le ciel blanc comme la nacre d’une huître. Le vent est doux, telle une respiration, l’haleine de l’air tiède. Elle abaisse ses paupières : Elle habitera désormais dans le (...)

Romancier et poète, intellectuel engagé, acteur passionné de la scène francophone mondiale, Lyonel Trouillot est né en 1956 dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où il vit toujours aujourd’hui.

Le roman de Lyonel Trouillot est d’abord une danse des mots et des phrases, animant des personnages qui tentent de se retrouver en retrouvant la part d’eux-mêmes occultée, c’est-à-dire confiée aux autres, à dessein, ou malgré eux. La posture mise en jeu est bien alors celle de l’interlocution, et même de l’adresse à l’autre. Le spectre est large : monologues, pendant lesquels le personnage narrateur s’adresse à lui-même, c’est-à-dire au lecteur ; demandes ; injonctions ; justifications… Il faut que les écrans protecteurs se fissurent pour que la parole ait accès à l’autre, qui est sommé de répondre, et d’agir. Les récits s’enroulent les uns les autres, parviennent à se rencontrer, et surtout, à réunir ce faisceau du temps, dans lequel le passé occulté reprend la force du certain, que les personnages s’ancrent dans la présence du présent, afin que, mais c’est bien là une hypothèse ténue, un avenir moins incertain puisse être projeté. À partir d’une situation presque banale, l’existence terne d’un ambitieux qui ne voit le monde qu’à partir de sa seule lumière, le texte éclaire l’ombre qu’ignore le personnage et qu’il projette pourtant lui-même. Il devient progressivement attentif à ce hors-champ, que les autres éclairent aussi pour lui. Mais il doit alors aller au bout de cette démarche, et s’impliquer dans une histoire dont il souhaitait cependant ne pas être partie prenante. La danse des phrases devient alors aussi danse dans l’espace, dans une géographie qu’il faut aussi affronter. La danse est aussi spirale descendante, figure d’enracinement.

Yves Chemla : Notes de lecture (www.ychemla.net)

A travers ce récit à quatre voix successives, Lyonel Trouillot nous fait ressentir intensément la vie de ces Haïtiens plongés dans la misère et survivant comme ils peuvent. Il montre aussi différentes manières de réagir face au présent comme au passé : la plus difficile, mais la plus riche étant peut-être de demeurer fidèle au « yanvalou », ce salut à la terre dans le vaudou haïtien. Moyen de retrouver une solidarité dans les liens ancestraux fondant une communauté humaine.

Delphine Gorréguès - Librairie de la Réserve

"Il s’est jeté dans l’eau comme une bête en colère. Je ne voyais rien de lui mais je l’entendais, sa respiration, son souffle pour lutter contre le froid, et le battement violent de ses bras qui fendaient l’eau. Était-il nu ? Il s’était retourné, il m’avait dit, Vous ne venez pas ? Personne ne (...)

Ce livre est le récit d’un braconnier qui toute sa vie a traqué un chamois, maître de la forêt, roi de sa harde, qu’il domine depuis des années. Le voilà au déclin de sa vie, un dernier face à face avec le braconnier arrive.

On s’élève à chaque instant du récit, porté par une écriture épurée, cette langue tout à la fois subtile et rocailleuse amenant le silence, la solitude mais aussi la dimension des cimes.

C’est un petit bijou de seulement 80 pages, c’est dense et une puissance anime ce texte. Cette traversée de la forêt, cette marche vers les sommets de la montagne, ce cheminement nous hissent au cœur du monde et l’on ressort apaisé en se disant que nous appartenons pour une minuscule part à cet immense puzzle où l’infiniment grand et l’infiniment petit se rejoignent.

Publié par Isabelle Le Cleac’h le 8 avril 2012 dans Lire, voir, écouter.

"Comme si elle l’avait senti , Ellie se retourna pendant une seconde et le percuta d’un de ses larges sourires , dévoilant ses dents du bonheur . Robbie leva la main et essaya de saluer . Il avait l’impression de dire au revoir à autre chose qu’à sa petite fille , à quelque chose d’énorme et (...)

Le Prix Femina Étranger a été décerné à Erri De Luca, le 7 novembre 2002, pour son roman Montedidio, paru dans la collection Du Monde Entier. Le roman, qui emprunte son titre à un quartier populaire de Naples, est une nouvelle preuve de l’originalité de la voix de Erri De Luca.

Une fable ? Un récit initiatique, à la fois retenu et brûlant. […] Irracontable, en réalité, ce bref récit écrit le soir en italien […] sur un grand rouleau d’imprimerie par un gamin qui est fier d’être allé à l’école jusqu’en septième est, entre fable et poème, mais ancré dans une réalité presque documentaire, d’une intensité coupante, et irradiante. […] Comme ciselé d’une main de sculpteur, un très beau livre, vraiment. Annie Coppermann, Les Echos, mars 2002

Véronique Ovaldé nous entraîne dans le tourbillon de son imagination et nous offre un roman noir en trompe-l’œil. De livre en livre, elle bâtit son univers, qu’elle habite par sa fantaisie et son goût pour le merveilleux. Les histoires qu’elle raconte sont de celles que l’on ne trouve que dans les livres. (in Culture l’Express)

Résumé du livre et note de l’auteur. Un roman comme une musique…

Anna est libraire, divorcée civilement mais non religieusement. Anna est juive de tradition, de culte, jusque dans sa chair. Son ex-mari, Simon est malade de lui même et le fait chèrement payer à son entourage, à sa fille et à Anna. Anna, qui, grâce à un processus injuste de la religion (...)

Ecrit d’une plume savante et passionnée, un récit fiévreux qui explore l’intime passion de Baudelaire pour l’une de ses inspiratrices les plus célèbres, Jeanne Duval, dans le Paris d’Haussmann.

Il y a des gens avec qui l’on passe une grande partie de sa vie et qui ne vous apportent rien (…) Et puis … Il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie. Vous n’attendiez (...)

On peut passer sa vie à chercher l’être auquel on est destiné, et la plupart du temps cette quête pousse à des compromis, certains acceptables, d’autres catastrophiques, d’autres encore à la limite du désespoir silencieux et de la tristesse d’un horizon limité. Mais quand - et « si » - on se (...)

Longtemps je me suis couché de bonheur, avec mes livres et ma lampe de poche. Dès que j’allumais ma lampe, les personnages sortaient d’entre les pages. En foule. Avec les voisins, les chevaux, les oiseaux, les martiens ambidextres, les héros peureux, les maléfiques, les surpuissants, les (...)

Justina désignait une chabine ensorcelante qui disposait d’un carnet de crédit à votre boutique. Tout comme des dizaines d’autres femmes du quartier qui ne savaient jamais avec certitude le moment où deux franc-quatre sous décoreraient, comme elles disaient comiquement, la paume de leurs mains (...)

Prix Renaudot des Lycéens en 2001

Je m’étais promis avant mes quarante ans de vivre en ermite au fond des bois…..J’ai connu l’hiver et le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement, la paix. Au fond de la taïga, je me suis métamorphosé. L’immobilité m’a apporté ce que le voyage ne me procurait plus. Le génie du lieu m’a aidé à apprivoiser le temps. Mon ermitage est devenu le laboratoire de ces transformations. Tous les jours j’ai consigné mes pensées dans un cahier. Ce journal d’ermitage, vous le tenez dans les mains. S.T., écrivain-voyageur

http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Sylvain-Tesson-raconte-son-odyssee-dans-les-forets-de-siberie-391375/

Livre, plutôt que recueil de nouvelles. Liturgie est un bloc, un corps, un seul, taillé dans la chair des mots. Livre qui brosse en quelques traits une image âpre et respectueuse de la vie des paysans d’Auvergne.

Il y a des choses qui se présentent et tu y vas. Tu vas droit dans le mur, mais tu veux vivre à toute force ce moment où tu fonces. Le mur n’arrive pas forcément si vite. Pour autant, tu te fais mal rien qu’à prendre autant d’élan, l’air te chauffe la peau, ça fait des brûlures, mais tu te (...)

La neige s’est mise à fondre. Au cours de la nuit, la température a brusquement chuté, et le matin, les rues du village sont couvertes d’une épaisse couche de glace. Il enfile de vieilles chaussettes sur ses galoches et va faire des commissions. La rue qu’il lui faut emprunter est extrêmement (...)

28 octobre J’apprends que j’ai reçu le prix de la Langue française pour mon œuvre………En toute hâte, j’improvise un petit texte puisque je ne pourrai pas aller chercher le prix………. "Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où Le héron au long bec emmanché d’un long cou…« Et voilà qu’avait (...)

C’est une prouesse de partir d’une histoire tissée de culpabilité et d’échec, d’injustice et d’irresponsabilité, et d’en faire une méditation comique sur la fragité de l’être humain, sa grâce et ses possibilités. Publisher Weekly

J’attrapai la main de mon amie et nous courûmes vers la sortie. Sur notre passage, les cintres portant les figurines descendaient lentement, bras et jambes frôlant nos têtes, essayant d’agripper nos vêtements. Je sentis des ongles de métal dans ma nuque. J’entendis Marina crier et la poussai (...)

Ce livre est de la même veine que Pastiches et Postiches, ce sont des textes d’humour, des pastiches qu’il a publiés dans différents journaux et régulièrement dans L’Espresso, de 1986 à nos jours. On apprend comment ne pas passer des vacances idiotes ; comment reconnaître un film porno ; comment se protéger des veuves… et beaucoup d’autres choses pour les lecteurs curieux, qui apprendront aussi un peu d’histoire, d’économie, de politique, de littérature et de philosophie !… Hilarant, provocant, intelligent, cet ouvrage répond aux questions que nous n’aurions pas songé à nous poser… Et répond à des questions dont nous pensions connaître la réponse : Comment voyager avec un saumon, par exemple….

Il avait plusieurs corps en un seul. Il était très composite. Ses bras, ses épaules, sa poitrine étaient restés d’un adolescent, étroits et minces. Ils avaient quinze ans. Ils s’étaient refusés à l’étreinte des femmes, à la force qui enveloppe, aux têtes nichées, à la toison. Il était lisse. (...)

……Un silence bienfaisant qu’elle entendait jusqu’au plus profond d’elle-même. C’était le silence familier qui lui montrait le chemin vers elle-même mieux que bien des pensées, qui soudain l’environnait comme un mur mais qui en même temps l’ouvrait à l’infinité du monde. Le silence qui était (...)

Il avait tendu une toile pour elle, et lui avait prêté des couleurs et des pinceaux. Elle aurait voulu le remercier, mais ne trouvait pas les vrais mots. Elle était reconnaissante de tant de choses. C’est pourquoi elle lui avait dit merci d’un ton sec et ordinaire tout en ressentant un grand (...)

…« Le travail d’écriture est une étreinte avec la matière verbale, c’est de l’empoignade, c’est long, ardent, parfois violent ; et c’est, à mon sens, organique parce que c’est une patiente affaire de matière et de corps »…

Marie-Hélène Lafon - Pour Ecrivains d’aujourd’hui

Autour de ce motif de la neige, Maxence Fermine dessine entre les lignes un portrait subtil de la culture japonaise, de son rapport au temps et à la nature, à la contemplation. (Le Monde des Livres)

En nous offrant ce voyage saisissant de réalisme qui nous transporte de la Somalie au Soudan dans une Afrique orientale tour à tour sauvage, irrationnelle, sage, fière, digne et infiniment courageuse, Yasmina Khadra confirme une fois encore son immense talent de narrateur…..

Réunis sous un même toit imperméable, les trouillons craignent absolument tout. Ils ont la vue brouillée, les oreilles peurilleuses, les narines tremblotantes, et pleurniflageolent jour et nuit. ce sont les meilleurs spécialistes mondiaux de l’angoisse aggravante et de la terrification (...)

"Nous avons fait tous cela : fréquenté les chemins de l’herbe. De la maraude. De la chasse aux grillons, aux lézards, aux salamandres qui, les soirs de pluies transmuaient de leur or mêlé d’un noir humide les graviers des chemins. Nous avons tous volés des fruits dans de très vieux vergers,avec un délicieux sentiment de faute et d’impunité. Ceux qui n’ont pas eu cette chance, qui n’ont pas eu sur leur tête le bleu couvercle du ciel alors qu’ils gravissaient les collines de leurs petites jambes, ou se (…)

Ce que je suis ne m’intéresse pas outre mesure, et je voudrais tenir ce Journal sans avoir à parler de moi. Mais que dire de la vie si on ne la puise pas en soi, à le source, là où elle palpite, là où surgissent et se déploient émotions, sensations, impressions, sentiments, idées… Si je me (...)

Mon second Sud-Ouest n’est pas une région ; c’est seulement une ligne, un trajet vécu. Lorsque, venant de Paris en auto (j’ai fiat mille fois ce voyage), je dépasse Angoulême, un signal m’avertit que j’ai franchi le seuil de la maison et que j’entre dans le pays de mon enfance ; un bosquet de (...)

Je pressens ce que sera le monde de demain. Nous lui serons odieux. La terre, déjà, s’est révoltée, ce sera bientôt le tour des forêts, des flaques d’eau, du ciel. De partout naîtront des monstres claudicants à la bouche tordue qui se rueront sur nous avec haine. Les arbres se tordront et (...)

Michelangelo possède un carnet, un simple cahier qu’il a réalisé lui-même : des feuilles pliées en deux, retenues par une ficelle, et une couverture de carte épaisse. Ce n’est pas un carnet de croquis, il n’y dessine pas ; il n’y note pas non plus les vers qui lui viennent parfois, ou les (...)

j’écris ces choses non pas parce que je les pense uniques - avec toute femme amoureuse de moi, j’ai vécu les mêmes scènes - mais parce que je ne les ai jamais lues dans un livre … Racontant ma vie, j’éprouvais le sentiment ordinaire d’être devenu personne - si bien que l’extrême impudeur de (...)

Je m’appelle Faucher, Richard Faucher. Nous sommes un homme comme tout le monde, ou presque, car j’ai une particularité : je suis partagé en deux. Une partie riche et une partie pauvre. (…) Maintenant, il me faut prendre une décision et choisir de ces deux vies celle qui me fait le plus envie. (...)

Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. Tout ce qui, semblait-il, les remplissait pour les autres, et que nous écartions comme un obstacle vulgaire (...)

Condensation : écrire avec la métaphore, qui fait l’économie de la comparaison. Ce n’est pas : je suis comme une vermine, mais : je deviens une vermine. On se sent coupable, comme si l’on était accusé : on a un procès. On se vit comme étranger au monde, exilé, et voilà qu’on est loin de son (...)

Il ne revint jamais. Une nuit d’août, là-bas, au large de la sombre Islande, au milieu d’un grand bruit de fureur, avaient été célébrées ses noces avec la mer. Avec la mer qui autrefois avait été aussi sa nourrice ; c’était elle qui l’avait bercé, qui l’avait fait adolescent large et fort - , (...)

Je vous ai dit aussi qu’il fallait écrire sans correction, pas forcément vite, à toute allure, non, mais selon soi et selon le moment qu’on traverse, soi, à ce moment-là, jeter l’écriture au-dehors, la maltraiter presque, oui, la maltraiter, ne rien enlever de sa masse inutile, rien, la (...)

Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d’un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer (...)

Mais la vie de dicte rien. Elle ne s’écrit pas d’elle-même. Elle est muette et informe. Écrire la vie en se tenant au plus près de la réalité, sans inventer ni transfigurer, c’est l’inscrire dans une forme, des phrases, des mots. C’est s’engager - et de plus en plus au fil des années - dans un (...)

C’est vaste, un être humain, indéchiffrable. Inattendu. On croit le saisir à travers mots et jugements, le façonner à la mesure de nos récits. Subitement, le voilà ailleurs ! Il nous devance sur des chemins imprévisibles ; raille notre outrecuidance, nos prétentions à le fixer en tel lieu, (...)

Revenir en haut