Écritures narratives

Cécile Ladjali, romancière de 40 ans enthousiaste, absolue, convaincue comme écrivain et comme professeur de la nécessité de la littérature : "on se construit par les mots." Vrai pour elle comme pour les collégiens de Seine-Saint-Denis ou les jeunes sourds qui sont ses élèves. (France info)

Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d’Aral asséchée. Autarcique, leur amour s’est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l’eau polluée du village, la surdité d’Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s’installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable. S’inspirant, dans ses compositions, de ses “trois fiancées” (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l’“éternelle présence”. Récit de l’enfance sauvage, d’une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l’invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté. Actes Sud 4e de couverture

Un soir, il dépose sur l’assiette de Marie un feuillet avec la première tirade de son rôle. Marie le déplie d’une main fébrile, commence à lire, se réjouit, dit qu’elle veut la suite très vite. Mais quand il lui en donne une suite, elle change d’humeur. Il faut au moins la complicité de tous (...)

Lisières du corps est un livre pénétrant et lumineux d’une grande sobriété et justesse de ton dans lequel Mathieu Riboulet tente de saisir ce que révèlent du désir, de la vie et de la mort, les corps des hommes multiples qui en sont les personnages éphémères, car les corps disent plus que les paroles. Un livre fragmenté en six petits récits très descriptifs où vagabondent les pensées, les souvenirs et les rêveries du narrateur, et où ne s’instaurent quasiment pas de dialogues autres que ceux des regards et des gestes, que ces échanges entre corps regardant et regardé, entre corps touché et touchant. L’or des livres

« La petite Malika, ouvrière dans une usine du port de Tanger, demanda à son voisin Azel, sans travail, de lui montrer ses diplômes. – Et toi, lui dit-il, que veux-tu faire plus tard ? – Partir. – Partir… ce n’est pas un métier ! – Une fois partie, j’aurai un métier. – Partir où ? – Partir n’importe où, là-bas par exemple. – L’Espagne ? – Oui, l’Espagne, França, j’y habite déjà en rêve. – Et tu t’y sens bien ? – Cela dépend des nuits. »

Le roman laisse entendre que « partir » n’est pas la solution. Mais c’est avant tout une métaphore de la condition humaine quand elle est brutalisée par le manque et la misère. Ce livre est le portrait d’une jeunesse marocaine prête à tout pour "brûler"… Brûler ?… Brûler, signifie traverser la Méditerranée, brûler ses papiers, tout ce qui permettrait une identification de leur propriétaire et un renvoi à la case départ. On est loin du Ben Jelloun de l’époque de l’Enfant de Sables ou les Yeux Baissés. Ici, pour plus de réalisme, le ton est sec, presque journalistique, le récit est sans compassion, comme si Ben Jelloun s’était endurci avec le temps. Mais c’est aussi une manière de nous faire rentrer dans la réalité brute de ces jeunes pleins d’espoir confrontés à une situation souvent impossible à dominer. Un livre à lire, comme un témoignage qui nous ferait passer de l’autre côté d’un monde que nous côtoyons tous les jours.

Un petit livre de réflexion intéressant où les différents auteurs prennent appui sur ORWELL pour inviter les lecteurs à se questionner sur le ou les sens qu’ils pourraient donner aujourd’hui aux mots : liberté, vérité, humanité,solidarité….

Après avoir combattu dans les tranchées, Tom revient en Australie et devient gardien de phare sur l’île reculée de Janus. Loin des horreurs de la guerre il s’imprègne de l’océan tumultueux et magnifique ainsi que de la nature sauvage, hostile et tourmentée mais si belle. L’isolement lui pèse jusqu’à son mariage avec Isabel, ensemble ils coulent des jours heureux mais assombris par l’impossibilité d’avoir un enfant. Un jour un bateau échoue avec à son bord, un cadavre et un bébé bien vivant. Pour Isabel c’est un miracle, un cadeau céleste. Elle demande alors à Tom d’ignorer le règlement et de ne pas signaler « l’incident » pour garder l’enfant. Malgré ses scrupules et par amour Tom acceptera mais au fil du temps cette décision se révèlera lourde en conséquences. Ce roman interroge sur les liens du cœur et du sang, le bien, le mal, le mensonge, la vérité Ce roman de belle écriture, aux personnages complexes nous emporte entre empathie, jugement, pardon, passion, sans pathos exagéré.

Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du fardeau de l’humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l’avenir avec sérénité. « Toni Morrison ajoute une nouvelle pierre à l’édifice d’une œuvre […] au sein de laquelle elle ne cesse d’examiner, d’interroger les conflits et les changements culturels de notre époque. Délivrances est incontestablement un nouveau chef-d’œuvre. » Jane Ciabattari, BBC

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, a connu un tel succès. Mais comment est-il devenu un livre culte dans le monde entier ? C’est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l’enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. (Note de l’éditeur)

Vous voyez bien que vous n’avez pas d’humour. Je ne voulais pas vous le dire…Je ne voulais pas vous le dire parce que, tel que je vous connais, je savais que vous ne le trouveriez pas cela drôle, et que cela vous frapperait. Impressionnable comme vous l’êtes ! Même si c’est un transfert, (...)

Sunderson est un flic à la retraite, aimant la beauté majestueuse des arbres et les coins de rivières où les truites brunes tâtent à ces mouches. Trop de contradictions dans sa vie, trop d’alcool, trop de sexe, trop de violence. Tout se mêle et son univers est bousculé par la présence d’une famille infâme, de l’amour qu’il porte encore à son ex-femme. On entend dans l’écriture de Jim Harrison, le chaos de la vie et des pensées pèle mêles qui se bousculent dans nos têtes, l’envie d’être meilleur malgré nos petites lâchetés quotidiennes qui reviennent sans fin.

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