12 juin
Travail du sourcier
Travail d’agitation dans ce papier blanc ce papier aride travail de prospection (le chercheur d’eau) (comme les Fauves : sans savoir exactement où l’on va, on va en embrassant à la fois le papier et le monde - ce monde hurlant de terreur, courbaturé à force d’être bâillonné, et si calme pourtant je ne dirai pas : en réalité)
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Le rôle des mots
suivre une ligne parallèle à et donner l’illusion bienfaisante d’accompagner la respiration. (non de la remplacer, toute réflexion faite.)
les impondérables : air, circulation, respiration, etc.
Trop raréfié retrouver le goût de la violence physique.
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Jouissance bornée. Elle borne immédiatement. On ne peut pas écrire des poèmes qui donnent de la jouissance. Ils deviennent incompréhensiblement faibles, s’étiolent immédiatement. La nourriture visible répugne. Les racines, les sources doivent être invisibles. Pas d’odeur de nourriture. Dans le manque de satisfaction. C’est un travail à longue échéance.
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J’écris debout
tout dévale et pousse encore plus silencieusement
comme des cheveux
alors j’entre dans la broussaille du jour, qui m’écorche
quelques baies rouges
je vais, raclant la terre avec mon carnet
André DU BOUCHET : une lampe dans la lumière aride, Le bruit du temps 2011, pages 27, 46, 59, 166.