Il se tourna vers la galieriste, il lui devait une réponse.
- Non dit-il. Les tableaux ne me plaisent jamais.
- Ah, dit la galieriste. Elle souriait compréhensive comme si un enfant lui avait annoncé que plus tard il voulait être laveur de carreaux.
- Et qu’est ce qui ne vous plaît pas dans les tableaux ? demanda-t-elle patiente. A nouveau Jasper Gwyn se tut. Il pensait à cette histoire de pérégrination. Il n’avait jamais imaginé qu’un portait puisse être une manière de reconduire quelqu’un chez lui, justement il avait toujours cru que c’était le contraire, on faisait des portraits pour afficher une fausse identité et la vendre comme vraie, évidemment. Qui accepterait de payer pour se faire démasquer par un peintre et pour suspendre chez lui les traits de sa personne qu’il s’escrime à dissimuler tous les jours ?
- Qui accepterait de payer ? se répéta-t-il lentement .
BARICCIO Alessandro : Mr Gwyn, p 39