Parmi les nombreux livrets des éditions pré#carré, le désir de donner à lire deux extraits de textes, deux voix… choix arbitraire évidemment, partial aussi, deux coups de cœur.
5. peu à peu
à l’affût à l’écoute peu à peu à l’orée des lèvres au bord de l’abîme où flotte le poème
peu à peu dans les labyrinthes du chant
vous êtes là vous étiez déjà là
vous les parleuses vous les voix basses voix retenues voix interdites
vous étiez déjà là dans le berceau de mes oreilles
comme un chant de groseilles pressées contre les lèvres
(…)
14. peu à peu le monde est venu sur les lèvres venu des mots du dedans venu des mots du dehors les lèvres sont lisières clairières orée de la forêt des mots
peu à peu le monde est venu visage et d’autres visages (et le verbe embrasser est revenu du brasier du monde)
Michaël Glück : plus tard, encore, pré#carré n°75, décembre 2012
Chacun ici se tient dans cette disparition de soi du vent
chacun ici dans ce bruit qui s’en va
chacun ici passé
dans la brutalité
traversé par le dehors blanc dedans
ni mer ni sol ni rien que son seul encombrement
tandis que les autres là-bas
de chaque côté
du silence
tout paraît soudain
si ramassé
si joint
temps démoli
ciel en panne
on dirait de la vie à l’état pur
Ludovic Degroote : sans se retourner, pré#carré n°14, décembre 2000.