Je note que l’un de ses poêmes s’intitule « Arrêt sur images ». Ne parlons pas de poésie « figée » mais d’une poésie faite de « tableaux » qui se succèdent, se superposent, s’entremêlent, une poésie photographique, pour mieux saisir l’instant présent et l’inscrire en mémoire. De même qu’en photographie « les images » sont faites de constrastes entre lumière et obscur.
Image de la vie apparente, celle que l’on voit et celle que l’on ignore, qui reste un mystère.
Image du « dehors », celle du vivant, de l’énergie et celle du « dedans », celle de l’intime.
Image du temps présent, de l’ardeur de vivre, de la réalité et image du passé, du vécu.
Image des sentiments « extérieurs », la colère, les éblouissements, et image des sentiments « intérieurs », le désir, les angoisses, les refuges.
Image du « visible », la lucidité, l’instabilité et de l’invisible, l’insaississable, l’incontrôlable.
Image de la stabilité - référence à la maison : vaisselier, broderies, penderies, le rouet - et image du mouvement perpétuel, le vent, l’eau, les intempéries.
Image de « l’agir », la volonté, la force, le pouvoir de l’action et du « désir », du rêve, du bonheur, de la plénitude, de la sérenité.
Images colorées , tantôt sombres, tantôt lumineuses. Ses titres même s’intitulent : « Noir et Blanc », « Quadrichomie », « Noir ». Les noirs, les ciels de plomb, de brumes traduisent les sentiments d’angoisse, de peur, les « bleus céruléens », « la splendeur laiteuse des galaxies », le bonheur.
Les images à voir sont aussi celles de la nature à la fois familière, les lavandières, les blanchisseuses et, sauvage, la falaise, les toundras, les rocailles, les « lierres reptiliens »
Les images sont aussi celles des plantes, traduisant tantôt l’épanouissement « Circée magicienne », le temps, « Herbes de Saint-Jean » qui renvoit au calendrier, l’emprise, l’enchevètrement des choses, « le polypode scolopendre », le « lierre reptilien ».
Les images sont aussi celles des sonorités violentes, le vent, la mer, les cloches, les tourbillons ( ça craque, ça fourbit, ça pétrit, ça bourdonne) et douces, le bruit du ruisseau, du clapotis de l’eau, le chant du coucou.
De sa poésie il laisse imaginer un promeneur solitaire en situation permanente d’affrontement, comme un moyen de mieux se connaître, de se découvrir différemment. L’ observation qu’il fait de la nature, outre les images qu’elle lui évoque, n’a rien d’une contemplation, tout est toujours en mouvement. Sa poésie, certes charnelle, est physique, active, jamais en repos. Elle est une quête de l’action, du déroulement du temps, de la recherche de la signification des choses qui l’entourent, aussi bien dans l’environnement lui-même tel qu’il est, milieu vivant, fluctuant, évolutif, parfois imperceptible, mais aussi sentiments des choses de la vie éprouvées.
Lui seul en a le secret.