Cour
Poule poule poule picoraient dans la cour puis couraient quand je les pour suivais attiré par cette chouette couette coquette de couveuse au cul large et balourd tortillant des froufrous Pompadour
Quand à décoller s’embirelicoquaient plutôt les ailes à dizigvaguer de gauche pas droite vers l’appentis l’ancienne écurie ou le potager l’appentis rempli de bûches transformé en cabane de rondins pour me défendre contre mes soldats de plomb en position sous le vaste noyer l’écurie avec son établi où je taillais ficelais des radeaux à voiles que je lâchais sur 2 m de pataugeoire pour les canards
La cour était un long roman de 50m au moins mais ç’a été surtout mon cours préparatoire de poésie à poules chasser des boules de plumes qui ont si peu l’idée d’un sens qu’elles les prennent tous à la godille Fallait commencer par attraper le rythme insinuer l’entortilleuse en des détours moins tordus puis l’accélérer zou entre le bac à canards et une brouette mise exprès devant le noyer pour la diriger vers le tas de fumier elle l’escaladait si dératée qu’emportée par l’élan elle perdait au sommet les pédales bataillait des ailes dans le vide et passait en poussant des couacs à fendre le mur à ce niveau précisément qui s’effondrait pour atterrir dans les choux et patates des voisins où dénicher sûrement quelque beau ver si grand-mère alertée par les couacs ne courait déjà récupérer sa volaille avant de me tirer l’oreille poétique à force
Coq cocottes confinés tous les soirs dans un recoin de la cour clos de grillage près des lapins dans un clapier à étages et du pigeonnier pour les canards j’en rêvais parfois dans mon plumard
Jacques Demarcq : Avant-taire, Nous, 2013, pages 48-49