Nous n’écrirons pas ensemble mais j’écrirai pour vous

Sophie Poirier
Dimanche 14 juin 2015

Ateliers d’écriture. J’en ai animé. Très petits groupes ou classes entières. Des écritures de grands ou d’enfants. Chaque fois une surprise, au moins une. Chaque fois convaincue de l’intérêt de ce jeu. Mais il y a toujours eu la question suivante « Est ce un outil pour faire psychologie ou un entrainement pour faire littérature ? »

Extraits du texte paru dans la revue Parenthèse (septembre 2014)

…donner la chance. Aux lunaires, aux poètes, aux timides, aux habitués du dernier rangs, aux insolents, à ceux qui ratent et qui rêvent…

La dernière fois j’ai vu un Beaugosse ( c’était son surnom) avouer son désir de découvrir l’amour ; un joueur de jeux vidéos écrire mon texte préféré où ça dézingue dans tous les coins ; j’ai encensé deux désobéissants qui avaient tordu le cou avec panache à la consigne ; j’ai vu 15 adolescents, des garçons entre eux, se taire devant une lettre d’amour longue et romantique à un point ; et j’ai laissé tranquille celui qu’on emmerde tout le temps parce qu’il ne fait pas…

…Et leur foutre la paix pour une fois, c’était une façon de dire : avec l’écriture, on est libre.

…Une fois aussi on m’a embauchée pour « Faire écrire un livre sur le thème de la Cité à des jeunes qui vivent dans la cité, qu’il faut insérer et qui sont payés en échange de leur présence à ce beau projet pédagogique » : à la fin, on devait éditer le livre, on inviterait les élus du Conseil Régional autour d’un buffet pour fêter ça.

Pour moi se sont des mensonges. Ce livre ne les aidera pas à s’insérer.

Au bout d’une semaine, ils en avaient marre d’écrire sur la cité, ils ne rêvaient que d’en sortir…

…Se méfier du bon sentiment de l’atelier d’écriture

…Mais j’adore quand l’atelier d’écriture sert à mettre une graine à l’intérieur de quelqu’un.

Et un jour ou l’autre, même plus tard, ça pousse…

Voir en ligne : L’expérience du désordre/ Site de Sophie Poirier

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