Proposition d’écriture – Chronique /1/ - novembre 2013

traces de la résidence de Jean Luc Raharimanana en Pays de Massiac
Mercredi 13 novembre 2013 — Dernier ajout mercredi 7 février 2018

Jean-Luc Raharimanana sillonne le Pays de Massiac entre le mercredi 6 et le vendredi 8 novembre 2013. Au cours de ce séjour, il présente son spectacle de conte « Sakay » – 4 séances sont prévues – et il offre une lecture musicale de plusieurs de ses textes. La proposition d’écriture est une invitation à une première rencontre avec Jean-Luc, soit au travers de son spectacle de conte, soit au travers de sa lecture.

La proposition d’écriture de la chronique /1/ se déroule en trois étapes…

//1// Notations de l’instant

Dans un premier temps, il s’agit de collecter des notations. Notations de l’instant vécu, traversé. Notations de ce qui se vit / soit avant, pendant, après, l’un des spectacles de conte / soit avant, pendant, après, la lecture musicale. Le contenu de ces notations est évidemment propre à chacun. On tente de saisir ce qui fait l’ici et maintenant, ce qui dit du lieu, de la salle où l’on se trouve et du moment, de l’instant vécu. Ces notations peuvent regrouper des bribes de descriptions d’objets, d’espace mais aussi des éléments des personnes présentes, des regards, éventuellement des paroles… La contrainte est de s’interdire le « je », la présence de celui qui note doit, autant que c’est possible, s’effacer au profit des éléments visibles, perceptibles.

Pour vous donner une idée un peu concrète de ce que peuvent être ces notations, je vous invite à découvrir ce court texte : « Lundi 6 novembre 2006 Silhouettes noires des arbres. Un reste de lumière solaire. Quelques hachures de nuages, au ciel. Les yeux, ils doivent s’habituer à l’obscurité de la forêt. Ils scrutent entre les arbres, sans savoir, ni voir qui veille, derrière. Bruits d’une marche lente ? Non, clapotements d’un maigre ruisseau. Brefs chants d’une hulotte, plusieurs fois répétés, pour rejoindre la lisière du haut. Arrivée sur le pâturage, les pieds rencontrent le silence de l’herbe foulée. Silence sans vent. Douceur de l’air, à nouveau. Derrière, la lune ronde, posée sur un plateau, lumineuse, déjà. (…) » Odile Fix : L’autre face du froid, Paupières de terre

//2// Le souvenir d’une présence

L’idée de ce deuxième temps prend sa source dans un texte de Claude Simon, Les Géorgiques, pour s’en écarter, se décaler. Il s’agit de d’écrire une suite de phrases qui évoque Jean-Luc Raharimanana dans la rencontre qu’il nous a proposée, soit au travers d’un conte, soit au travers d’une lecture. Toutes ces phrases commencent par « Il a… ». Cette attaque permet divers prolongements : l’idée d’un état « il a le regard triste », d’une possession « il a un pantalon rouge » ou d’une action « il a téléphoné à sa voisine » / ces phrases ne sont que des exemples pour illustrer mon propos, il ne s’agit évidemment pas de s’inspirer de cette veine. Chacun peut ouvrir autant qu’il le souhaite les possibilités qu’offre cette attaque par « il a… ». L’idée est double. D’une part décaler dans le temps l’écriture, il s’agit ici non pas d’écrire dans l’instant mais dans le souvenir, dans la trace que Jean-Luc, devenu personnage, nous a laissé. D’autre part, par l’accumulation de ces phrases, il s’agit de faire émerger peu à peu une figure, un être singulier. Un être fait de mystère aussi, puisque jamais identifié précisément, simplement effleuré par le pronom personnel « il ». Il est vraisemblable qu’imperceptiblement chacun dans son écriture, approche Jean-Luc et s’en éloigne, que Jean-Luc prenne peu à peu la forme d’un personnage de fiction.

« Il a cinquante ans. Il est général en chef de l’artillerie de l’armée d’Italie. Il réside à Milan. Il porte une tunique au col et au plastron brodés de dorures. Il a soixante ans. Il est frileusement enveloppé d’une vieille houppelande militaire. Il voit des points noirs. Le soir il sera mort. Il a trente ans. Il est capitaine. Il va à l’opéra. Il porte un tricorne, une tunique bleue pincée à la taille et une épée de salon. Sous le Directoire il est ambassadeur à Naples. Il se marie une première fois en 1781 avec une jeune protestante hollandaise. A trente-huit ans il est élu membre de l’Assemblée nationale dans le département du Tarn. Pendant l’hiver 1807 il dirige le siège de Stralsund en Poméranie suédoise. Il achète un cheval à Friedland. En 1792 il est élu à la Convention. Il vote la mort du roi. Le 16 ventôse de l’an III il entre au Comité de salut public. Un rapport dit de lui qu’il est d’une santé de fer et d’un courage à toute épreuve. » Claude Simon, les Géorgiques, éditions de Minuit.

//3// La fabrication du texte

La proposition finale est simple : il s’agit de tisser, de coudre ensemble, les deux textes précédemment écrits. Peu de contraintes dans cette proposition, chacun construit, assemble, tricote en approchant au plus juste de ce qu’il a ressenti, vécu ou plus simplement envie de partager de cette rencontre. Il n’est pas obligatoire d’utiliser toute la matière collectée lors des deux premières étapes. On procède par choix, sélection, élimination. Simplement, on s’efforce de rester au plus près de la matière d’origine. Je veux dire, au plus près de la forme de la notation et de la reprise de « il a… ».

Le texte 3 peut être dactylographié puis adressé à l’association Tisseurs de Mots - tisseursdemots chez hotmail.fr. Le carnet commence ainsi à prendre forme, une première chronique s’est écrite… Retrouvez les textes déjà en ligne en cliquant ICI

Le rendez-vous : Cette proposition est présentée le mercredi 6 novembre, à 14h, à la médiathèque intercommunale à Massiac

Informations et contacts :

Communauté de Communes du Pays de Massiac : Fabienne CORTEEL : culturepaysdemassiac chez orange.fr - 04.71.23.07.11

Association Tisseurs de Mots  : tisseursdemots chez hotmail.fr

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