Proposition d’écriture – Chronique /2/ - décembre 2013

traces de la résidence de Jean Luc Raharimanana en Pays de Massiac
Vendredi 13 décembre 2013 — Dernier ajout mercredi 7 février 2018

Jean-Luc Raharimanana arpente le Pays de Massiac dimanche 1 et lundi 2 décembre 2013. Un séjour à l’écart de la vie du territoire, aucune rencontre avec le public n’est programmée, Jean-Luc visite des agriculteurs, des habitants pour qu’ils lui parlent de leur pays, de ses paysages, des oiseaux. Jean-Luc est en cueillette, en cueillette de matière pour sa propre création.

//Chronique 2// Présence au lieu, présence au temps

La piste pour cette deuxième chronique se déroule sur un temps unique d’écriture. Temps unique n’empêche pas une collecte (de matériaux) pour écrire. L’idée de la proposition s’inspire directement de la forme que choisit Marguerite Duras dans L’été 80 // voir l’extrait ci-dessous //. Marguerite Duras raconte ce qu’elle voit d’un lieu très particulier : Trouville, dans une actualité très particulière : celle de l’été 80, en suivant les péripéties d’un personnage particulier : un enfant silencieux en séjour en camps de vacances. Elle insère tous ces éléments les uns dans les autres pour fabriquer un texte « fleuve », sans transition, sans retour à la ligne, sans mot de liaison.

« La brume recouvre la totalité du ciel, elle est d’une épaisseur insondable, vaste comme l’Europe, arrêtée. C’est le 13 juillet. Les sportifs français vont participer aux Jeux Olympiques de Moscou. Jusqu’à la dernière minute on a espéré que certains n’iraient pas, mais son, cela s’est confirmé. Pendant un long moment ce matin une lumière de soleil s’est glissée entre la tempête et le vent. Deux heures. Et puis ça a été recouvert. On a retrouvé Maury-Laribière. Même si on m’incite au meurtre, même si on me montre Maury-Laribière pleurant aux bras de ses ouvriers, je le laisse en vie. Je ne tue personne, même pas Schleyer, même pas ceux qui tuent, jamais. Je vois que le crime politique est toujours fasciste, que lorsque la gauche tue elle dialogue avec le fascisme et avec personne d’autre, absolument personne d’autre, que la liquidation de la vie est un jeu fasciste comme le tir aux pigeons et que cela se passe entre eux, entre tueurs. Je vois que le crime quel qu’il soit relève de la bêtise essentielle du monde, celle de la force, de l’arme, et que la majeure partie des peuples craignent et révèrent cette bêtise comme le pouvoir même. Que la honte c’est ça. L’enfant qui se tait regarde toujours tout alentour de lui, la haute mer, les plages vides. Ses yeux sont gris comme l’orage, la pierre, la mer, l’intelligence immanente de la matière, de la vie. Gris, les yeux couleur du gris, comme une teinte extérieure posée sur la force fabuleuse de leur regard. On le laisse sortir de la tente, lui il ne se sauvera pas. On lui demande : tu penses à quoi tout le temps ? Il dit : à rien. A l’intérieur de la tente les autres chantent encore Les lauriers sont coupés. Dans la ville des gens rechargent les bagages dans les coffres des autos, la colère des chefs de famille se reporte contre les bagages, les femmes, les enfants, les chats, les chiens, dans toutes les classes sociales les chefs hurlent au moment des bagages, quelquefois tombent de hurler et en ont des crises cardiaques tandis que les femmes, un petit sourire de peur sur les lèvres, s’excusent d’exister, d’avoir commis les enfants, la pluis le vent, tout cet été de malheur. Il a plu hier toute la journée. » Marguerite Duras, L’été 80, éditions de Minuit.

Lors du rendez-vous à Massiac, le groupe d’écriture se rend dans le village de Molèdes pour rencontrer l’un des agriculteurs qui s’est entretenu avec Jean-Luc Raharimanana. La proposition d’écriture est donc la suivante. Tout au long du trajet, on glane, on cueille des éléments du paysage. Le mot paysage est à entendre dans un sens extrêmement large : il s’agit autant des éléments physiques que des présences humaines ou animales, des éléments météorologiques comme du patrimoine bâti. Pour vous donner une idée des paysages traversés, vous trouvez quelques photos prises au cours du parcours.

Pendant la rencontre avec l’agriculteur, on poursuit la collecte de matière, on récolte ce qui nous donne à toucher Jean-Luc Raharimanana par les yeux de cette personne. Il ne s’agit pas de toucher la vérité mais de poursuivre la fiction sur ce poète malgache qui traverse le Pays de Massiac. Le son de cette rencontre, très simple, dans le café épicerie de Molèdes, a été capté. Nous tentons de traiter cette captation et essayons d’insérer des bribes sur cette page dès que possible.

Enfin, on insère des éléments de l’actualité locale, régionale, nationale, internationale. On entend clairement dans le texte de Marguerite Duras qu’elle a un traitement très engagé de l’actualité. Pour l’atelier d’écriture, chacun est libre de se servir de l’actualité comme bon lui semble.

Avec tous ces éléments collectés, on fabrique un texte. La forme de ce texte est totalement libre. En revanche, on s’efforce autant que possible d’effacer les liaisons, les transitions entre les différents éléments que l’on intègre au texte. L’écriture permet d’entendre que tous ces éléments : moment, lieu, personnage, s’enchevêtrent complètement et que c’est la combinaison des trois qui permet au récit de prendre corps et de s’installer.

Le texte ainsi créé peut être dactylographié puis adressé à l’association Tisseurs de Mots - tisseursdemots chez hotmail.fr. Le carnet poursuit sa mise en forme, une deuxième chronique s’est écrite… Il est possible de retrouver les textes créés avec cette proposition : ICI

Le rendez-vous : Cette proposition est présentée le mercredi 11 novembre, à 14h 30, à la médiathèque intercommunale à Massiac puis au village de Molèdes

Informations et contacts :

Communauté de Communes du Pays de Massiac : Fabienne CORTEEL : culturepaysdemassiac chez orange.fr- 04.71.23.07.11

Association Tisseurs de Mots : tisseursdemots chez hotmail.fr

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