Proposition de Séverine Langlois

L’arbre est un autre
Jeudi 21 mai 2015 — Dernier ajout mercredi 27 mai 2015

Séverine Langlois anime la bibliothèque de Cusset et participe à l’association « le manège du cochon seul » et à Tisseurs de mots.

La proposition


Les textes


Texte de Véronik

Écorce grise divisée en deux le tronc

Grandes ramures hautes dans le ciel branchioles fines petites feuilles les unes contre les autres aériennes

Je ne touche pas l’arbre il est autre Je ne touche pas l’autre s’il ne le demande pas

Je sens la terre autour les pâquerettes légères

Si l’arbre dit faudrait-il qu’il parle Le son oiseaux, circulation, klaxons éternuement de ma voisine

Mais l’arbre inspire seulement le souvenir parce que fleurs autour comme ma grand-mère

Pâquerette Ma grand-mère comme un arbre qui ne peut pas mourir sauf…

Immobile cœur battant dégradation du temps putréfaction des chairs mais toujours immobile cœur battant

Aux pâquerettes se mêlent la véronique petite fleur bleue icône

Elles mourront bien avant l’arbre nourrissantes dans leur petitesse

Et l’arbre immobile bien en terre continuera de vivre.


Texte de Sabine

Base grise presque blanche qu’un lierre a entrepris d’envahir. Racines noueuses, entrelacs grimpant qui part vers la cime. Branches nues, tombantes. Puis premières feuilles sur branches ouvertes. Feuilles larges, ouvertes comme une paume de main.

Dans ma main, il n’y a rien. Rien de visible à tes yeux. Tu me regardes et tu ne penses à rien. Je ne suis pas un arbre à femmes. Mon tronc est un tronc, il ne te dit pas les racines qui installent chaque homme sur la Terre. Le lierre qui a entrepris de grimper n’est que lierre. Il ne te dit pas qu’on peut tenir debout malgré tout. Les racines noueuses qui se perdent en entrelacs savants ne sont que racines. Elles ne te disent rien des noirceurs qui peuvent ronger le cœur des femmes. Mes branches nues sont des branches. Ce ne sont pas les hanches qui s’offrent aux mains amoureuses. Mes feuilles ne sont que des feuilles. Elles ne sont pas des mains qui se tendent.

Je ne suis pas un arbre à hommes. Je ne suis rien de caché à tes yeux. Je suis un arbre. Tu me regardes et tu ne penses à rien.

Au sol, il y a de l’herbe tendre piquée de pâquerettes roses. Ce sont des pâquerettes qu’une main d’enfant pourrait glisser dans un verre, sur une table de cuisine. Et la main d’une grand-mère reconnaissante viendrait se poser sur la tête de l’enfant.

Non, regarde ! A mes pieds, il y a de l’herbe. Son vert n’est pas tendre, ni doux, ni joyeux, ni criard. Il est vert. Les pâquerettes ne sont pas fleurs de l’enfant. Ce sont celles que le PH du sol a permises.

Tu me regardes et tu ne penses à rien. Je suis arbre. Tu es paire de fesses endolories dans l’herbe humide. Tu te lèves. Tu défroisses ta jupe. Tu ne penses à rien. Je suis arbre. Tu es paire de fesses endolories.

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