Chaque nuit, au moment où je ferme les yeux, toutes les lettres du NONPOURQUOIPARCEQUE se tiennent la main, se déploient, se déforment, s’allongent démesurément, et forment une chaîne pendant que je cours de l’une à l’autre, tentant de passer sous la barre du A ou de sauter entre les jambes renversées des U. Mais elles finissent par tisser une masse aux entrelacs inextricables dans lesquels je m’emmêle lamentablement. Inutile d’insister, de chercher à comprendre, de manifester quelque révolte…
La main est posée sur le rebord de la fenêtre, entre deux barreaux. une main très blanche, presque opalescente, aux doigts très fins, aux ongles ras , veinée de bleu. Une main de femme reposant dans l’abandon du sommeil. La paume est retournée vers le haut comme un geste d’imploration. Il ne voit rien d’autre que cette main immobile mais souple, comme détachée d’un corps tapi dans l’ombre, une présence qu’il ne songe même pas à imaginer.