Les mots qui lui plaisent particulièrement, il les articule à mi-voix à plusieurs reprises, puis il les rumine longuement en silence. Quand Zelda est arrivée, il était en train de mastiquer le mot mégalithe. Elle s’étonne qu’il préfère la lecture de dictionnaires à celle de romans, ingurgiter des mots à sec plutôt que de se plonger dans une histoire. Babel répond avec son bon sens habituel qu’il est difficile d’apprécier un livre si on manque de vocabulaire. Et puis, les mots sont déjà des histoires à eux-seuls, ils viennent de loin, ils se sont transformés au cours du temps ; ils sont souvent composés de plusieurs éléments, beaucoup ont des significations différentes, certains sont pareils à des puits pleins d’échos. Il aime se pencher sur ces puits, en scruter l’ombre, en sonder la résonance, tenter d’apercevoir le fond, là où ça luit.
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