Toi mourant man au téléphone pernoctera pas voir papa. Le train foncé sous la pluie dure pas mourir mon père oh steu plaît tends-moi me dépêche d’arriver. Pas mouranrir désespérir père infinir lever courir - Main montre l’heure sommes à Vierzon dehors ça tombe des grêlons. Nous nous loupons ça je l’ignore passant Vierzon tu es mort en cet horaire. Pas mourir steu plaît infinir jusqu’au couloir blanc d’infirmières. Jusqu’à ton lit comme la loco poursuit vite vers Lyon la Part-Dieu. Jusqu’à ton front c’est terminé tout le monde dans la petite chambre rien oublier.
Serrements de mains toutes bonnes civilisées. Toi pas sonné, pas couronné. Moi dans mes plus lourds souliers que ton cœur plantée. Les lilas là là les galets c’est vrai au fond des grands vases. Rien qu’une alouette de vivante pour s’en aller.
Nous n’irons plus aux champignonsle brouillard a tout mangé les chèvres blanches et nos paniers. Nous n’irons pas non plus dans les cités énormes qui sont des baleines grises très bien organisées où nos cœurs se perdraient. Ni au cinéma ni au cirque, ni au café-concert ni aux courses cyclistes. Nous n’irons pas nous n’irons plus pas plus que nous n’irons que nous ne rirons pas que nous ne rirons plus que nous ne rirons ronds.
Le hangar sa tôle ondule avec du vent. En bottes c’est à mon père il y a ses traces de doigts sur les pinces coupantes et les nids d’hirondelles. Dogue et moi parmi les flaques sombres les grues au sommeil lourd - c’est ce qu’elles lèvent. Robe noire le cœur le cambouis bien cachés. Ta gueule dogue ta gueule dogue le jour va se coucher.
Tu n’écoutes plus rien si je parle plus bas. Ni tu n’entends plus rien des guêpes qui s’occupent de piquer les lilas. Ni n’en vois la couleur ni celles que j’ai sur moi. Ces bottes sont faites pour marcher tu ne chantes plus ça. C’est de la haute fidélité ton silence m’arrête là.
Valérie Rouzeau : Pas revoir, la Table Ronde 2010, pages 13, 14, 25, 26, 40.