Proposition
§ Démarrer une collection de mots sur ce qu’évoque le vent. Placer les mots librement sur une grande feuille. Se laisser porter par le vent, ses caprices, ses douceurs, son élan, son rythme, sa voix, ses accents, ses chuintements, sa musique…
§§ Procéder en étoile autour de chacun des mots de sa liste, associer à chaque mot un ou plusieurs autres pour leur sonorité, pour leur sens associé (ou bien opposé) ou tout simplement parce que le mot surgit sans raison apparente.
§§§ Distribution à chacun d’un extrait de différents poèmes de Henri Droguet. Lecture de ces textes. Puis, lecture d’un extrait du texte de Henri Droguet « Comment j’ai écrit certains de mes poèmes »
§§§§ Tenter de se glisser dans ce processus d’écriture initié par Henri Droguet, voir comment les mots s’agglomèrent pour former des blocs puis commencer à faire apparaître une organisation générale. Ne pas craindre l’absence de connecteurs, de mots de liaison.
Les textes
Tiède caresse douce et soyeuse étrangement sensuelle A peine effleurée peau, nacrée bronze patiné lèvres indigotées sourire désespérément caché moucharabieh de mousseline
souffle soupirant balayant le sol avant de s’élever impressionnant de hardiesse embrouillardant le ciel indigo masques farineux yeux hiboutieux sons assourdis oreilles enfumées de blanc intimité violée bouches assoiffées fermées vent passager du désert chaud
mortel
Monique
Il vent je
Un, ce fut doux doux et plume sur les cils et sur la joue
La blanche ne fait pas de bruit quand elle tombe
Ouate
Deux, ça flie, en haut Les nuages font la course Souffle, souffle Ainsi que les courses d’escargots Derrière le cris de Pascal,…mes cris Mais plus vite plus vite
Il vient fouailler la terre Il frappe il cingle il emporte
Les congères congénèrent. Les bourrasques plaquent en cataplasmes les fougères
Il force soulève déboulonne me désancre de la terre Il soulève comme on soulage Et il engoule le vent dans les narines
Apnée
ah ah ah inspire
Aspirée par la houle qui tourbillonne les flocons cyclonent
Le feulement la musique des éléphants dans la cave et Asaf Avidan en même temps C’est l’entremêlement des cheveux du méli-mélo du vent la fin
l’ensoleillement
Véronik Leray
Ecir, Sonorité royale, vent des montagnes Ça écire : Saupoudrage erratique de la route Neige ramassée, sculptures éphémères Siffle, souffle Les mots s’envolent, conversation impossible Soûle, prend le pouvoir Attrape par surprise, bouscule, pousse dans le dos Décoiffe, emmêle les cheveux Tumulte dans la cheminée, Intempestif.
Christine
Va-t-il se taire enfin terrible persiffleur atterrant
Pas quand souffle flagorneur frémissant doucereux affraîchissant remplace soda light diabétisant
Mais quand bourrasques bourrues il s’emporte en fureurs de gamins contrarié contre-allées contre-venues Quand tout craque le bois en planches les os satures le bois en branches sapinières parcourues de gémissures aiguës lancinantes continues Quand bong énorme choc quelque chose contre embarcassé concassé embourasqué tout est brisé c’est pas pur brise d’après voisin
Restes épars partout envolés retombés
Dans bouche open comme maison main tenant plus un son c’est sûr
Simple pressentiment d’être couineur cochon en cours de dévoration par loup à crocs qui croquignole porcs en pâture
igor
l’écrit du vent
égrène sème tes vers en éclats de verre arrime tes mots tempêtes invente ton tempo contre marées VENT valse à contre temps
VENT vantard tu cavales tu mûgis
ci-gît charivari méli-mélo en météo
la venture s’essouffle en déchirure
tu éventes tu inventes tu éventres
engelure sous fourrure
tu glisses
de brise en bise blizzard hagard
tu t’époumonnes tu m’époumonnes
seras-tu mon époux ? ou mon épou van table épou van tail ?
cruel duel mortel
qui de nous deux aura le dernier mot ?
Vent mot doux caresse avec e seule voyelle trompeur arnaqueur harnacheur ce vent beuglant comme taureau en rut gémit rugit mugit
en burle sur plaine venteuse d’Auvergne
en mistral rhodanien magistral maître en rafales maître avant le fleuve
en bise lémanique sèche mordant aigre claque multiple coup de fouet entre deux rives sur un pont dit du Mont Blanc
février mars mois de ventôse frilosité fêlure gerçure sous la fourrure
pendant que l’abeille ventileuse dans la ruche frileuse sous les assauts omnipotents cherche un paravent
vent du large vagues s’érigent en crêtes dentelle
vent charrieur de feu
sirocco des sables intransigeant omnipotent s’immisce entre interstices
vent d’est sécheur de ciel et de terre harmattan quand tout devient gris sous soleil opaque sous soleil jaunit
vent multiple qui exaspère qui miaule comme chat de gouttière qui balaie comme bonne à tout faire qui soulève chasse disperse charrie
vent tu m’entends ? qui de nous deux se vantera du cri le plus strident ?
Rolande