L’écriture… divagations…

Mercredi 3 mai 2023

L’écriture… un mot que nous employons si souvent et qui évoque un style, une langue, une façon de dire et souvent de se dire. Le mot pourtant ne désigne pas que cela, il parle de signes aussi, de ces signes qui nous permettent de nous faire comprendre, et de lire ce que d’autres ont écrit. De donner et de recevoir donc. L’écriture est un échange et en ce sens peut-être parle-t-elle de fraternité.

création ChantalC

Quoiqu’il en soit n’est-ce pas extraordinaire qu’une pincée de ces signes calligraphiques, et quel qu’en soit le support (papier, parchemin, tablette d’argile, papyrus …) puisse traduire une pensée, une émotion, une demande, et tant d’autres choses.

Parmi les supports, ne pas ignorer les parois de certaines grottes préhistoriques. Ces mains positives, négatives, qu’on y voit, peut-être était-ce là encore, une façon de se dire, de témoigner, de laisser une trace. Ces mains émouvantes, venues de si loin, seraient-elles comme un balbutiement de l’écriture ? Nous ne le saurons peut-être jamais.

La naissance de l’écriture, en tant que signes, relève un peu du miracle. L’écriture d’ailleurs, fut parfois sacralisée. La Bible, le Coran, pour ne parler que d’eux : leurs écrits sont pour les croyants tissés de sacré. Alors comment ne pas regretter que nous qui sommes des êtres de communication, d’échange, de langage, nous ayons laissé mourir, disparaître tant d’écritures. Il n’en reste dit-on, plus qu’une trentaine et certaines sont en sursis…

Sans compter celles que nous ne savons toujours pas déchiffrer : certains glyphes de l’Amérique précolombienne intriguent encore les chercheurs, fait rêver les ignorants dont je suis, le mystère qui entoure les quelques écrits de l’île de Pâques. Saurons nous un jour déchirer ce voile de silence qui les recouvre ? Merci à ces archéologues qui au bord du Nil ont décrypté une langue disparue depuis des siècles, qui ont déchiffré avec passion ce qu’ont voulu dire ceux qui vivaient là cinq mille ans avant nous… Peut-être y avait-il aussi dans la démarche de ces archéologues la fascination induite par la beauté des hiéroglyphes. Étonnante beauté des écritures…

Beauté de l’écriture arabe, si élégante avec ses courbes, sa souplesse, ses arabesques. Il suffit parfois d’un mot et un calligraphe arabe peut en faire une œuvre d’art. Certaines copies du Coran sont de pures merveilles, comme le sont aussi certains manuscrits médiévaux, souvent issus des monastères, mais pas toujours.

Beauté des caractères chinois ou japonais, avec leur grande diversité et la complexité de leurs assemblages. Complexité et poésie souvent entremêlées car je me souviens d’avoir lu que le mot automne, par exemple, est composé de deux signes : céréales et feu. Cela signifie à peu près « temps où les céréales ont la couleur du feu ». Dire autant avec seulement deux caractères, et le dire si poétiquement : nous voici loin de notre écriture alphabétique si utilement rationnelle. C’est, je crois, que l’écriture dit quelque chose de la culture singulière qui la porte. Ainsi de l’écriture Tifinagh, multimillénaire, née dans les pays de sable, et souvent écrite sur des roches friables, sur le sable, effacée par le vent. Ne parle-t-elle pas du nomadisme des touaregs et de la poésie qui s’attache à l’éphémère ?

Néanmoins si notre écriture alphabétique, venue des Phéniciens, est partout utilisée dans le monde c’est que ce système est d’une grande ingéniosité. Il a permis d’aller plus loin que l’oralité, il a permis une sorte de fixité, de mémorisation : il a surtout permis à l’origine de tenir des registres commerciaux, sans doute de rédiger des décrets et des lois, mais aussi des histoires. Sans l’écriture du bassin méditerranéen que saurions nous de Gilgamesh, de l’Iliade, du Cantique des cantiques, pour ne citer qu’eux parmi tant d’autres. Alors, écrire… et penser parfois à ces lointains ancêtres, inventeurs de l’écriture grâce auxquels nous pouvons raconter nos rêves, nos souvenirs, exprimer nos révoltes, nos doutes, nos désirs etc… et même écrire des poèmes d’amour.

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