Camilla Läckberg : le princesse des glaces

Jeudi 29 août 2013 — Dernier ajout jeudi 22 août 2013

Née en 1974, Camilla Läckberg est l’auteur d’une série de romans policiers – tous parus ou à paraître chez Actes Sud – mettant en scène le personnage d’Erica Falck et de son compagnon le commissaire Patrik Hedström. L’intrigue se situe toujours à Fjällbacka, ancien port de pêche de la côte ouest en Suède, reconverti en station balnéaire, qui sous des apparences tranquilles cache de sordides relations humaines. note de l’éditeur

Patrik avait le cœur étrangement léger et il grimpa quatre à quatre l’escalier de chez Dagmar Petrén. Arrivé en haut, il fut cependant obligé de souffler un instant, plié en deux les mains sur les genoux. Il n’avait plus vingt ans. La femme qui ouvrit la porte non plus, définitivement. Il n’avait rien vu d’aussi petit et fripé depuis la dernière fois qu’il avait ouvert un sachet de pruneaux. Penchée et courbée comme elle l’était, elle lui arrivait à peine au-dessus de la taille, et Patrik s’attendait à la voir se briser au moindre courant d’air. Mais les yeux qui la regardaient étaient aussi limpides et vifs que ceux d’une jeune fille.

  • Ne reste pas là à souffler comme ça, mon garçon. Entre donc prendre un petit café. La voix était étonnamment puissante et Patrik se sentit comme un gamin et la suivit docilement. Il résista à une forte impulsion de s’incliner devant elle et lutta pour maintenir l’allure d’escargot qui s’imposait pour ne pas doubler Mme Petrén. Arrivé dans le séjour, il s’arrêta net. Jamais dans sa vie il n’avait vu autant de pères Noël. Partout, sur la moindre surface disponible, des pères Noël avaient été posés. Des grands, des petits, des vieux, des jeunes, des pères Noël clignotants et des père Noël gris. Il eut l’impression que son cerveau passait à la vitesse supérieure pour arriver à gérer tout ce qu’il voyait. Il se rendit compte que son menton lui était carrément tombé sur le cou, et fit un gros effort pour le remettre à sa place.
  • Qu’est-ce qu’il en pense, notre petit monsieur ? Joli, non ? Patrik ne sut trop que répondre et il lui fallut un moment pour bégayer une réponse :
  • Oui, absolument. C’est fantastique.

L’ordinateur était déjà allumé et sur l’écran la texte était prêt à être retravaillé. Elle s’était levée tôt, une fois n’est pas coutume, et avait pu avancer pas mal. Quatre pages dans la matinée, ajoutées à son premier jet du livre sur Alex, et maintenant il lui fallait fignoler tout ça. Elle hésitait encore beaucoup sur la forme du livre. Au début, pensant qu’Alex s’était suicidée, elle avait eu en tête d’écrire un livre qui répondait à la question « pourquoi ? » et qui pencherait du côté documentaire. Maintenant, le matériel prenait de plus en plus la forme d’un polar, genre qui ne l’avait jamais particulièrement attirée. C’étaient les gens, les relations entre eux et leurs fonds psychologiques qui l’intéressaient, et à son goût, la plupart des polars laissaient cela de côté pour privilégier les meurtres sanglants et les frissons dans le dos. Elle détestait tout ce qui était clichés et sentait qu’elle voulait écrire quelque chose d’authentique. Quelque chose qui essaierait de décrire pourquoi une personne pouvait commettre le pire des péchés - retirer la vie d’une autre personne. Pour l’instant, elle avait tout écrit dans l’ordre chronologique en restituant avec exactitude ce qu’on lui avait dit, mêlé à ses propres observations et conclusions. Elle devrait opérer des coupes dans ce matériel. Le resserrer, pour arriver le plus près possible de la vérité. Elle n’avait pas encore voulu penser à ce que serait la réaction des proches d’Alex.

Camilla Läckberg : le princesse des glaces, Babel noir, 2012 (Actes Sud 2008) pages 192 -193 et 146-147

Vos témoignages

  • michelle foliot 5 février 2014 14:13

    2e §

    Est-ce que le roman « raconte » ou « décrit » ?

    Raconter me semble se rapprocher plus de la fiction (hypothèses possibles) ; Décrire se doit d’être plus près du réel (dire les faits - avec exactitude).

    L’objectif n’est-il pas d’atteindre la vérité, l’authenticité ? Toutefois, selon la difficulté du sujet à être « dit », on ne « parlera » pas de la même façon, d’Histoire, d’un évènement, de l’existence, du bonheur, des passions, de nos doutes, de nos frustrations, de nos souvenirs, du passé, du futur, de l’inconnu, du connu etc..

    « Ecrire », est une manière d’exister.

  • michelle foliot 5 février 2014 11:28

    1er §

    On y trouve les thèmes du conte : la peur, la séduction, le merveilleux.

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