Les participants :
Nous nous estimons entre 150 et 200 personnes à nous être lancés dans cette aventure du Journal d’un confinement. Quelques unes et uns ont arrêté en cours de route et d’autres nous rejoignent chaque jour. Nous n’avions pas imaginé un tel engouement et cela nous réjouit.
Nous sommes aussi très heureux de ne pas savoir qui, combien, où, participent, heureux que ce dispositif nous échappe et qu’il soit pris en charge par chacune et chacun de vous, librement // y aurait-il un besoin de liberté en ces jours étranges ? //
Plusieurs d’entre vous ont formé un petit groupe et s’échangent leurs textes chaque jour. C’est un bon moyen de se stimuler et de donner sens à son écriture quotidienne. C’est aussi un moyen de reprendre son texte, de le relire à tête reposée et de découvrir une espèce de chemin en train de se tracer. N’hésitez donc pas à vous mettre en lien, nous vous incitons à ne pas dépasser cinq personnes pour éviter la surcharge des textes à recevoir et à lire chaque jour.
Les contributeurs et les propositions
Bien entendu, vous ne vous en rendez pas forcément compte… C’est à nos yeux l’un des grands succès de cette action. Nous recevons des contributions de personnes habitant différents coins de France, sans lien avec Tisseurs de Mots avant cette histoire de confinement, et, dont les idées sont foisonnantes et diverses. Certaines personnes nous informent même que c’est la première fois qu’elles inventent une piste d’écriture.
Celles qui ont contribué jusqu’à présent s’en sont rendues compte, je reprends chaque proposition, m’efforce de conserver au mieux l’esprit de la proposition et de faire des passerelles d’un jour à l’autre, de reformuler, d’élargir ou de resserrer la piste pour qu’elle s’intègre au mieux dans l’esprit de ce Journal d’un confinement.
Dans la plannification des propositions d’écriture, nous privilégions pour l’instant les personnes dont c’est la première proposition.
Un grand merci donc.
L’enjeu d’écriture
Les personnes qui nous connaissent savent que nous essayons de mettre beaucoup de sens dans nos propositions et de les tramer avec des enjeux littéraires.
Après ces jours à écrire, nous voulions partager avec vous ce que nous mettons au travail jour après jour. Comme lorsqu’on traverse une rivière, nous avons besoin de pierres stables pour assurer chaque pas. Notre pierre à nous, c’est un livre de Pierre Bayard : Comment parler des livres qu’on n’a pas lu ?
Derrière ce titre un peu provocateur se cache un questionnement sur les gestes du lecteur. Nous n’avons pas forcément tout compris à cet essai, nous avons brassé les pensées de Pierre Bayard pour tisser nos propres hypothèses et travailler notre propre recherche : Qui écrit le livre ? L’auteur ou le lecteur ?
L’hypothèse est dans la question, nous souhaitons expérimenter ce geste créateur du lecteur, sa capacité à (ré)écrire le texte contenu dans le livre. Chaque jour, vous écrivez - au sens le plus strict - le livre que vous avez choisi.
Ainsi, pour celles et ceux que notre questionnement intéresse, stimule, excite, nous vous invitons à laisser se frotter entre eux les fragments explorant la présence, à coudre, découdre, resserrer, étirer, la matière accumulée au fil des jours. Vous parviendrez peut-être, en tous cas nous l’espérons, à voir le livre se dessiner, celui de l’auteur certes mais aussi celui du lecteur.
Nous sommes enfin très attachés à une dernière chose : la proposition d’écriture reste une proposition. N’hésitez pas, n’oubliez pas, de décaler, d’ouvrir, de compléter, voire de trancher pour faire de votre journal : votre journal. La proposition invite, autorise, facilite et celle ou celui qui écrit, écrit. Dans tous les sens du terme.
Qui se cache derrière l’écran ?
Derrière ce dispositif, il y a un collectif. Il y a aussi une personne qui s’efface derrière ce collectif pour lui permettre de se déployer ; une personne qui travaille à la fabrication de ce Journal d’un confinement parce que ça l’aide à avancer, pas après pas, dans l’étrangeté de ses jours.
Pour ces quelques lignes, il me faut apprendre à dire « je ».
Vous dire que tous les jours ne se ressemblent pas,
que certains brassent plus d’inquiétude que d’autres,
que « je » lutte contre cette peur du vide - temps ouvert chaque jour devant moi,
que « je » me lève parfois le matin avec le ventre noué,
et qu’il y a toujours un éclat, une surprise, une voix pour illuminer la journée.
C’est-à-dire,
vous dire que nous sommes un peu tous dans cette même barquasse branlante au moindre courant. Et que c’est sans doute cela, être vivant…
« Je » vous souhaite de continuer à prendre plaisir à cette aventure.