Un son, ou quelque chose comme un son, et qui existait, une chose vraie. Qui naissait, grandissait, vivait. Une chose vraie et infiniment belle qui se mouvait dans l’air de la salle. Une plainte. Une angoisse qui se transformait tout à coup en une grande allégresse. Qui marchait, courait, dansait. Un son de bonté, qui se muait en douce joie. Un son de gloire et de stupeur. Un son qui existait très, très fort L’air remplit d’un miracle invisible. Un secret profond, qui nous traversait. Une émotion qui se poursuivait jusqu’où l’on ne peut imaginer. La vie concentrée, répétée. Un moment auquel on n’était pas sûr de pouvoir survivre. Des réminiscences de vie et l’explication de la vie, simples. Le mystère le plus impossible et la révélation la plus claire. Des couleurs : blanc, bleu, vert, blanc, lumière, noir, bleu, ciel, blanc. Aucune couleur. L’eau. Le silence, parlant la langue de la transparence avec la voix des matins. Un son ou quelque chose comme un son, une chose vraie. Tout cela et rien de tout cela, c’était la musique.
Les deux mots les plus fréquents sur ces pages écrites avec son corps étaient amour et mort. Sur une ligne où ils se trouvaient côte à côte, je les regardai fixement et vis qu’ils se mêlaient. Au son du tonnerre criant toute la furie d’une souffrance noire, ces deux mots se mêlèrent devant mes yeux et sur la page, et les lettres changèrent de place : amour mort, amourmort ammoourt, maomrourt, mouratmort, mortamour, mort amour.