Katia Bouchoueva : Tes oursons sont heureux

Lundi 18 mai 2015 — Dernier ajout dimanche 19 avril 2015

Katia Bouchoueva est une bourrasque - un orage - une rafale de mots 22 long rifle - calibre 76 - en pleine tempe - une aube de chien noir - une guise de route - qui aurait percé la brèche - igue chaude - du nomade intérieur -

  • Sa poésie dépasse du cadre - (comme le vent photographié) - elle est irrévérencieuse - loin des vieilles ficelles - vive entaille - dans le cercueil du vent brûlé - […] Katia dissèque les manies de la langue avec adresse - & - la défend par là-même - elle lui défend de se ramollir - elle la maintient debout -
  • Sa démarche est une tentative textuelle de relier des bouts de continents poétiques éloignés - de les rassembler dans une langue pulsée - expulsée - foulée - soufflée - mesurée - en y apportant sa propre terre… Préface de Pierre Soletti

Avril Racontez-moi comment ça se passe au mois d’avril, Comment se vivent le grands amours, comment s’en vont les petites copines et se retrouvent en un seul clic à mille lieux, mille lieux d’ici dans leurs refuges en papier mâché, dans les asiles psychiatriques autogérés. Je rêve, je rêve, je rêve, j’hallucine - avril. Je signe en bas de cette feuille verte, je laisse la porte ouverte. ça ne fleurit pas encore, certes, mais quand même, bravo : on a les yeux pleins de poussière et du pollen plein le cerveau. Alors, comment se font les deals ? Comment s’écoulent les nuits ? Comment se roulent les joints ? Racontez-moi comment ça se passe au mois d’avril. Et je m’en fous comment ça se passe au mois de juin. Comment se soigne les allergies. Comment personne ne réagit. Comment les filles tout effrayées écrivent des mails de l’autre bout du monde ou de la ville ou de la table. A leurs médecins, à leurs copains à leur printemps, à leur avril. Je prendrais bien la route, mais laquelle ? De quoi j’me mêle ? Si ces infos sont si confidentielles, le mois d’avril n’existe plus du tout, le mois d’avril prend les maquis et fout le camp. Mais vous êtes qui ? Pardon ? Mais vous êtes où ? Mais vous êtes quand ? En France, on est toujours en France. Dites, vous voulez une ordonnance ? Une ordonnance. Quand est-ce que ça se termine ? Quand est-ce qu’elles reviendront les petites copines de leurs refuges, de leurs asiles. Avril, avril…Et que l’on veuille ou non. Avril. Je rêve, je rêve, j’hallucine - avril. Je signe en bas de cette feuille. pages 44/45

Tic-tac

Tic-tac, tic-tac, tic-tac, tic-tac. Salut, sommeil. J’aime bien ta voix, j’aime ton chant et ta lueur. Sans s’arrêter : tic-tac, tic-tac, tic-tac, c’est mon réveil, accompagné par des cigales et par mon cœur.

Entre, mais ne touche pas pas ma douleur : ça coule, ça craque. Ça risque d’être répandu aux alentours. A la question : tic-tac, tic-tac ? Réponds : tic-tac, tic-tac ! Comme si c’était la langue de tous les jours.

J’espère que tu n’es pas contre cette douce attaque. Les cheveux des gens, l’herbe de la terre, écoute, ça pousse : de cette manière réglée et stricte : tic-tac, tic-tac.

tic_tac, tic-tac, tic-tc, tic-tac. Bonne nuit à tous. page 78

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