Mon cœur me lance
Sur mon passage
les arbres se penchent
le ciel m’étreint
Je suis bleue d’impatience
Le vent se charge de moi
toujours
Je vais dans le jour
mes bras sages dans le sac de jute
Je colle mon œil ma joue
dans le creux de l’arbre
Dans le noir de son corps
j’entends des sanglots
J’enfonce les deux mains
dans le vide de l’arbre
Je fouille l’air
je fouille le noir
j’avale l’air
j’avale le noir
je mords ma bouche
Le soleil sur la chair froide de l’arbre
c’est l’absence qui bat
un soupçon d’être humain
Je sens le chaud sous l’écorce
là où remue un peu de lumière tendre
Pourtant le bleu du ciel
ne vient pas jusqu’à moi
Je suis face à l’arbre
mon guerrier de lumière
un oiseau posé sur sa blessure
L’entaille du temps
Je ne bouge pas
Dans l’ignorance
du nom de l’arbre
du nom de l’enfant
Je deviens analphabète
L’oiseau cache la misère
Paola Pigani : La renouée aux oiseaux, La boucherie littéraire, 2019, pages non numérotées.
D’autres extraits des recueils de Paola Pigani sont à découvrir sur le site des Tisseurs de Mots :