Journal d’un confinement
L’idée : se saisir d’une situation – le confinement imposé par la crise sanitaire – pour en faire un objet de création.
Chaque jour, une proposition d’écriture assez simplifiée est publiée sur cette page du site de Tisseurs de Mots. Une proposition d’écriture par jour, c’est donc à l’écriture d’un journal que nous vous invitons ! Les propositions tenteront aussi de laisser surgir quelque chose de l’air du temps, de notre présence au monde et de la présence du monde en nous.
En plus de l’écriture quotidienne, nous vous invitons à prendre une photo chaque jour, si possible une photo qui ne répète pas le texte, qui, au contraire ; le complète, pose un autre regard sur le jour passé.
La participation est libre et gratuite, quotidienne ou ponctuelle.
Presque toutes nos propositions prennent appui sur un livre que vous choisissez : un livre d’au moins 250 pages dans sa bibliothèque, qu’on n’a jamais lu ou dont on ne se souvient plus.
Nous n’organisons pas le partage des textes, il est possible de retrouver quelques journaux sur les blogs de participants - cliquer ici - (et on peut ajouter le vôtre) ou sur la page Facebook des Tisseurs de Mots.
Si vous démarrez votre Journal d’un confinement, nous vous invitonsà lire cette page - cliquez ici - elle permet de clarifier beaucoup de points d’organisation du projet.
Comme d’habitude, on expérimente, on ne sait pas où on va, peut-être qu’on n’ira pas très loin.
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
Dimanche 10 mai
// Nous avons reçu beaucoup de contributions ces derniers jours pour notre éphéméride collectif de confinement. Il nous manque encore pas mal de jours. Vous retrouvez les conditions de l’appel à contribution ainsi que les jours manquants ici. Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore lu, vous trouvez nos rêves de prolongements ici.
Même si vous n’avez écrit qu’un jour, vous pouvez nous transmettre votre texte. Si vous vous posez des questions, si vous n’osez pas, si vous souhaitez échanger avec nous avant de nous transmettre quelque chose, vous pouvez prendre contact avec nous de préférence par mail (tisseursdemots chez gmail.com) ou par téléphone (06 65 91 27 02). //
Dernier jour. C’est le lot des aventures de se refermer. Ce qui ne signifie pas la fin du voyage, pas la fin de l’écriture du journal. Simplement, sur la carte entre nos mains, les signes et indications s’arrêtent là. Soyons sûrs que les jours prochains nous apporteront matière à écrire eux aussi et nous espèrons retrouver alors l’énergie des mots.
Car, il n’est pas certain que demain soit si différent d’aujourd’hui.
Demain, nous aurons encore besoin de décaler le réel pour ne pas regarder le nombril de nos insatisfactions, nous aurons encore besoin de trouver autour de soi, des signes que la vie est vivace et résistante. Ainsi, ces narcisses et boutons d’or pour éclairer aujourd’hui.

Demain, nous gagnerons une petite zone de liberté dans nos sorties. Oublierons-nous pour autant ceux qui resteront coincés dans leurs intérieurs ? Notre expérience nous rendra-t-elle plus sensible à ce que traversent d’autres ? Réussirons-nous à nous élargir plutôt qu’à nous ratatiner autour de notre petite personne ? On dit que la lecture et que les œuvres de création élargissent notre rapport au monde… alors : lisons !
Enfin, demain, les lieux de culture resteront fermés et seront parmi les derniers à rouvrir. Pourquoi ? Parce qu’ils sont incompatibles avec la distanciation sociale. Et c’est heureux ! Il existe des espaces où les relations et les contacts entre les femmes, entre les hommes, sont essentiels. Et ces espaces, ce ne sont pas les commerces mais les lieux de culture. Nous ne sommes pas Tisseurs de Mots pour rien, nous sommes profondément convaincus de la nécessité de tisser des liens humains et que c’est un effet secondaire des ateliers d’écriture et des actions culturelles en général.
Pour que la culture continue à jouer son rôle, elle aura besoin de notre soutien, de notre présence au théâtre, cinéma, concert, danse, salon du livre… Elle aura aussi besoin de lancer des initiatives en toutes directions pour toucher les publics et exciter notre désir de liens. Et nous, Tisseurs de Mots, continuerons à inventer des dispositifs de culture vive. Nous continuerons à encourager - voire à participer - à ceux que d’autres impulserons… Peut-être vous ?
Nous vous souhaitons des belles énergies et un soupçon de léger pour traverser les jours à venir.
Proposition du jeudi 7 mai
Avant de vous présenter la proposition surprise du jour, nous renouvelons notre désir de réaliser un éphéméride qui retrace toutes ces journées de confinement au travers de la présence de chaque participant / participante du Journal d’un confinement. Vous retrouvez dans l’appel à contribution - cliquez ici les détails techniques pour envoyer votre contribution. Nous allons essayer d’indiquer dans cet article les jours qui nous manquent pour couvrir toute la période de confinement, si chacun la consulte, nous éviterons les doublons… Si vous avez un souci, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.
La proposition du jour est ludique, elle a été fabriquée par Hélène L. qui vit dans le Gard.
De toutes les dépenses des ménages, une seule n’a pas diminué : les dépenses alimentaires. « La nourriture, c’est la base pour le moral des troupes dans un bateau » me disait une amie. Alors, nous sommes plusieurs à cuisiner et nous pourrions faire un pas de côté pour cuisiner les mots pour renouveler leur saveur.
Nous allons rassembler quelques expressions utilisées en cuisine ou ayant un lien avec la nourriture (comme par exemple : « en faire tout un plat », « être pisse vinaigre » « mi-figue, mi-raisin »…). Certaines de ces expressions seront peut-être déformées, la mémoire est parfois imprécises, ce n’est pas grave, nous gardons aussi. Nous écrivons donc un premier fragment dans lequel on utilise deux ou trois de ces expressions.
Savons-nous ce que nous disons quand nous le disons ? Et question encore plus actuelle : Ce que l’on dit est-il ce que l’on sait ? Nous écrivons donc un second texte fragment dans lequel on détourne les expressions pour leur faire dire autre chose.
Belle écriture pour ces jours…
Un peu partout, le confinement se détend progressivement. De plus en plus de personnes ont repris les déplacements pour se rendre au travail… Malgré ces contraintes, efforçons-nous de finir la traversée de ces jours avec notre journal, jusqu’à dimanche… Dimanche où nous mettrons en ligne un dernier message pour maintenir le fil de ces jours avec chacun de nous.
Propositions pour la semaine du 4 au 10 mai
Cette fois-ci… nous lâchons un peu plus la bride… nous nous préparons à cette poursuite d’écriture autonome du journal avec le déconfinement…
Nous vous rappellons tout d’abord nos rêves de prolongements et la proposition bonus de la semaine passée.
Maintenant, passons au programme de cette semaine, un programme comme un repas au Flunch. Nous prenons un plateau et nous y mettons dessus ce que nous voulons !
Menu A : des propositions d’écritures longues
Voici quatre propositions réalisées par quatre animatrices d’atelier d’écriture :
Une proposition imaginée par Isabelle Jannot qui vit dans la Drôme.
Une proposition de Claude Couliou qui vit dans les Deux Sèvres.
Une proposition de Patricia Monbel qui vit dans le Puy de Dome. Une proposition de Véronique Le Milan qui vit en Haute Loire.
Pour télécharger la proposition, il suffit de cliquer sur l’icone, puis nous pouvons en faire l’écriture d’un jour, ou de plusieurs, nous pouvons tout prendre ou picorer, nous pouvons ne rien toucher.
Menu B : épuisement d’un lieu
C’est une invitation de Danielle F., qui vit en Seine Maritime, à suivre la trace de Georges Perec. Il s’agit d’une tentative d’épuisement d’un lieu. Nous pourrions choisir un lieu différent par jour (un lieu extérieur ou intérieur, urbain ou rural). Il s’agit d’observer avec un souci un peu systématique.
Georges Perec invite à noter précisément le lieu, l’heure, la date et le temps (météo), puis noter tout ce qu’on voit et se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus évident, le plus commun, le plus terne… Les contraintes que chacun pourra se donner dépendront du type de lieu choisi et de la possibilité de s’installer sur place pour écrire.
Ce qui serait intéressant, c’est de recommencer l’expérience dans quelques jours (ou semaines) quand le confinement sera moins strict.
Et puis en écho, nous pouvons lire Voyage autour de ma Chambre de Xavier De Maistre - cliquez ici, une sorte d’épuisement d’un lieu intérieur. L’auteur a écrit ce texte en 1794, alors qu’il est mis aux arrêts à Turin, un enfermement d’une durée de 42 jours – étrange correspondance – au cours duquel il écrit ce texte à raison d’un chapitre par jour (merci à Isabelle G. qui vit dans le Puy de Dôme pour cette découverte).
Menu C : à la carte.
Nous pouvons panacher, picorer de l’un à l’autre ou bien écrire dans la continuité de ce qui s’est écrit précédemment. Nous pouvons aussi piocher au hasard dans notre livre pour attraper une phrase, quelques mots ou une sensation.
Nous vous donnons rendez-vous jeudi 7 mai pour une surprise…
Beau début de semaine.
Proposition du dimanche 3 mai :
Sortir. C’est ce qui nous attend. Nous vous invitons à tourner autour de ce mot. Nous listons toutes les expressions – traditionnelles ou inventées par nos soins – impulsées par ce verbe sortir.
Par exemple : « sortir des sentiers battus ».
C’est par l’accumulation – peut-être aussi par la répétition – que nous esquisserons quelque chose de notre désir, de nos attentes vis-à-vis de ce sortir.
Nous jouerons aussi sur le rythme, limitant certaines expressions à quelques mots et étirant d’autres expressions pour les déplier davantage.
Beau jour.
Proposition du samedi 2 mai :
Cette proposition a été initiée par Marie-Eve F. qui vit dans l’Essonne.
D’ici quelques jours, nous pourrons errer plus librement dans des lieux… Nous pourrons aussi lire le livre si on en a envie sans plus attendre. Et si lors de ces promenades, nous étions confrontés à un événement insolite, imprévu, fantastique ? Si nous laissions le réel basculer dans de l’improbable ? C’est la piste du jour, un court fragment ancré dans le réel – évoqué par notre environnement personnel ou par notre livre – et puis un glissement dans l’onirique ou le fantastique, dans l’insolite ou l’inattendu.
Beau jour.
Proposition du vendredi 1er mai :
Pas de muguet mais cette fleur découverte en sous-bois pour un clin d’œil à ce 1er mai.
Aujourd’hui, la proposition a été imaginée avec Madeleine G. qui vit dans l’Isère.
C’est de plus en plus sensible, une espèce de compte à rebours s’est enclenché, l’attente enfle d’arriver au 11 mai. Si nous-aussi, nous nous mettions à l’envers ? Nous vous invitons à entrer dans notre livre en prenant une page au hasard. Aujourd’hui, nous la lisons du bas vers le haut. Nous faisons le pari qu’apparaîtront des constructions, des associations de mots, étranges. Celles qui nous plaisent, nous les noterons. Et nous laissons flotter.
Des visions nous viennent ? Des évocations ? Des éléments concrets ? Des couleurs, des matériaux, des instantanés ? Notons. Et, lorsque la matière semble là, nous composons notre fragment en prenant appui sur cette langue bancale, déstructurée, suite à notre lecture à l’envers.
Beau jour.
Proposition du jeudi 30 avril :
Impulsée par la rencontre des univers de Florine V.E. et de Roger D. qui vivent dans le Puy de Dôme, nous savourons ces cases de Gaston Lagaffe.
Et si nous devions nous re-confiner dans quelques semaines ? Ah oui, un peu de dérision sur notre situation, c’est essentiel pour rester vifs ! Donc, si nous devions, comme Gaston, choisir un antre, le tapisser de livres, de musiques… et profiter simplement… Quels livres emporterions-nous ? Quelles musiques ?
Le chanteur Christophe, décédé au cours de cette épidémie de Covid19, reprenait en live, Les paradis perdus, écrite en 1973.
Cette chanson est construite en deux parties très différentes. La première, mélancolique, évoque une période en train de disparaître, nous avons exploré dimanche cette direction. La seconde, plus rythmée, rappelle toutes celles et ceux qui ont compté pour lui, ses racines, ses références.
Nous vous invitons à faire liste, une liste courte et tendue, de ces quelques références nourricières, qui vous accompagnent régulièrement et pourrait vous accompagner lors de votre prochain confinement.
Ce sera aussi l’occasion de faire une petite place au livre que nous lisons sans le lire, l’occasion d’en dire quelque chose, en un fragment lui-aussi très court et très tendu, dire les vibrations qu’il entretient avec nous – sans chercher ni à les magnifier, ni à les dévaloriser – juste tenter de dire l’intime qui se trame entre lui et nous.
Bon, reconnaissons que pour une proposition allégée, cela n’a pas bien fonctionné aujourd’hui… pas si facile de s’alléger.
Beau jour.
Proposition du mercredi 29 avril :
Un peu comme un pendant à la proposition de lundi, nous vous invitons à écrire un « numéraire ». Nous choisissons des nombres, ceux qui nous parlent, qui nous intéressent – peut-être qu’une dizaine de nombres serait un minimum pour faire texte – et nous associons à ces nombres soit un mot, soit un court fragment lié à nos jours de confinement ou à notre livre. Au moment de l’écriture, nous replaçons les nombres par ordre croissant, créant ainsi des frottements étranges d’un fragment à l’autre.
Beau jour.
Proposition du mardi 28 avril :
Cette proposition est imaginée par Françoise R. qui vit en Haute Loire.
Pour beaucoup d’entre nous, cette période a été l’occasion de se lancer dans un grand ménage, de trier ses affaires, de se débarrasser de « choses ». Nous vous invitons à choisir l’un de ces objets dont nous avons décidé de nous débarrasser – et si nous n’avons pas encore décidé de nous débarrasser de quoi que ce soit, ce sera l’occasion d’y réfléchir – et nous confierons cet objet à la présence de notre livre. Ainsi, il s’agit d’écrire un fragment, un court passage qui s’inscrirait dans les pages non lues de notre livre, à l’intérieur duquel notre objet prendrait place, aurait une nouvelle vie.
Pendant ce temps-là, un de mes jours (pffft…) s’est échappé pour se glisser dans les poèmes du confinement du Collectif Pou, alors pour les curieuses et curieux, c’est ici.
Beau jour.
Proposition du lundi 27 avril :
Vous avez lu « nos rêves de prolongements - cliquez ici » ? Nous vous avions promis des surprises… Voici la première : une proposition d’écriture bonus – cliquez-ici – une proposition pour éclairer la recherche (participation libre et facultative, évidemment).
Pour commencer notre semaine de « courtes propositions », nous vous invitons avec Pauline O. G. qui vit dans les Bouches du Rhône à élaborer un abécédaire à l’intérieur duquel s’entremêlent des entrées liées à nos journées de confinement et d’autres liées à notre livre. Lettre après lettre, nous tenterons de faire émerger une cohérence d’un trajet qui, depuis le 13 mars, nous a conduit jusqu’à aujourd’hui. Pour deux ou trois entrées, nous déplierons le mot choisi. Nous lui donnerons une définition non pas académique mais tout à fait singulière de notre expérience.
Beau jour.
Proposition du dimanche 26 avril :
Avant d’en venir à la proposition, nous vous invitons à découvrir nos rêves de prolongements – cliquez-ici. Nous avons beaucoup de choses à nous dire : le programme de la semaine prochaine, celui de la semaine suivante, nos rêves… Même si le temps nous paraît long parfois, il file et l’échéance du déconfinement, de l’arrêt du Journal d’un confinement, pointe le bout de son nez.
Cette proposition a été fabriquée entre entrelaçant les pistes créées par Elisabeth C. qui vit en Haute-Loire et Christine G. des Bouches du Rhône.
Nous pourrions commencer la journée par de la musique, « Auf dem Wasser zu singen » de Franz Schubert, interprété par Barbara Bonney.
Ce lied évoque le roulement de nos jours, leur basculement et leur disparition, ainsi se termine-t-il d’après la traduction du site La coccinelle – cliquez ici :
Ah, le temps disparaît sur une aile de rosée
Pour moi, sur les vagues secouées ;
Demain, le temps disparaîtra avec des ailes miroitantes
Une fois de plus, comme hier et aujourd’hui,
Jusqu’à ce que je, sur une aile hautement plus rayonnante,
Disparaisse moi-même dans le temps changeant.
Lors d’une récente intervention, M. Blanquer, ministre de l’éducation nationale annonce « nous avons perdu entre 5 à 8% des élèves ». Étrange façon d’exprimer qu’ils manquent à l’appel.
C’est l’une des caractéristiques de notre confinement, d’entraîner de nombreuses pertes, d’ouvrir en nous des manques. Nous avons perdu la liberté de circuler, de nous réunir, d’aller au restaurant ou au cinéma. Beaucoup ont perdu une partie de leur salaire. D’autres se réveillent chaque matin avec la crainte de perdre leur entreprise ou leur travail. Au fil des semaines des hommes et des femmes disent avoir perdu la notion du temps, parfois même le goût et l’odorat. Chaque jour, s’égraine le nombre de celles et ceux qui ont perdu la vie…
Nous avons tous une personne ou un lieu, précis, singulier, qui nous manque en ce temps de confinement. En nous, apparaît son nom, son nom propre dont nous retiendrons l’initiale.
Pour donner à entendre l’absence de cette personne, de ce lieu, nous allons écrire un lipogramme, un texte à l’intérieur duquel nous n’utiliserons jamais cette initiale. Si la personne qui me manque est Marie, alors j’écris un texte sans « m ». Si cette personne s’appelle « Karine », un texte sans « k » sera sans doute assez simple et nous aurons peut-être envie de changer de nom propre pour le plaisir de se frotter à la contrainte, nous ne manquons pas de lieux et de personnes manquantes… sans aucun doute.
Le roman lipogrammique le plus célèbre, La disparition, a été écrit par Georges Perec, France Culture a consacré un article pour présenter cette aventure d’écriture – cliquez ici.
Nous puiserons dans notre livre aux pages 10 – 50 – 100 – 150 – 200, cinq mots à chaque page sans notre lettre. Ils constituent un premier lexique que nous enrichirons au fil de la journée.
Nourris de ce lexique, nous écrivons le fragment pour évoquer le manque – ou les manques - que le confinement nous impose depuis le 16 mars. Nous tenterons de glisser ici ou là des traces de cette personne ou de ce lieu manquant. Et puis, pour celles et ceux qui aiment jouer avec les mots et les lettres, infligeons-nous une contrainte facultative : réussir à placer à l’intérieur de notre fragment les 25 autres lettres de l’alphabet, renforçant ainsi l’absence de la lettre manquante.
Beau jour.
Proposition du samedi 25 avril :
Pour commencer, une découverte raffraîchissante que l’initiative du Collectif Pou, chaque jour, ils publient un poème du confinement - cliquez ici.
Il semble que nos médias ont opéré un léger glissement depuis quelques temps. Au début de la crise, la plupart des sites d’informations tenaient un discours intimant à respecter les gestes barrières, relayaient les contrôles des forces de l’ordre pour faire respecter le confinement, informaient de cas concernant des personnes de toutes les générations. Ensemble, ils justifiaient le bien-fondé des mesures sanitaires décidées par le gouvernement.
Aujourd’hui, sur ces mêmes médias, des voix contradictoires peuvent se faire entendre : les enfants transmetteurs du virus : plus certain, le confinement seule méthode de lutte contre le virus : plus certain, l’inefficacité des masques en tissu : plus certain, un virus s’attaquant au système respiratoire : plus certain…
Le doute s’insinue partout, y compris sur l’impartialité de l’OMS, et sur les soins les plus efficaces. Certains préconisent d’injecter un désinfectant directement dans les poumons avant de préciser quelques heures plus tard que c’est une blague.
Et, malgré la reprogrammation de quelques événements sportifs en septembre, rien ne permet de prévoir l’évolution de l’épidémie, les dates d’une éventuelle recrudescence de la contamination, voire d’un nouveau confinement.
En conjugaison, l’incertitude se loge dans le conditionnel – pour celles et ceux qui préfèrent se rassurer sur leur connaissance du conditionnel cliquez ici.
Nous ouvrons donc notre livre à la page 168, nous la lirons une première fois pour profiter du texte, puis lors d’une seconde lecture, nous choisirons trois phrases (ou morceaux de phrases si elles sont longues). Nous les conjuguerons au conditionnel.
Nous choisirons l’une de ces phrases conjuguées au conditionnel, elle deviendra l’attaque de notre texte. Puis, nous nous laissons porter par ce temps de conjugaison pour écrire la suite du texte, un fragment pour dire nos incertitudes nées pendant ce confinement et/ou sur l’après confinement.
En partage, ce poème d’Antoine Emaz qui emprunte lui aussi le conditionnel et l’utilise pour raconter des actions très quotidiennes, simplement pour ouvrir nos écritures et nous inviter à ne pas trop basculer vers la pensée, à nous attacher au concret et aux visions.
Beau jour.
Proposition du vendredi 24 avril :
Cette proposition a été fabriquée par Nathalie S. qui vit en Seine Maritime.
Ohran Pamuk, auteur turc, a créé et entrelacé l’écriture d’un roman et la collecte d’objets évoquant ce roman sous forme d’une boîte pour chaque chapitre du livre : c’est le Musée de l’Innocence.
Voici la 25e boîte, qui met en scène le chapitre 25 « La souffrance de l’attente » :

Nous vous invitons à mettre en boîte cette tranche de vie du confinement… Pendant cette période si étrange du confinement, quel est mon rapport au temps, angoisse du temps qui ne passe pas, bonheur du temps à soi ?… Nous nous approprierons la phrase d’Ohran. Pamuk : « Les jours où nous avons l’impression que le temps se fige, nous sommes finalement plus enclins à remarquer la matérialité des objets. Tout dans cette boîte incarne l’attente, la patience, la résignation. »
Quels objets, quelles images ou photographies, quels documents intègreraient notre mini cabinet de curiosités ? Quels souvenirs souhaitons-nous garder de cette période, quelles traces concrètes restitueraient le mieux notre ressenti ?
Nous écrivons une liste de ces éléments matériels qui représentent nos jours, mais pas une liste sèche, une liste grasse où chaque élément apparaîtrait comme unique, porterait des traces qui le différencient de tous les objets du même type. Et, pour celles et ceux qui le souhaitent, nous pouvons réaliser notre propre boîte des journées de confinement !
Nous reviendrons à notre livre et nous choisirons d’en lire 7 pages (chapitre 25, 2+5=7), 7 pages consécutives. Nous avons maintenant parcouru une large partie du livre, nous avons donc une idée de ce que l’on pourrait retrouver ici ou là. Nous choisissons notre passage.
Nous nous accrocherons à cette idée du rapport au temps, à l’attente, à l’urgence… Quel est le rapport au temps de notre présence / notre personnage / dans le livre ? Depuis que nous la côtoyons, cette présence commence à dialoguer avec nous, que nous dit-elle du temps face à soi ? C’est l’occasion d’un second fragment, qui pourrait ne pas dépasser les 5 lignes, comme un concentré d’état du temps. Un fragment pas nécessairement réflexif, peut-être poétique, à l’intérieur duquel on tentera de donner à voir la matérialité comme dans les boîtes du musée. Ce fragment viendra dialoguer avec les éléments de notre boîte, la compléter, l’intégrer, la contrebalancer…
Beau jour.
Proposition du jeudi 23 avril :
Quelques échos échangés ici et là avec des participants à ce journal au long court semblent indiquer un petit « coup de mou », une lassitude… il faut dire que nous sommes ensemble depuis de nombreux jours maintenant, que certaines et certains ont continué à travailler en présentiel ou à distance et en sont lessivés et que les incertitudes concernant les modalités de déconfinement nous occupent beaucoup l’esprit.
Alors, un petit mot pour se soutenir, se dire que même quelques mots légèrement déconnectés de la proposition stricte, ce sont toujours quelques mots qui disent le jour. En espérant que le tonique de la proposition du jour nous donnera un boost d’énergie pour poursuivre notre traversée de l’étrange de ces jours.
Nous allons revenir à la question de la délation, hier nous l’avons abordée du point de vue de son rapport au conformisme, au respect des lois. Aujourd’hui, nous l’attaquons par l’angle de la dénonciation. C’est bien le sens premier de la délation, celui de dénoncer.
Nous vous invitons à écouter cette très courte interview de Coline Serreau sur France Inter. Nous sommes clairement du côté de la dénonciation – ou plus précisément des dénonciations. Davantage que le propos très engagé de l’artiste, nous sommes sensibles à l’énergie déployée, au flux de paroles sans espace.
Ecoutons le journaliste, il tente à plusieurs reprises d’interrompre Coline Serreau, il n’y parvient pas. Il ne réussit à se glisser qu’une seule fois à l’intérieur de ce flux, au prix d’une insistance impressionnante, empêchant littéralement Coline Serreau de se faire entendre.
C’est vers cette énergie-là que nous vous invitons à tendre. Aujourd’hui, nous vous invitons à dénoncer, à exprimer notre colère – ou pour celles et ceux qui ne savent pas trop être en colère, nos convictions – et à la manière de Coline Serreau, de serrer notre écriture, en cherchant à l’aide de la ponctuation à effacer tous les espaces de silence à l’intérieur desquels un interlocuteur pourrait s’insérer. Un bloc de granit, sans espace de respiration.
Beau jour.
Proposition du mercredi 22 avril :
Lu dans la presse…
La délation fait aussi son grand retour, et cela émeut même la police française, qui a fini par rappeler, tout en utilisant les informations reçues, qu’il n’était pas souhaitable de dénoncer les non-respects de confinement et que les forces de l’ordre se contenteraient de constater les infractions sur la voie publique. La police néo-zélandaise n’a pas eu la même pudeur puisqu’elle a créé délibérément un site pour signaler le non-respect (« In an emergency, always call 111. You can now report to Police online : Suspected Covid-19 L4 isolation breaches ; Businesses you suspect are breaching the essential services rule ») – « En cas d’urgence, appelez toujours le 11. Vous pouvez désormais signaler en ligne à la police, les infractions de non-respect individuel du confinement ; de non-respect des règles imposées par le gouvernement aux entreprises. »
Toujours dans la presse, dans les Hautes-Alpes :
Les opérateurs de gendarmerie qui essuient bien trop d’appels, le 17 est saturé. Dans les Alpes-de-Haute-Provence comme dans les Hautes-Alpes, il s’agit pour beaucoup d’appels de délation. De personnes dénonçant les commerces encore ouverts qui n’entrent pas dans la liste des exceptions mentionnées dans l’arrêté du 14 mars 2020 portant sur les mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus.
Délation : du latin delator, qui rapporte une parole, dénonciateur.
Il est intéressant de mettre en parallèle relation et délation, la relation relie, crée du lien entre les personnes pendant que la délation déferait ces mêmes liens, séparerait les personnes (attention, il ne s’agit pas d’une vérité étymologique mais d’une interprétation).
Plusieurs causes peuvent expliquer le passage à l’acte de la délation, la peur est la plus évidente. Sous cet acte, se cache le besoin de conformer les autres aux règles, qu’une autorité s’affirme pour que les règles s’appliquent à tous.
Aujourd’hui, pas de proposition très balisée, pas de règle d’écriture donc pas de possibilité de délation. Nous vous invitons simplement à laisser flotter ces idées de délation, de défaire les liens, de se conformer… au fil du jour pour écrire un, deux ou trois fragments. Ces fragments peuvent faire écho à la présence de notre livre, à notre situation de confinement, à des choses observées ou entendues ces jours ou bien il y a longtemps.
Peut-être une ouverture vers laquelle nous glisser… À quoi nous sommes-nous conformés depuis le début du confinement, acte, geste ou attitude que nous n’aurions jamais réalisés sans la crise sanitaire ? Qu’est-ce qui s’est déplacé dans notre rapport aux règles ?
Beau jour.
Proposition du mardi 21 avril :
Ces mardis que certaines et certains d’entre vous craignent, que d’autres au contraire attendent comme un espace de respiration, ces mardis sans proposition et pourtant avec cette exigence de poursuivre, de trouver seul-e sa matière à dire le jour.
Pour celles et ceux qui seraient à cours d’idée, peut-être la possibilité de piocher parmi les précédentes propositions – soit parce qu’on n’était pas inspiré le jour concerné, soit parce qu’on n’a pas eu le temps, soit parce qu’on a aimé cette proposition ou qu’au contraire on a l’impression d’être passé à côté – pour écrire le jour d’aujourd’hui. L’idée n’est pas de réécrire l’autre jour mais bien d’écrire deux jours différents en s’inspirant d’une même proposition.
Beau jour.
Proposition du lundi 20 avril :
Tout d’abord, vous partager qu’à petits pas sûrs, nous allons traverser ces jours de confinement nourris de notre proposition quotidienne. Regard porté au lointain, nous avons maintenant suffisamment de propositions pour rejoindre le terme. Un grand merci à chacune et chacun pour vos contributions. Si vous avez en main une proposition presque terminée qui n’attendait que d’être envoyée, vous pouvez nous la transmettre et nous tenterons si possible de la coudre avec une autre. Merci, merci, merci, nous aurons l’occasion de vous le redire.
La proposition d’aujourd’hui a été créée par Florine V.E. qui vit dans le Puy de Dôme.
Ça commence par un court-métrage poétique réalisé par Jean-Pierre Jeunet en 1989, il s’appelle « Foutaises » – cliquez ici - et nous nous invitons à nous laisser emporter par la simplicité de sa délicatesse.
Ensuite, au gré de nos aventures du jour, nous noterons une série de « j’aime » et de « j’aime pas », depuis toujours, ou plus particulièrement, depuis le confinement.
Puis, pour quelques uns de nos affections ou désaffections, nous ajoutons - en une seule phrase - une description à la manière d’un plan de cinéma, quelques secondes que nous pourrions filmer pour l’illustrer. Il est possible d’insérer la vision d’images déjà existantes : illustration d’album, planche de BD, extraits de films… comme le fait JP Jeunet.
Ainsi, nous obtenons le script d’un film imaginaire qui parle de nous et de la période que nous vivons.
Beau jour.
Proposition du dimanche 19 avril :
Patricia Monbel, plasticienne, vit dans le Puy de Dôme. Confinée comme chacun de nous, elle se consacre aux collages dont voici quelques exemples.
Cliquer sur une image pour les agrandir puis sur « diaporama » en bas à droite.
L’artiste part de bandes de papier qu’elle tranche parfois, qu’elle découpe ou déchire et qu’elle juxtapose – qu’elle pose à côté les unes des autres. C’est simplement cette mise en contact de l’une à l’autre, le rapprochement de ces différences, qui produit chez nous qui regardons, un effet, l’émergence d’une vision. Bien-sûr, l’assemblage n’est pas complétement fait au hasard, on repère par exemple une certaine harmonie des teintes, parfois des lignes.
Nous allons nous inspirer de son processus de création pour écrire notre jour. Nous allons collecter au fil de la journée des éléments disparates : des choses entendues, une ou deux bribes de notre livre trouvées au hasard, une ou deux informations de l’actualité, un élément présent ou imaginé dans l’un des collages de Patricia Monbel, des pensées qui nous traversent, des éléments observées et surtout, surtout, des choses triviales que nous allons réaliser dans la journée (arroser les fleurs par exemple).
Lorsque nous en avons fini avec cette collecte, nous piochons parmi ces éléments disparates et nous allons simplement juxtaposer les phrases. Au préalable, nous pouvons en travailler légèrement la matière (comme l’artiste va découper, trancher, déchirer…), notamment pour les phrases les plus longues. Nous pouvons jouer sur la répétition – un même phrase reprise plusieurs fois - ou sur la continuation – le début d’une phrase, la juxtaposition avec d’autres phrases puis la fin de la phrase. Surtout, surtout, nous effaçons autant que possible les connecteurs – nous évitons les donc, les parce que, les quand, les comme… et tous ces mots qui sous-entendent un lien logique entre deux affirmations.
Aujourd’hui, nous créons donc un collage d’écriture.
Beau jour.
Proposition du samedi 18 avril :
Cette proposition a été créée par Anne-Marie G. qui vit dans l’Ardèche.
Nous vous invitons à ouvrir votre livre au hasard. En fermant les yeux, nous promenons un doigt sur la page, et, au hasard, nous pointons un mot. Puis, nous ouvrons une autre page, et yeux fermés, un autre mot et encore une troisième page et un troisième mot.
Nous choisissons un mot parmi les trois piochés. Puis, sur une feuille, nous copions ce mot avec une encre liquide, avant qu’elle ne sèche, nous soufflons, laissons couler l’encre, plions en deux, pressons… Puis, nous laissons sécher. // Sans doute, certaines et certains d’entre nous devrons adapter cette étape, ils ne disposent pas d’encre, ils n’ont pas envie de souffler… Il ne s’agit pas ici d’une recette contraignante. L’idée, c’est de jouer avec la trace de l’écriture d’un mot, de la déformer et de jouer avec les plis du papier. //
Ensuite, nous nous installons confortablement dans un fauteuil, yeux fermés, nous écoutons « papillons opus 2 » de Schumann :
Nous nous rendons disponibles à l’écoute du morceau.
Nous retournons à notre œuvre – n’ayons pas peur des mots ! – et sur la feuille, nous posons dessus quelques mots ou groupes de mots, comme des papillons en tous sens, prêts à s’envoler ! Des mots surgis du pliage, de la musique, du livre, de notre jour. Des mots surgis d’on ne sait où.
Beau jour.
Proposition du vendredi 17 avril :
Cette proposition a été créée par Clara qui vit dans l’Hérault.
Nous commençons par regarder cette chorégraphie :
Comme toute création artistique, cette chorégraphie nous dit quelque chose de notre condition de femme, d’homme et peut-être quelque chose de notre condition du moment… Laissons flotter en nous ces images, peut-être par petites touches, des perceptions affleureront, nous les notons sans savoir ce qu’elles deviendront (attention à ne pas se limiter à la description des images vues mais à laisser surgir d’autres perceptions, peut-être un peu décalées, sans doute imprévues).
Puis, nous ouvrons notre livre et nous lirons de la page 133 à la page 136. Nous revenons avec notre présence et nous observons son corps, les mouvements de son corps. Nous en captons un, un mouvement un peu plus caractéristique, et nous tentons de le mettre en mots. Pina Bausch, chorégraphe, a beaucoup travaillé cette idée d’un mouvement propre à une présence, la répétition de ce mouvement dans une précision absolue. Nous pouvons par exemple regarder Palermo-Palermo – cliquez ici- notamment en visionnant la scène entre 1h10 et 1h24.
Maintenant, nous disposons de notes un peu éparses, de perceptions survenues après avoir regardé la première chorégraphie et d’une description d’un mouvement caractéristique de la présence de notre livre. Nous tenterons de fondre dans un même texte ces éléments – une partie de ces éléments – nous avons l’intuition qu’écrire nous conduira à dire quelque chose de notre corps en situation de confinement.
Beau jour.
Proposition du jeudi16 avril :
Cette proposition a été fabriquée par Annette R. qui vit dans les Bouches du Rhône.
Tout part de l’annonce du décès de Marcel Moreau écrivain, poète belge mort du coronavirus. Je ne connais rien de ce poète simplement d’étranges correspondances…
- Il est né et mort les mêmes années que mon père.
- Il était belge et a connu Topor et Dubuffet (et j’ai un faible pour les belges).
Dans l’interview de Alain Veinstein sur France Culture - cliquez ici : Marcel M. parle de sa relation viscérale avec les mots et de l’importance du rythme dans son écriture. Il évoque sa relation avec le mot " donc" ce petit mot de rien du tout, qui a une " fonction revigorante et relance la pensée", "découvrir cette énergie du donc devient une des données du rythme".
Nous vous invitons à choisir un petit mot de rien du tout, parmi les conjonctions de coordination : mais /ou/ et /donc /or /ni/car. Nous prendrons le temps de sentir l’écho qu’il produit en nous, l’énergie que l’on sent monter et ensuite… Nous écrivons un court fragment en nous appuyant sur lui.
Nous essayons de creuser le mot, de le répéter ou le ressasser pour qu’il nous amène petit à petit à bousculer la logique de la construction du texte. Nous nous laissons mener et porter par lui, nous lui donnons tout son poids au regard de ce qui nous traverse en ce jour.
Puis, nous ouvrons notre livre au hasard, nous relevons quelques bouts de phrase et nous les copions en ajoutant notre petit mot en attaque. Par exemple, je lis : « une grande traînée balaya le ciel » et je copie « Or, une grande traînée balaya le ciel ».
Puis, en essayant de nous dégager de notre pensée, nous relisons fragments et phrases, nous les faisons se frotter, se toucher, se croiser intimement. Nous en faisons notre musique du jour en ajustant comme on en a l’habitude maintenant, cette matière disponible.
Beau jour.
Proposition du mercredi 15 avril :
La proposition du jour a été imaginée par Elisabeth M. qui vit dans le Rhône.
Avec le confinement, beaucoup de musées ouvrent leurs portes… virtuellement. C’est l’occasion d’aller à la rencontre d’œuvres.
« Je me souviens, quand on pouvait encore écouter les Papous dans la tête, de temps en temps, ils proposaient de jouer avec un tableau. L’idée, c’était que quelqu’un décrive un tableau, avec beaucoup de détails, aux autres de trouver lequel et, en général, grosse surprise ! »
Nous allons donc partir en visite dans un musée. Nous vous proposons le musée de l’Orangerie avec l’accès à deux pages :
- les nymphéas de Claude Monet – cliquez ici
- et la collection de Jean Walter et Paul Guillaume – cliquez ici.
L’exploration du musée de l’Orangerie est une proposition. Si vous souhaitez aller vers un autre musée, une autre œuvre, surtout prenez cette liberté.
Nous choisirons donc une œuvre et par courtes bribes, nous tenterons de la décrire en s’attachant aux détails, aux éléments concrets, visibles et invisibles.
Puis, nous allons naviguer entre les pages 205 et 207 de notre livre. Nous ferons, avec des visions proposées dans ces pages, un tableau, une sculpture et – comme pour l’œuvre du musée, nous notons de courtes bribes pour en faire une description et une exploration des détails.
Souvenons-nous de la proposition qui invitait à alterner des phrases. Ce pourrait être une idée de reprendre ce processus d’écriture. Nous recopions la première bribe de description du tableau, en-dessous la première de description de la vision du livre, puis la seconde du tableau, la seconde de la vision du livre, etc… Nous lisons le texte produit par ce tissage. Nous ajustons, ajourons, déplaçons, supprimons, répétons, ajoutons (ajoutons toujours avec parcimonie)… jusqu’à obtenir un texte qui nous semble juste.
Beau jour.
Proposition du mardi 14 avril :
Vous le savez maintenant : mardi c’est relâche. Plus précisément, c’est une fausse relâche. On écrit son jour dans la continuité des précédents sans proposition formalisée.
Pourquoi écrire un journal de confinement ? Pour tromper l’ennui et remplir ses journées d’une petite distraction ou pour faire trace d’un parcours, d’une succession de jours étranges ? - à ce propos nous vous invitons à lire cet entretien avec l’historien Stéphane Audoin Rouzeau, une manière de prendre un peu de recul pour observer nos jours - cliquez ici - Que va devenir votre Journal d’un confinement dans quelques mois ? Quelle place allez-vous lui accorder : un bloc d’écriture pour draguer la poussière d’une étagère ou d’un répertoire informatique ? Un texte à partager avec d’autres ?
Bon, nous n’allons pas vous faire attendre pendant des plombes… Nous, on pense que des textes qui s’entassent dans un tiroir, on a fait assez comme ça. Ceux que l’on accumule au fil des ateliers d’écriture occupent déjà la place. Nous pensons qu’un engagement régulier dans cette écriture de journal mérite mieux, mérite que l’on pose un œil bienveillant et exigeant sur les pages qui se succèdent pour déceler l’émergence d’une voix et d’une continuité.
C’est notre invitation du jour, notre invitation des « mardis », s’accorder du temps pour suivre son propre fil d’écriture, pour l’ajuster éventuellement, le compléter et pour écrire aujourd’hui.
Beau jour.
Proposition du lundi 13 avril :
Nous vous invitons à découvrir une initiative d’Evelyne G. qui vit dans le Nord, elle invite à regarder la ville de Roubaix et alentours en temps de confinement avec un autre œil - cliquez ici.
La proposition du jour est proposée par Claude C. qui vit dans les Deux Sèvres.
Sans doute parmi vous, certaines ou certains ont subi les effets de Covid-19 : la perte de goût et d’odorat. D’autres, pour vérifier leur état de santé, jettent leur nez sur tel ou tel objet pour vérifier que parfums et odeurs leur parviennent encore. Preuve de l’importance du sujet, la très sérieuse revue Nez a rédigé une revue de presse autour du sujet, où la dérision côtoie l’extrême rigueur – cliquez ici.
Aujourd’hui, nous allons ouvrir le livre avec notre nez. Au premier sens du terme. Nous choisirons n’importe quelle page, n’importe quel paragraphe, il suffit d’approcher nos narines et de sentir, de humer profondément en fermant les yeux. Peut-être découvrirons-nous qu’il existe une odeur spécifique pour Gallimard, POL, Actes Sud, Pocket ou Les éditions de minuit si ce n’était celle de L’Olivier… La colle ? Le type de papier, la reliure ?
Que nous ayons capté ou pas une odeur, nous lirons le paragraphe, la page ou la double-page ouverte au hasard et nous chercherons à circonscrire l’odeur qui entoure la scène, les présences, le paysage de ces pages. Par petites touches d’écriture, nous tenterons de cerner cette fragrance particulière présente dans le livre. Respirons – et si notre odorat nous fait défaut imaginons – laissons-nous porter et notons.
Puis, nous nous installerons dans un siège confortable et nous convoquerons un parfum naturel qui nous parle – soit parce qu’il caractérise cette période de confinement, soit parce que nous aimons le sentir d’habitude et qu’il manque – là encore nous pouvons aussi faire appel à notre mémoire des odeurs. Là encore, par touches d’écriture nous tenterons de décrire cette fragrance.
Et, si nous nous en sentons le courage, nous pourrions essayer de réunir les deux bribes de textes précédentes, de les faire se succéder et d’opérer un basculement, le passage d’un parfum à l’autre, comme on passe d’une vision créée par un livre à une forme de réel présent autour de soi (ou vice versa).
Comme les autres jours, nous prenons aussi notre photo, nous serons vigilants à ce qu’elle n’illustre pas le parfum évoqué, qu’elle déplace elle-aussi.
Beau jour.