Le Garçon : Marcus Malte

Mardi 2 mai 2017 — Dernier ajout samedi 10 février 2018

A toute heure et en tout lieu sa faim l’accompagne, qui se nourrit de rien et grandit en son sein à mesure que lui dépérit. Son destin tient peut-être dans l’eau croupissante d’une modeste mare. Il tombe dessus un soir. voit le rose et l’orange du ciel s’y refléter. Mais c’est un miroir brisé, sa surface criblée comme sous la mitraille par les plongeons compulsifs et incessants d’une congrégation de grenouilles réunies en ces lieux pour célébrer on ne sait quel évènement. Elles sont cent ou davantage. Floc. Floc. Floc. Floc. Dieu bénisse cette furieuse kermesse. Le garçon n’a qu’à se servir. Ce qu’il fait, d’abord à mains nues puis à l’aide d’un filet improvisé à partir de l’infâme loque qu’il porte pour chemise. Il prend le temps qu’il faut mais lorsqu’il retire une ultime fois de l’eau le tissu dégouttant la mare est curée jusqu’au dernier de ses batraciens.

Marcus Malte, Le Garçon, éditions Zulma

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