« -Il y a eu la période Pôle Emploi, le cauchemar. Kafka. Ils ne comprenaient rien. N’écoutaient pas. Ils se protégeaient derrière leurs petits bureaux, petits écrans. Leur petite fierté à avoir un travail, à se croire importants. Leur salaire, c’est nos impôts. Leur retraite, notre ruine. Ils l’oublient. Aucune compassion, aucune tendresse. Zéro tact. J’en ai vu interrompre un entretien parce qu’il était l’heure de partir. A 16h30 putain, 16h30, l’heure du goûter. Des gens pleuraient leur vie qui s’effondrait et eux s’en allaient goûter ».
« J’avais douze ans et demie et j’étais déjà une vieille défigurée qui ne guéririrait jamais. J’avais dit au psy que je voulais tuer le Chien, te piquer parce que tu m’avais ratée. Tu avais raté ma mort et je ratais ma vie. »
« C’est au moment du dessert, et quand je te dis dessert c’était juste un yaourt, qu’elle m’a sorti ça comme ça, avec son regard brûlant : moi aussi j’aimerais bien apprendre à te sucer. Comme ta pute. Apprends moi, apprends moi Frédéric je suis sûre que je suis douée. Je suis resté comme un con. Avec le yaourt dans la bouche. Heureusement que je suis pas cardiaque. J’ai recraché le Danone. Faut pas avaler alors ? elle m’a demandé en souriant. Je te jure Antoine que je ne savais plus où me mettre. Elle s’est levée, elle s’est approchée de moi, elle s’est agenouillée. Alors ? Alors, elle fait comment, ta pute, montre moi. N’aie pas peur des mots, elle m’a dit, n’aie pas peur des mots. Pas peur des mots, facile à dire, moi qui n’avait plus que des mots d’amour pour elle. Sucer, c’est un mot d’amour, elle a dit. Avaler aussi. Par contre, quatre-vingt euros, c’est un mot dégueulasse. Vraiment dégueulasse. »