Mais Astrid ne dormait pas. Elle s’était tournée sur le flanc et, les mains glissées sous son oreiller regardait VéroniKa.
- je n’ai jamais parlé à personne de cette nuit, dit-elle. Jamais. Et maintenant que j’entends mes propres paroles, je me rends compte qu’elles racontent une histoire différente de celle que j’ai portée durant toutes ces années, observa-t-elle en refermant les paupières. Je crois que si nous arrivons à trouver les mots, et à trouver quelqu’un à qui les dire, nous pouvons peut-être voir les choses autrement. Mais je n’avais pas les mots, et je n’avais personne.
- Oui, convint Véronika. Je devrais peut-être essayer de trouver les mots , moi aussi. j’ai beau être écrivain , les mots ne me sont jamais venus aisément. Ils n’émergent qu’à grand peine, et qu’à l’écrit. Je suis arrivée ici avec un livre à écrire. Je crois qu’un livre peut-être verra le jour, mais pas celui que j’attendais. p 157
Sa tasse à la main elle sortit, découvrant, sur le pas de la porte, une assiette blanche avec une fléole des prés garnie de fraises sauvages du rouge le plus pur……Chaque matin marquait un nouveau départ, ouvrait une page blanche. Et chaque jour la portait un peu plus près de la surface, dans une lumière grandissante. p 184