soir
des ombres montent du fond
des fossés marécageux
qui partagent les champs
se glissent entre les pierres
tournent la meule
silencieusement
aiguisent leurs doigts
celui qui vieil homme
d’écorce grise
cherche
vers les rauques aboiements
un chemin :
ornières noires et boues d’argile
cherche
ce qui est veillé
dedans
masure et ruines à demi
pierres disjointes
l’animal éclos
chien ou renard
on ne sait
de quel côté
des murs
une main informe
restée seule
sur la margelle
serre
poussière de rouille aux jointures
jusqu’à la douleur des pierres
muni de rameaux
de genêts morts
il
sa vieille main
frappait le sol
battait la terre
il ramasse les échardes
qui tenaient les langes
se souvient d’un amer lait caillé
il cherche
sous les litières noires
ce qui pourrait faire l’antre
le dos de l’enfant recroquevillé
des halos de vieilles lunes
sont suspendus
sous les poutres
leurs fronts ponctués
d’yeux d’insectes morts
éclairent à peine
dehors
il neige des silences
s’effacent les empreintes
torches retournées
contre le sol gelé
on porte la rose
l’épine
gouttes de sève
sur blanc
les lèvres fendues
Odile Fix : De quel côté des murs, éditions du 6 rue de Gryphe, 2021, pages non numérotées.
Retrouvez Odile Fix sur le site de Tisseurs de Mots :
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- Odile Fix : Seuils
- Odile Fix : L’autre face du froid - extraits
- Empreintes laissées par Odile Fix lors de son passage à Brioude - rencontre avec l’artiste.