Écritures poétiques

Le père du narrateur vient de mourir. Le livre existe comme une tentative de construire un plein illusoire, capable de contrebalancer le rétrécissement soudain du monde. Trop de routes sont devenues impraticables : « …où que j’aille, un jour nous y sommes passés. C’était : faire du bois, rentrer les foins, cueillir les mûres, ramasser les noisettes. Partout là-haut, il y a ton empreinte. A l’automne, tu seras sous tous les noisetiers ». Nous sommes à la campagne. La langue emprunte sa nervure au bois. Elle est noueuse, rompue aux changements de saisons. Elle s’empoigne, se sarcle, cingle les doigts gourds. Elle se travaille comme du fer. Le Matricule des Anges

GRIVE Plutôt la nuit cette falaise plutôt ce mur et cet abat c’était le cru royaume les puits de pierre jaune la niche aux morts les verticaux mâcheurs d’épis leurs crocs peints vermineux leurs bouches d’ombre à rien c’était ventre à naufrage infertile giron du rêve trêve et piège (…)

SEXTE Le vent ça barde et décarcasse ça brade et décrasse un ciel à la fonte lessivé d’ondées purées lavandières et de petits bouts d’incendie la houle énorme inlassable fourbit la falaise un ruisseau dévoyé court à sa perte invisiblement dans les brumes et s’égare aux toundras improbables (…)

J’ai rencontré Souleymane Diamanka à l’école du quartier des Aubiers à Bordeaux. J’exerçais depuis peu l’improbable métier d’instituteur, un rien perdu, un tantinet lunaire, mais j’ai remarqué l’élève Souleymane avant même de l’avoir en classe de CE2…

Lorsque j’ai découvert son disque L’Hiver Peul, il y avait des mots noués au fond de ma gorge. Jusque dans le silence, après qu’ils s’étaient tus. J’ai pensé à la phrase que l’inventeur du « sud conscient » me prête à propos des mots, eux encore et encore, dont il faut défaire les noeuds pour les partager….

L’essai du linguiste Julien Barret, qui nous ouvre ici les secrets de fabrication du trouveur de pépites sans jamais nous ennuyer, démontre également que la poésie de Souleymane est de tous les lieux et de tous les temps. Les racines des mots sont aussi nomades que les racines du sang et de la terre. Le troubadour des Aubiers n’a pas fini de barder et j’en suis bien heureux.

Dominique Boudou, instituteur et poète

Préface, pages 9 et 10

"On dit qu’il n’y a qu’une loi, qu’une voie : Celle de vivre. D’aller contre la peine, d’inverser le malheur en étoile lumineuse, fulgurante. On s’interroge. Souvent. Longtemps, si longtemps qu’on ne voit pas la vie qui passe, les jours qui s’éloignent, les craintes qui surgissent, la vie (…)

II Vous marchez dans les sous-bois encore trempés de pluie et de l’éveil des serpents. Dans le vaste parc en désordre, vous allez sans but, vous contentant de la lumière, de la beauté des lieux, du miracle d’être là presqu’un peu par hasard. Les heures semblent ne plus égrener leurs leçons, (…)

Retrouvez les trois premières pages du recueil de Joël Vernet en intégralitépour entrer dans sa quête de cerner la peur par l’écriture…

Ce livre rend hommage à un artiste entré dans la légende, François Augiéras, écrivain génial et peintre singulier. Augiéras est l’un des grands écrivains de la seconde moitié du vingtième siècle. C’est aussi un peintre étonnant qui retient aujourd’hui l’extrême attention des collectionneurs. Pourtant, il est mort, indigent, à l’hospice de Montignac, en Périgord, le 13 décembre 1971, à l’âge de 46 ans… (Joël Vernet)

Textes déposés sous le numéro ISBN 2-9513430-4-3 Tous droits réservés. Indicatif éditeur : 2-9513430.

Patrick Chemin est né en 1956. Entre 1976 et 2012, il a publié une trentaine de livres. Principalement de la poésie. Il a écrit une quinzaine de pièces de théâtre - Adultes et Jeune Public - toutes jouées par des compagnies professionnelles. Il a enregistré trois disques et travaillé avec de nombreux peintres. Il est également metteur en scène, comédien et défend depuis plus de quinze ans la lec ture publique notamment au travers de sa Revue Orale. En 2002 il reçoit la Bourse d’Ecriture Beaumarchais de la SACD à Paris pour sa pièce Ce que dit Hübler mise en scène par Claude Confortès et Sarah Viennot. Ce texte a été créé dans le cadre du Festival d’Avignon 2002. En mai 2011 et janvier 2012, ses textes sont programmés sur France Musique dans l’émission de Véronique Sauger : « Les contes du jour et de la nuit »

je te flore / tu me faune / je te peau / je te porte / et te fenêtre / tu m’os / tu m’océan / tu m’audace / tu me météorite / je te clé d’or / je t’extraordinaire / tu me paroxysme / tu me paroxysme / et me paradoxe / je te clavecin / tu me silencieusement / tu me miroir / je te montre / (…)

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