Jim Harrison : Pêchés capitaux

Mardi 27 octobre 2015 — Dernier ajout mercredi 21 octobre 2015

Sunderson est un flic à la retraite, aimant la beauté majestueuse des arbres et les coins de rivières où les truites brunes tâtent à ces mouches. Trop de contradictions dans sa vie, trop d’alcool, trop de sexe, trop de violence. Tout se mêle et son univers est bousculé par la présence d’une famille infâme, de l’amour qu’il porte encore à son ex-femme. On entend dans l’écriture de Jim Harrison, le chaos de la vie et des pensées pèle mêles qui se bousculent dans nos têtes, l’envie d’être meilleur malgré nos petites lâchetés quotidiennes qui reviennent sans fin.

"Je ne me mettais jamais en rogne contre Diane, sauf parfois quand elle adoptait les opinions de droite que son père défendait. « Les pauvres ne travaillent pas assez. » Je n’ai jamais rencontré de gens plus désireux de travailler que les pauvres. Au sujet des aides sociales, Diane avait un avis mitigé. Il y avait apparemment des fraudeurs, mais vraiment pas autant que le pensaient beaucoup de gens. J’ai constaté quelques cas flagrants de fraude, mais la plupart des bénéficiaires d’aides sociales étaient des gens désespérés qui ne réussissaient tout simplement pas à prendre soin d’eux-mêmes, souvent à cause de leur manque d’intelligence ou d’une maladie mentale. Je crois qu’un crétin épouse souvent une crétine et qu’ils engendrent une progéniture incapable de subvenir à ses besoins. Comme on ne peut pas laisser ces gens mourir de faim, les allocations sont une merveilleuse invention. Je me mettais donc en rogne contre les opinions bornées de mon épouse."

"Enfant, il s’était posé des questions sur les anges et quand il avait interrogé son père, celui-ci avait répondu : « C’est un truc de catholiques. » Le sujet continua de le rendre perplexe jusqu’à la fin de l’adolescence, lorsque deux fauvettes migratrices se posèrent sur lui tandis qu’il regardait une rivière assis dans les bois. Il décida alors que les anges étaient forcément des oiseaux et il se sentit béni. Ensuite, durant la période migratoire, il resta maintes fois assis et immobile dans les bois, mais le miracle ne se reproduisit pas. Même les corneilles et les modestes corbeaux étaient sacrés à ses yeux."

"Tout le monde le taquinait àcause de ses brèves siestes, mais il lui était facile de répondre : à n’importe quel moment, la moitié de l’humanité dort sagement. Un surcroît d’activité risquerait de provoquer des catastrophes. La meilleure chose qu’il pouvait faire pour la planète était donc dormir. Peu de gens le croyaient, mais il n’en avait rien à cirer. Les pâtés en croûte achetés en magasin n’étaient qu’un pâle souvenir des merveilles faites maison, mais c’était mieux que rien."

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