Marie-Hélène Lafon : Album

Dimanche 14 octobre 2012

C’est une abécédaire choisi, où l’on irait de Arbres à Vaches, en passant par Chiens, Journal, ou Tracteurs. Ce serait l’os des choses, leur velours ; et comme une déclaration d’amour répétée vingt-six fois.

AUTOMNE

Il est le flamboyant et insigne privilège de ceux qui restent. … Il aura suffi de deux ou trois nuits de gel, au tournant d’octobre, et d’une forte goulée de vent fou, pour que s’ouvre un temps très nu qui, cependant, n’est pas encore tout à fait l’hiver. … Il sent aussi le feu de fanes, l’herbe froide, le bois mouillé, l’air cru, le cahier neuf et le plastique transparent qui sert à couvrir les livres. Il sent la nuit. … L’automne n’a pas peur. Son pas est lent. Il suit la couture du bois, il marche contre le ciel, il connaît les chemins, il les devine, il les invente. Il caresse et il fouaille, tour à tour. Il fait ce qu’il doit, il a son travail de saison et il s’y tient. Il a tout son temps.

pages 15, 16

VACHES

Les vaches portent sonnailles. C’est la première musique. Dans la nuit. ça ne s’oublie pas. Les vaches ont des yeux. Surtout. Immenses. Mouillés. Les vaches ruminent. Moi aussi.

page 104

Revenir en haut