Sylvain Tesson : Dans les forêts de Sibérie

Vendredi 25 avril 2014

26 mai

Les hommes qui ressentent douloureusement la fuite du temps ne supportent pas la sédentarité. En mouvement, ils s’apaisent. Le défilement de l’espace leur donne l’illusion du ralentissement du temps, leur vie prend l’allure d’une danse de Saint-Guy. Ils s’agitent. L’alternative c’est l’ermitage. Je ne me fatigue pas de détailler mon paysage. Mes yeux en connaissent chaque repli et les fouillent pourtant, tous les matins, avec avidité, comme s’ils les découvraient. Mon regard cherche trois choses : repérer de nouvelles nuances dans ce tableau mille fois observé, approfondir l’idée que ma mémoire s’en faisait et confirmer que le choix était bon de s’installer ici. L’immobilisme me contraint à cet exercice d’observation virginale. Si je ne m’y force pas, je laisse place à l’envie d’aller voir ailleurs.

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