Écritures poétiques

Ce Journal de Diogène, illustré par Thibaud Bernard-Helis, est une réécriture contemporaine en forme de pastiche de la vie de Diogène le cynique, célèbre figure de l’antiquité qui vivait dans une jarre en marge de la société. Cédric Le Penven s’appuie sur les événements saillants de la vie du philosophe, provocateur et virulent, tels que racontés dans Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres par Diogène Laërce au IIIe siècle. Avec sa chienne Arga qui est son seul compagnon, le Diogène d’aujourd’hui vit en surplomb de la ville, près d’un centre commercial en bordure d’autoroute. (…)

Note de l’éditeur

Ainsi l’auteur ne nous cache-t-il rien de ce qui le constitue, le désigne au regard des autres comme au sien, tant sur le plan physique que psychologique, voire sentimental ou sexuel, politique, philosophique, esthétique… Et il joue complètement le jeu. D’abord, loin d’une prétendue et affichée « sincérité », par une objectivité radicale qui passe aussi bien par la crudité, que la trivialité, ou la banalité. Ensuite par une totale absence de complaisance dans la mesure où chacune de ses propositions ne tolère ni délayage ni sensiblerie et ne s’entoure d’aucune précaution.

C’est que, sans y toucher, discrètement mais inéluctablement, la forme de ce texte en définit la morale. Il s’agit de phrases sèches, factuelles, sans aucun effet visible. Seule leur accumulation finit par provoquer cet effet d’individualité universelle qui, au-delà de l’anecdote, emporte une adhésion fascinée. (Note de l’éditeur)

4h18 du matin. Sept visages dressés sous le ciel grondant de Londres. Sept âmes brisées, en plein cauchemar éveillé…

Dans ce poème urbain, Kae Tempest célèbre la pulsation de vie d’une génération désenchantée, en quête d’une échappatoire à la solitude humaine et la combustion du monde, pour nous reconnecter à la force des éléments. Nous sentir vivant.es.

Une déflagration de beauté, un flow puissant. (Note de l’éditeur)

Crédit photo : Jim Dyson/Getty Images

Quand notre main ne suffira plus à cacher le soleil dans le ciel, le soleil sera redevenu du feu. Tant que le soleil tiendra dans notre main, nous serons voyants. (note de l’éditeur)

Une famille de pêcheurs dont le père disparaît en mer, un couple de gens modestes que la mort vient séparer, un homme seul qui abandonne maison, papiers d’identité et biens matériels pour vivre en vagabond sous les étoiles…Trois poèmes narratifs. Trois destins aux prises avec la vie. Trois histoires simples pour dire la fierté du peuple grec. Ce ne sont pas les héros des batailles homériques que chante Katerina Apostolopoulou dans ce premier recueil écrit en deux langues, le grec et le français, mais le courage des êtres qui placent l’hospitalité et la liberté au-dessus de tout, qui se battent avec les armes de l’amour et de la dignité, qui ont peu mais donnent tout. À l’heure de la crise économique et du concept de décroissance, une voix venue de Grèce nous invite à voir Sisyphe heureux.

(Note de l’éditeur)

Dans ce recueil écrit au cœur d’une forêt, Hélène Dorion fait entendre le chant de l’arbre, comme il existe un chant d’amour et des voix de plain-chant. « Mes forêts… », dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l’on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l’on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu’emporte le vent, de bourgeons sertis dans l’écorce et de renouvellement.
Note de l’éditeur

Le crachat Crache, camarade zek, crache. Tu as souffert plus qu’un autre ? Depuis plus longtemps qu’un autre, ici ? Aucune importance. Tu as froid et la lavasse qui t’arrive le soir et a pour nom soupe n’a jamais connu ni le feu ni le légume ? Ça n’a pas d’importance. Tu as faim et tu (...)

Dans son recueil de poésie, Noémie Pomerleau-Cloutier s’ancre, au-delà de la route 138, en terrain maritime à la découverte de « la force qui soude ces femmes et ces hommes à cette terre frangée de centaines d’îlots, de plages et de passages ». Le Bella Desgagnés, moyen de transport de l’exploratrice et ligne directrice de l’œuvre, fait voyager le lecteur à la rencontre des « Coasters » (les Nord-Côtiers). À chaque port, des paroles innu-aimun, francophones et anglophones entrent dans ce magnifique recueil et nous racontent leurs histoires : « Oh we had a wonderful life my dear / as long as we were on the water / we were ok / on the sea i would never change him / for anyone else ».

Tina Laphengphratheng - https://www.moutonnoir.com/

soir des ombres montent du fond des fossés marécageux qui partagent les champs se glissent entre les pierres tournent la meule silencieusement aiguisent leurs doigts celui qui vieil homme d’écorce grise cherche vers les rauques aboiements un chemin : ornières noires et boues (...)

Odile Fix écrit et dessine un paysage familier inondé de lumière, une lumière qui traverse les corps. Le cheminement est incertain on ne sait ce qui de nous / chemine dans / l’étiage des bêtes.

L’horizon même disparaît.
Les mots sont ici de cette langue silencieuse qui questionne autant qu’elle sculpte et abreuve. (note de l’éditeur)

Paola Pigani pose son regard sur le monde, parlant tour à tour de sujets personnels, d’art, des passants du quotidien… Une traversée du monde réel, social, s’impose à elle à chaque nouvelle page écrite. Un prisme poétique de la réalité, une écriture du quotidien, transcendé. (Note de l’éditeur)

Paysages urbains, instants fixés dans leur singularité, rêveries permises, ciels et sols mêlés, tout ici se reflète dans l’œil aiguisé de la narratrice ou dans l’objectif, réservé, du photographe.

On ne touche pas, on effleure. On n’affirme pas, on suggère. Ce livre propose les choix poétiques de deux regards complices. La tendresse et la fragilité humaines sont, de nouveau, à l’ordre du jour. (Note de l’éditeur)

Comment l’espace, les saisons, la perte d’un enfant et de la raison nourrissent une langue sauvage pour dire la souffrance et la vaillance d’un corps promis à l’éboulement, au desséchement jusqu’à la renaissance fantasmée à l’intérieur d’un arbre ? (Note de l’éditeur)

Quelques poèmes extraits du recueil publié par Brin & e éditeurs

Anachronisme est le livre de Christophe Tarkos le plus autobiographique. Mais, ce n’est évidemment pas d’un biographique psychologique ou nostalgique qu’il s’agit. Disons que le biographique se place sous le signe du vécu, simplement. Avec ce que cela comporte d’expériences mises en mots, au moyen d’énumérations, ou dans des micro-récits sans fioritures, avec un rythme, une scansion qui sont ceux de la souffrance physique ou amoureuse impensable et torturante.

Note de l’éditeur / Photo : Olivier Roller

Neuf groupes de neuf poèmes, plus un dernier, très bref, intitulé Rien, ainsi se compose Quelque chose noir de Jacques Roubaud. Un seul thème d’inspiration, et il est infiniment douloureux : c’est celui de la mort de la femme aimée. Beaucoup de ces poèmes prennent la forme d’une méditation. L’art de Jacques Roubaud, qui sait jouer de toutes les ressources de la technique poétique, se met ici au service de l’absence, du deuil, de la douleur.
Note de l’éditeur

Bedrich passe le gras du pouce sur la tranche des feuilles empilées sur le coin du bureau. Blanches, bises, quadrillées, de tailles diverses. Parfois, il en saisit une et en caresse la texture. En même temps, son regard se perd par la fenêtre qui lui fait face et il peut voir un morceau de (...)

Mais Carcasse est au seuil, caresse du pied le seuil et ne sait plus quelle prévision a été faite concernant sa personne, ouvre les yeux et cherche trace, Carcasse, mais ne trouve aucune empreinte. Aucune voie ouverte à ses pieds. Aucune sillon où s’engouffrer. Ce qui viendrait naturellement (...)

Ici, on a vocation à l’excellence. On n’a pas droit à l’erreur. On est un maillon essentiel dans le bon déroulement des choses. On agit pour le bien, avec ou sans recours à la contrainte. Ici, on propose le dépassement de soi. On en fait un programme applicable dans toutes les situations. On (...)

Il est dommage (…) que le vrai travail poétique de Pavese soit resté un peu dans l’ombre. Travailler fatigue était un des livres auxquels il tenait le plus : à juste titre, car les beautés altières qu’on y découvre à chaque page, le stoïcisme viril qui l’imprègne de bout en bout, la manière si pleine de représenter le vide, l’art si intense des silences et des pauses, assurent à ce recueil une place unique dans la poésie italienne et européenne, à mi-chemin entre l’hermétisme des uns et le populisme des autres : œuvre suspendue entre le réel et l’irréel, rêve éveillé, mélange de feu et de glace, (…). »

Dominique Fernandez

Vingt-cinq poèmes pour dire et raconter le corps des hommes, leurs désirs, leur jouissance et leur solitude. Andrew McMillan les observe dans leur intimité, en famille ou encore dans des bars interlopes, et les croque avec justesse dans une langue parfois crue, souvent tendre. Une bouleversante ode au corps masculin qui porte un regard poétique sur l’homme moderne, sa sexualité et sa quête du bonheur.

Note de l’éditeur

C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. (…) Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.
Note de l’éditeur

Toute l’œuvre de Kiarostami est tendue vers le retrait et l’épure : soustraire pour mieux montrer, s’abstraire de la narration pour inventer des formes d’écriture qui entrent en résonance avec le monde visible.Cette œuvre, et ce n’est pas étonnant de la part d’un cinéaste, invite d’abord au regard, elle nous pousse à imaginer, au sens premier, une série d’instants qui sont pure présence au monde, instants suggérés plutôt que décrits où le lecteur est chargé de donner corps et matière aux images, d’achever le tableau.Les sentiments sont ténus, épurés, dénués de tout pathos, éloignés du lyrisme de la tradition classique persane.

Note de l’éditeur
J’attache de la valeur à toute forme de vie,
à la neige, à la fraise, à la mouche.
J’attache de la valeur au règne animal
et à la république des étoiles.
J’attache de la valeur au vin tant que dure le repas
au sourire involontaire, à la fatigue
de celui qui ne s’est pas épargné,
à des vieux qui s’aiment.
J’attache de la valeur à ce qui demain
ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd’hui
vaut encore peu de chose.
j’attache de la valeur à toutes les blessures.
J’attache de la valeur à économiser l’eau, à réparer une paire de soulier, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s’asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.
J’attache de la valeur à savoir où se trouve le nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive.
J’attache de la valeur au voyage du va gabond, à la cloture de la moniale, à la patience du condamné quelque soit sa faute.
J’attache de la valeur à l’usage du verbe aimer et à l’hypothèse qu’il existe un créateur.
Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.
 
Erri de Luca
Valeur ( Valore)

ateliers Avec le choix de vivrécrire sans les horaires réguliers ni le patron ni le salaire de fin de mois : les ateliers comme d’évidence pour une autre façon de découper les jours. Un équilibre s’il est tenu qui me va bien entre toute seule et le silence à mon bureau des heures durant, et (...)

Eloigné de circuits de diffusion et de distribution traditionnels, pré # carré propose à ses lecteurs, depuis ses débuts, de recevoir les publications dans leur boîte à lettre. Cinq fois par an, à chaque saison, une enveloppe vous est envoyée, contenant le livret de saison, et bien souvent d’autres objets-livres. Pour en savoir plus sur les éditions pré#carré, il est possible de voyager sur le site de la maison.

Un texte proche de la poésie, celle que j’aime, qui reste à hauteur d’homme, qui griffe et caresse avec élégance. Jeanne Benameur connait le pouvoir des mots. Elle sait les agencer pour que naisse l’émotion. Pas besoin de lyrisme boursoufflé, c’est ici le minuscule qui fait mouche. Les mots sont comptés, jamais légers, parfois brusques, ils semblent murmurés. http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2013/05/comme-on-respire-jeann..

Une langue qui coule malgré les fers qui la retiennent, une parole âpre et sans fioritures et voilà que la poète nous entraîne sur le mince et périlleux fil d’une course à travers forêts, neiges, bois, souvenirs, course à travers les lieux pentus et enneigés mais mal définis… Lieux chéris de l’enfance, territoires accidentés de la vie ou de la création ? Le troisième recueil de Mary-Laure Zoss, Entre chien et loup jetés, semble d’abord narrer tant bien que mal la fuite de personnages traqués par rien si ce n’est pas le temps. Le Diffuseur poétique

Ce texte d’Albane Gellé est tout à la fois une adresse à un tu absent et un long monologue où le temps, la nature et les vivants prennent chacun leur place. Elle nous donne à sentir que l’absence physique peut être compensée par une omniprésence dans les « petites » choses de tous les jours. Elle nous dit qu’une présence rendue vivante au fil du temps, des saisons et des enfances qui se succèdent, est le seul atout de l’absence et le point d’ancrage des vivants. Avec elle, le lecteur imagine l’absent, accompagne les gestes simples et se souvient de ses propres fêlures. Note de l’éditeur

Katia Bouchoueva est une bourrasque - un orage - une rafale de mots 22 long rifle - calibre 76 - en pleine tempe - une aube de chien noir - une guise de route - qui aurait percé la brèche - igue chaude - du nomade intérieur -

  • Sa poésie dépasse du cadre - (comme le vent photographié) - elle est irrévérencieuse - loin des vieilles ficelles - vive entaille - dans le cercueil du vent brûlé - […] Katia dissèque les manies de la langue avec adresse - & - la défend par là-même - elle lui défend de se ramollir - elle la maintient debout -
  • Sa démarche est une tentative textuelle de relier des bouts de continents poétiques éloignés - de les rassembler dans une langue pulsée - expulsée - foulée - soufflée - mesurée - en y apportant sa propre terre… Préface de Pierre Soletti

Vingt-deux heures Dix heures. Les chiens aboient comme si on entendait l’envers brutal du silence. Comme si montait de la terre une violence de voix acharnée à mettre en pièces le calme à peine conquis de la nuit. De temps à autre ils se taisent et c’est, sans fin, un clignotement muet, un (...)

Jean-Louis Giovannoni - Il est né en 1950. Il habite à Paris et est assistant social dans un hôpital psychiatrique. Il a fondé en 1977 la revue « Les Cahiers du double » avec Raphaële George. Il a été membre du comité de rédaction de « Nouveau Recueil » de 2005 à 2007. Il a obtenu le prix Georges Perros 2010.

Nous avons emprunté le chemin des vies les pavés gémissaient sous nos pieds lourds et nus on aurait dit la plainte des os de tous ceux qui avaient lavé le chemin de leur sueur. Nous avons parlé à l’arbre des saisons les feuilles bruissaient aux doux accents de nos voix on aurait dit les (...)

C’est dans une sage petite ville de province, derrière les grilles d’une vaste maison bourgeoise que l’enfant de ce récit fera l’apprentissage de la solitude, de l’angoisse, de la haine. C’est entre une mère terrorisante, un père à jamais étranger et un aïeul merveilleusement complice qu’il découvrira l’amour, la poésie, la révolte et sa peur du jour, qui sont les « débris colportés et les braises mal éteintes » dont se nourrira le feu de sa mélancolie future. (Note de l’éditeur)

Un lieu culturel qui joue hors les murs, dans le quartier où il est implanté, un immeuble animé par un collectif d’habitants et savamment orchestré par un gardien à l’accent toulousain, une auteure en quête de réel… Tels sont les ingrédients qui auront conduit à « Quelques ». Le projet d’écriture s’est construit avec Albane Gellé sur la base de rencontres sous forme de rendez-vous avec chacun, chaque famille, dans les moments d’après-midi ou de soirée… Autour d’un café, d’un biscuit, dans le silence d’un appartement vide, entre les bruits du dehors ou les discours fleuves de la TV allumée en permanence, s’amorce un échange où se raconte la vie d’ici, celle de tous les jours, celle d’hier et aussi les espoirs pour demain. A travers ces (ses) paroles, l’hôte se livre peu à peu, se dévoile doucement pour laisser affleurer l’intime. // Jean-Jacques Le Roux, Remue.net

Je me présente au monde avec les blessures des hommes.Elles sont anciennes ces blessures comme sont anciens les mots pour les dire : Il n’y a pas de douleurs nouvelles. Reste peu Dans Sur Peu Concentré Reste peu des lumières des couleurs des orgasmes Reste concentré Peu. Après la longue (...)

Le plus important de ce que tu vis n’est pas forcément le plus important à écrire. L’essentiel, c’est ce que tu peux écrire de vivre. Parfois, seulement des miettes, mais au moins, cela, tu peux le faire. Je ne suis pas photographe, je le sais. Je regarde ce qui m’arrête, et je fixe ce (...)

À l’instar du Yves Bonnefoy de L’Arbre au-delà des images, où le poète et essayiste français se penchait sur l’œuvre du peintre Alexandre Hollan, c’est au tour de Louise Warren de se mobiliser autour de cette figure aussi importante que discrète de la peinture française contemporaine. Cette suite de récits et rêveries en fragments poursuit le dialogue qu’avait amorcé l’auteure avec le travail pictural de Hollan dans Oh merveille, recueil dédié à l’artiste. En quelques pages, on arpente à pas de loup un atelier où arbres et « vies silencieuses » chuchotent entre les branches. Voir ça

Le ciel est bleu c’est bien beau mais est-ce que ça suffit que nous faut-il donc que nous manque-t-il encore quand tout est là sous nos yeux *** tellement d’ailleurs à résoudre en soi que parfois ça déconcerte on se reprend très vite en général on relève la tête on s’en va un peu plus loin (...)

C’est un tout petit livre à la couverture bleu, si petit qu’on a presque du mal à le tenir entre nos mains. On l’ouvre et là, c’est la surprise. Le titre : « 1 jour », se répète sur la page presque nue, on dirait qu’il se répète à l’infini. Quelques pages et pourtant très vite les phrases de ce livre nous entêtent pour ne plus nous quitter. Elles nous accompagnent littéralement. Cette vie c’est notre vie. Ces jours qui défilent au fil des pages, ce sont les nôtres, dans leur rudesse, dans leur évidente simplicité et leur justesse, dans leur quotidien et leur causticité. Liminaire

Ces quarante-quatre Petites, écrites en marchant, sont des cristaux d’enfance vive saisis dans ma langue ; ce sont, incandescentes, les émotions-sensations-pensées de l’enfance, cristallisées et saisies, grâce au mouvement de la marche, dans une petite forme qui, par le sursaut qu’elle provoqua dans ma pensée et dans ma langue, les éveilla.Florence Pazzottu

Mercredi 27 septembre 2006 Le visage levé vers le ciel est « lavé » par le soleil et le vent. Là-haut, sur le plateau, assise à regarder les horizons… le corps est pris dans le contraste chaud-froid du soleil et du vent. Ne peut se percevoir comme une unité. Le regard s’arrêtera sur quelques « (...)

L’univers de Carver tient dans ces quelques lignes, dans ce « peut-être que je n’avais rien dit », dans cette incapacité qu’ont ses personnages - lui ? - à parler, à tendre à l’autre ne serait-ce qu’un regard, un sourire, une main amicale, quelques mots de réconfort. Carver écrit le silence, non pas celui de la sérénité, mais celui de l’abattement, de l’effondrement. Ses phrases semblent anodines, insignifiantes ? Faux. Au détour d’une virgule, elles annoncent l’imminence de la catastrophe.

La poésie, pour moi, n’a pas de lieu prescriptible. Elle se lève et peut se lever partout où il y a un dire, en est l’imprévisible élan. D’autant plus poésie que moins elle se déclare et dit : c’est moi. Elle est l’âme de la prose, l’humus profond qui la sustente, lui donne son rythme, ses (...)

Il s’agit d’un journal, tenu du « 19.01.13 » au « 19 .02.13 ». Les titres du premier et du dernier chapitres, « Partir », « Rentrer », indiquent bien qu’il s’agit d’ouvrir/fermer une parenthèse de temps sur ce qui pourrait être un voyage mais se révèle être un séjour. note de lecture Fred Griot, « Cabane d’hiver », par Antoine Emaz

le vent rafales comme si traversant l’atmosphère (ses bruits d’air cherchent passages) je tu il nous très trop légers et s’égratignent nos images de plantations (quand même les arbres tombent meurent [1]) puis l’étonnement du calme (revenu) et le retour galop de nos affolements Quelqu’un (...)

L’homme qui penche est le fruit de deux séjours en hôpital psychiatrique. Thierry Metz aura mené son écriture jusqu’au bout des 90 textes qui disent le mal-être, la vie abîmée, qui dressent les portraits émouvants de celles ou ceux qui, comme lui, ont été blessés à tout jamais. L’émotion est palpable dans chaque fragment.

Triptyque en trois dimensions, œuvre d’art creusant le vide, qui ouvre sur le néant… Le premier panneau relate les circonstances de l’attente, présente le boucher — celui qui s’enrichit d’un commerce illégal, cet « homme à la face sale » —, évoque l’acte pour lequel aucun terme n’est assez (...)

Sans surprise, Philippe Delerm conte le plaisir gourmand d’une cerise noire dégustée sur l’île de Burano, décrit la vibration de la lumière sur l’eau d’un lavoir. Forcément, il se remémore le glaçage blanc du petit pudding acheté avec sa mère à la pâtisserie Le Bras, près de la gare Saint-Lazare. Presque quinze ans après La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, on ouvre ce Trottoir au soleil pour retrouver les instantanés délicats et teintés de mélancolie, les pauses enfin autorisées dans la rumeur du trafic. Pourtant, ce recueil dépasse la séduction littéraire et le confort des retrouvailles.

Philippe Delerm nous surprend quand il pointe le désir d’être « encore » dans la vie, en sachant qu’elle s’amenuise. L’écrivain est dans cet été indien où il n’y a plus de temps à perdre. Rester du côté du soleil devient une lutte de chaque instant. L’auteur est devenu grand-père, atteignant « un âge où les regards glissent sur vous sans s’arrêter ». Il n’en est pas particulièrement fier, mais le mot « résignation » ne fait pas partie de son vocabulaire. Il nous explique, plus sûrement qu’autrefois, cette hâte à guetter la lumière et s’en repaître, tel un lézard de la rue. Alternant le « on » et le « je », il se révèle plus intime qu’intimiste, conservant une écriture sans esbroufe, spirituelle et savoureuse. Mais il cherche aussi « le détail qui permet de tenir », reprenant à son compte la phrase de Camus : « Il n’y a rien de plus tragique que la vie d’un homme heureux. »

Le 05/02/2011 - Mise à jour le 18/09/2013 à 17h37 Christine Ferniot - Telerama n° 3186

quand Joséphine est apparue sur terre personne ne s’en est aperçu son pays était de chemins creux et de campagnes il y avait beaucoup de campagnes et les villes étaient comme un autre pays il n’y avait pas de robinets de radiateurs de frigos de radios (portables les seaux pour (...)

Aujourd’hui Marie, qui est bonne lavandière, commence la lessive de printemps. Elle est allée faire, les jours précédents, celles de la Cassoire, des Cherdeau et de la Lande Simon. Elle ouvre les deux battants d’une armoire et plonge les bras vers le fond d’où elle ressort du linge qu’elle (...)

En avril 2011, le texte de Christiane Veschambre, Fente de l’amour, accompagné des dessins de Madlen Herrström, paraissait aux éditions « Le Frau », petite atelier d’édition porté par Odile Fix. Ce livret est épuisé à ce jour.

Crépuscule II Le berceau du crépuscule est aussi celui des finitudes. Un jour de novembre, au bord de la route, j’ai vu vivre quelques coquelicots. Je les ai vus, rouges au-dessus des herbes mortes. On aurait eu envie de battre des mains. J’ai su tout de suite ce qu’ils me disaient : la fin (...)

16 juin. - L’agence de travail temporaire m’a trouvé un emploi dans une coopérative ouvrière. Huit heures par jour. Salaire minimum. Après les abattoirs, l’usine, je retourne dans le bâtiment. Le chantier se trouve dans une petite rue à sens unique. On va transformer une fabrique de chaussures (...)

Aller à la découverte des hautes herbes, au détour de paysages repeints aux couleurs de reverdie annuelle, est un bonheur comparable à celui de se lever tôt pour constater que le soleil règne en maître absolu sur la campagne, avant que ses rayonsfrappant de plein fouet les yeux du promeneur matinal, à peine éveillé, ne le jettent, l’esprit à moitié sonné, sur le carreau éblouissant des routes…

H.V.

D’entrée, l’auteure affirme une forme et un but, refuser l’écrasement. Ces poèmes ne sont pas désespérés ou désespérants ; ils disent avec force et à mi-voix le simple réflexe ou instinct de survie digne : « Tenir…debout ». Entre ces deux mots, c’est la vie qui coule, plus ou moins heurtée, plus ou moins facile. Antoine Emaz, note de lecture sur Poezibao.

Ouvrir, fermer. Chaque soir. Une porte. Un mot. Puis raconter aux gosses des histoires de chiens, de corbeaux. Ou l’inverse. Ils ne s’apercevront que d’une fatigue. On n’a qu’un peu de terre dans la voix. Pour s’y coucher. Avec eux. *** Où je suis il n’est pas facile de t’écrire, d’entrer (...)

Cour Poule poule poule picoraient dans la cour puis couraient quand je les pour suivais attiré par cette chouette couette coquette de couveuse au cul large et balourd tortillant des froufrous Pompadour Quand à décoller s’embirelicoquaient plutôt les ailes à dizigvaguer de gauche pas droite (...)

Il nous allait falloir retrouver ce paradis, où boire à deux à même les pierres des fontaines devenait acte d’amour. Les frênes nous posaient sur la peau leurs ombres dentelées, graves et muettes à l’idée d’une fin. Il nous fallut frapper le Temps au visage et l’empêcher ainsi d’établir ses (...)

Revue d’Histoire littéraire de la France Abstract :

Dans les poèmes en prose de Liberté Grande, le silence est une présence obsédante, chargée d’images et de significations. Le jeu des contradictions, des glissements, des rapprochements entre les images, le détail des paysages créent l’impression d’un désir du Silence parfait L’on sent alors que celui-ci est lié à l’attente de quelque événement, au pressentiment d’une révélation imminente, de très haute valeur. Par le jeu particulier du langage poétique Gracq peint, plus que le silence lui-même, ce qui en est comme la lisière et laisse deviner au-delà un espace ouvert, une sorte de perfection de solitude qui serait le lieu de l’absolu et le terme de la Quête.

Retrouvez une note de lecture de Henri Droguet sur ce recueil de Denis Rigal sur Poezibao : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2013/05/note-de-lecture-denis-rigal-terrestres-par-henri-droguet.html

Construit comme les précédents livres, Ras et Os, Peau témoigne de l’expérience du sujet entre ce qu’il nomme le « dedans » et le « dehors », adoptant en vers et en prose la forme datée d’un journal mais journal de bord (on pense à Reverdy, l’un des « phares » d’Emaz) plutôt que journal intime, journal de bord dans le sens où il s’agit de mener son embarcation dans la vie quotidienne, de tenir la barre et de tenir tout court malgré tout (…)
Valérie Rouzeau, sur Poezibao

La plupart de ces notes brèves, écrites au jour le jour, avec une ténacité, une obstination remarquables, enregistrent les accords, désaccords, les découvertes, les pressentiments qui rythment ou accompagnent l’entreprise de la peinture, en relation intense avec le visible, plus précisément avec des arbres singuliers. (…) (Extraits de la préface de Jean-Yves Pouilloux)

Km 500 est un recueil composé de plusieurs textes évoquant des lieux traversés ou investis par Louis Calaferte. Si l’écriture de certains textes semble inaboutie, le projet de Louis Calaferte de consigner toutes ces impressions lors d’un voyage en train de plusieurs journées ouvre des pistes pour l’écriture.
« Débuts à Paris », dernier texte du recueil, est très beau. Dans ce récit de formation, Louis Calaferte raconte son expérience d’exil à Paris avec l’espoir de devenir un comédien reconnu.
ic - un tisseur

(à propos de "Les Mots pauvres") (…) Tout est mesure, pudeur, admirable retenue ; le prétexte des mots ne recouvrira pas d’emphase le bonheur du cœur. « Que ma joie demeure » chante le musicien. La femme sans voix accueille une joie de même essence. La scène finale où l’homme montre l’étendue de neige à travers les branches, est comme un poème d’espérance. (…) La confidence émouvante, la voix qui est toute pureté, nous introduisent dans les fonds comme il y a les fonds marins, sombres et merveilleux, tant et si bien qu’on aimerait aller encore plus loin et qu’on emporte en soi une parabole du silence.

Lucien Guissard La Croix (janvier 1997)

(…) D’évidence, cette écoute essentielle de soi au monde, cette façon de « tresser le silence » relève d’une quête peu éloignée des conquêtes d’un Proust qui, renonçant aux paillettes et aux artifices de l’intelligence, déclare en ouverture à son Contre Sainte Beuve, citée précisément dans La Griffe et les rubans : « Chaque jour j’attache moins de prix à l’intelligence. Chaque jour je me rends compte que ce n’est qu’en dehors d’elle que l’écrivain peut atteindre quelque chose de lui-même et la seule manière de l’art ». Mais c’est aussi près de Samuel Beckett que Christiane Veschambre se tient. (…) C’est bien aussi cette « logorrhée ruinée », comme elle la nomme, de Fin de partie qu’elle recherche quand, renonçant aux parades de grand « clown agrégatif », elle se met à l’écoute non pas du nouveau mais de « l’inattendu ». (…) « Délivrée du régime d’imitation et validation », ainsi qu’elle le dit, Christiane Veschambre écrit dans une constante volonté de cibler le mot juste, « comme une contre-force aux mots qui ont tout pour n’être que publics ». (…) Les livres de Christiane Veschambre, en dehors de la tradition mais aussi des effets de mode, proposent à notre lecture une autre façon de dire Je.

(À propos de Christiane Veschambre « Le préau des collines » n°6 - mars 2003)

Dans la ligne de Lichen Lichen (Rehauts, 2003), Lichen encore (Rehauts, 2009) et Cambouis, Cuisine est un recueil de notes tirées des carnets de travail de ces dernières années. (…) On entre un peu plus dans la matière du « vivre » de l’auteur, pour reprendre un verbe nominalisé qu’il affectionne. Alternent donc des notes sur la poésie, les lectures, le quotidien, la famille, le métier d’enseignant, le jardin, soi : autant de champs d’expérience que le temps conjugue dans l’espace de la vie mais aussi dans l’espace de la poésie, puisque celui-ci demeure le point nodal de cette vie. Ludovic Degroote in Poezibao

La poétesse lausannoise Mary-Laure Zoss publie un nouveau recueil. Patiemment, elle creuse une œuvre singulière et sombre, comme un cri retenu. Lire Une syllabe, battant de bois, c’est pénétrer dans un paysage…

Vernet sait que le réel devient suggestif surtout lorsqu’il se tait. Encore faut-il savoir extraire de sa paix et de sa réticence une matière vibrante. A l’image de la vie qu’on ne peut saisir par la gorge il faut donc trouver le moyen de faire parler son silence. A défaut de le saisir la poésie de Vernet s’en rapproche au plus près. Jean-Paul Gavard-Perret

A nos yeux, le Journal authentique n’existe pas ou à de très rares exceptions, la plupart posthumes. Il n’est le plus souvent qu’accompagnement d’une œuvre ou bribes sauvées à travers les jours lorsque l’écriture s’avère impossible. Il ne peut témoigner d’une extraordinaire authenticité ou d’un pitoyable mensonge. Il est, comme toutes les pages, soumis à réécriture immédiate ou différée. Le Journal ment et révèle, tente un tant soit peu de suspendre le temps dans l’acrobatie des dates, des heures et des jours. Le journal est toujours le Livre par défaut, celui qui marque l’impuissance de l’écrivain à trouver l’élan de l’épopée, du récit ou du poème. Ou alors soumis à d’autres arrières-pensées, même si l’auteur s’en défend. (note de l’éditeur)

Le père du narrateur vient de mourir. Le livre existe comme une tentative de construire un plein illusoire, capable de contrebalancer le rétrécissement soudain du monde. Trop de routes sont devenues impraticables : « …où que j’aille, un jour nous y sommes passés. C’était : faire du bois, rentrer les foins, cueillir les mûres, ramasser les noisettes. Partout là-haut, il y a ton empreinte. A l’automne, tu seras sous tous les noisetiers ». Nous sommes à la campagne. La langue emprunte sa nervure au bois. Elle est noueuse, rompue aux changements de saisons. Elle s’empoigne, se sarcle, cingle les doigts gourds. Elle se travaille comme du fer. Le Matricule des Anges

GRIVE Plutôt la nuit cette falaise plutôt ce mur et cet abat c’était le cru royaume les puits de pierre jaune la niche aux morts les verticaux mâcheurs d’épis leurs crocs peints vermineux leurs bouches d’ombre à rien c’était ventre à naufrage infertile giron du rêve trêve et piège (...)

SEXTE Le vent ça barde et décarcasse ça brade et décrasse un ciel à la fonte lessivé d’ondées purées lavandières et de petits bouts d’incendie la houle énorme inlassable fourbit la falaise un ruisseau dévoyé court à sa perte invisiblement dans les brumes et s’égare aux toundras improbables (...)

J’ai rencontré Souleymane Diamanka à l’école du quartier des Aubiers à Bordeaux. J’exerçais depuis peu l’improbable métier d’instituteur, un rien perdu, un tantinet lunaire, mais j’ai remarqué l’élève Souleymane avant même de l’avoir en classe de CE2…

Lorsque j’ai découvert son disque L’Hiver Peul, il y avait des mots noués au fond de ma gorge. Jusque dans le silence, après qu’ils s’étaient tus. J’ai pensé à la phrase que l’inventeur du « sud conscient » me prête à propos des mots, eux encore et encore, dont il faut défaire les noeuds pour les partager….

L’essai du linguiste Julien Barret, qui nous ouvre ici les secrets de fabrication du trouveur de pépites sans jamais nous ennuyer, démontre également que la poésie de Souleymane est de tous les lieux et de tous les temps. Les racines des mots sont aussi nomades que les racines du sang et de la terre. Le troubadour des Aubiers n’a pas fini de barder et j’en suis bien heureux.

Dominique Boudou, instituteur et poète

Préface, pages 9 et 10

"On dit qu’il n’y a qu’une loi, qu’une voie : Celle de vivre. D’aller contre la peine, d’inverser le malheur en étoile lumineuse, fulgurante. On s’interroge. Souvent. Longtemps, si longtemps qu’on ne voit pas la vie qui passe, les jours qui s’éloignent, les craintes qui surgissent, la vie (...)

II Vous marchez dans les sous-bois encore trempés de pluie et de l’éveil des serpents. Dans le vaste parc en désordre, vous allez sans but, vous contentant de la lumière, de la beauté des lieux, du miracle d’être là presqu’un peu par hasard. Les heures semblent ne plus égrener leurs leçons, (...)

Retrouvez les trois premières pages du recueil de Joël Vernet en intégralitépour entrer dans sa quête de cerner la peur par l’écriture…

Ce livre rend hommage à un artiste entré dans la légende, François Augiéras, écrivain génial et peintre singulier. Augiéras est l’un des grands écrivains de la seconde moitié du vingtième siècle. C’est aussi un peintre étonnant qui retient aujourd’hui l’extrême attention des collectionneurs. Pourtant, il est mort, indigent, à l’hospice de Montignac, en Périgord, le 13 décembre 1971, à l’âge de 46 ans… (Joël Vernet)

Textes déposés sous le numéro ISBN 2-9513430-4-3 Tous droits réservés. Indicatif éditeur : 2-9513430.

Patrick Chemin est né en 1956. Entre 1976 et 2012, il a publié une trentaine de livres. Principalement de la poésie. Il a écrit une quinzaine de pièces de théâtre - Adultes et Jeune Public - toutes jouées par des compagnies professionnelles. Il a enregistré trois disques et travaillé avec de nombreux peintres. Il est également metteur en scène, comédien et défend depuis plus de quinze ans la lec ture publique notamment au travers de sa Revue Orale. En 2002 il reçoit la Bourse d’Ecriture Beaumarchais de la SACD à Paris pour sa pièce Ce que dit Hübler mise en scène par Claude Confortès et Sarah Viennot. Ce texte a été créé dans le cadre du Festival d’Avignon 2002. En mai 2011 et janvier 2012, ses textes sont programmés sur France Musique dans l’émission de Véronique Sauger : « Les contes du jour et de la nuit »

je te flore / tu me faune / je te peau / je te porte / et te fenêtre / tu m’os / tu m’océan / tu m’audace / tu me météorite / je te clé d’or / je t’extraordinaire / tu me paroxysme / tu me paroxysme / et me paradoxe / je te clavecin / tu me silencieusement / tu me miroir / je te montre (...)

Après tout je t’aimerai Comme si c’était toujours avant Comme si à force d’attendre Sans te voir sans que tu viennes Tu étais éternellement En train de respirer près de moi. Près de moi avec tes habitudes Avec ta couleur et ta guitare Comme sont ensemble les pays Dans les leçons de (...)

Chercheurs et érudits, historiens de l’art, biographes, amateurs éclairés, sémioticiens, esthéticiens, philosophes, conservateurs rivalisent d’intelligence, de raffinement, d’élégance, de prouesses savantes et subtiles, parfois même de sensibilité. (…) Ils exhibent et exhument les grilles de (...)

Ce matin Ce matin était bien. un peu de neige tapissait le sol. Le soleil flottait dans un ciel clair et bleu. La mer était bleue et bleu-vert, aussi loin que portait l’œil. À peine une ondulation. Calme. Je me suis habillé pour aller me promener - résolu à ne pas rentrer avant d’avoir (...)

elle est en train de devenir ce dont elle parle depuis le début, ouf. elle n’a plus du tout honte d’arriver à la plage un ballon sous le bras, ni d’écouter Renaud ni d’écrire un poème pour un anniversaire, et toc. il se croit obligé de toujours sauver le monde, menace sa fatigue si elle (...)

Un extrait d’entretien de Christian Prigent avec Sophie Nauleau, émission « ça rime à quoi », France Culture, diffusée le 02 septembre 2012

Dans L’éloge de la contemplation, un prisonnier - réel, imaginaire ou mental - parle, donne ses impressions depuis sa cellule, son rapport avec l’extérieur, avec ce qui lui manque maintenant qu’il est enfermé. Ses pensées tournées vers l’ailleurs, vers celle qu’il « ne touche qu’en son absence ».

Que dire sur ces textes, si ce n’est que l’on y retrouve toute la poésie dont l’auteur nous a donné l’avant-goût cachée dans ses romans. Là, en textes très courts, on entre de plein pieds dans son monde. Toujours tourné vers l’autre - il ou elle. Certains aiment les paysages d’autres se tournent vers d’autres géographies. Tout est une question de regard et de centre d’intérêt, d’échanges - de regards, d’aquarelles, de mots. Des mots, doux ou bien durs, d’amour ou de colère. Un regard tout de tendresse ou bien de froide lucidité sur le Monde.

Dédale, dans Biblioblog

s’agit-il de l’enfermement, du désir, des ratages, il faudrait pouvoir aller au plus près du rien, écrire ou se laisser écrire et se taire en même temps. "donner acte à la vieille formule qui veut " réduire les choses à leur plus simple expression ". c’est la négation de tout ordre qui tue, ce cri du rebellé et ce silence du vaincu que j’ai tenté de côtoyer dans ces textes. au plaisir ou au désespoir de pousser l’ellipse et la fragmentation à proximité du non dit."

Présentation de l’éditeur

115 Une vitre opaque dérange parfois la matière du monde élague le rêve du regard et nous fait toucher ce que nous ne voyons pas La réalité se concentre alors sur un insecte apparemment exclu, sur sa mort sans style, sur le calice inerte de sa minime histoire. La réalité s’égoutte, (...)

C’est, dans sa première partie, une mise en vers de l’odyssée infernale des migrants africains vers l’Europe, à travers les déserts et les rivages de la Libye, puis sur des embarcations précaires vers l’île de Lampedusa, au sud de la Sicile. Cette poésie est faite d’errance, de déracinement, de désespoir, d’exploitation, d’étrangeté, de menaces et de mort.

Elle mêle la force du verbe d’Erri de Luca, sa lucidité politique et sa parfaite connaissance du phénomène migratoire, impitoyable géographie humaine et physique métamorphosée en cantique. Et elle met des paroles sur des réalités profondes mais oblitérées : « nous serons les fils que vous ne faites pas, nos vies seront vos livres d’aventures, l’odeur que vous n’avez plus ».

Iliade cruelle et moderne, ce chant tragique désenclave la poésie de son étroite sphère d’initiés et touche au fondamental, à l’universel du langage poétique pour dire l’indicible horreur : corps trompés, trempés, éreintés, mort salée de la mer, soif qui fait lécher jusqu’à la dernière goutte de rosée qui perle à l’aube sur l’embarcation de fortune, regards inanimés où passe l’écheveau des nuages…

L’écho de la tragédie humaine qui gronde dans ses pages est resté au large de la Méditerranée. Nathalie Galesne - site Babelmed

Offrir Pas Revoir de Valérie Rouzeau. Pour un petit cadeau militant, c’est un choix à la fois « modéré » et audacieux. « Modéré » car Valérie Rouzeau aime parler de ce qui touche chacune de nos vies, même celles des lecteurs de romans. Audacieux cependant car elle écrit en une langue recréée, proche de la pensée, avec ses emboîtements, ses télescopages, ses associations, ses bonds, ses polysémies, ses jeux. A chaque relecture d’une page de ce délicat kaléidoscope, des facettes de texte semblent avoir changé de place, de sens, de couleur. Benoît Moreau / poezibao

Ni vrac ni vroum, voilà le vrouz qui arrive, déboule et roule comme un dé sur la table, avec sa couverture bleue sage pas ciel plutôt bleu gris froid, peut-être un peu terne mais quelle vie ne l’est pas ? Vrouz donc, et une note finale nous informe qu’il s’agit d’un bon mot forgé par Jacques Bonnaffé, titre préféré à celui initialement prévu, « autoportraits sonnés avec ou sans moi ». Antoine Emaz sur Poezibao

….La Poésie, dire d’un instant pour traquer l’indicible, les spectres et les silences, crever les bulles, débloquer les peines, cautériser les plaies, s’assurer qu’elles se cicatrisent. On appelle la poésie à la rescousse pour tout cela mais aussi parce qu’on s’accroche à ce qui fait qu’on se prétend humain…….. Pourquoi la Poésie ? Pour apprivoiser la parole, repousser les marges, affronter les cris……. La Poésie, pour nommer les choses qui n’ont pas de nom……Le poème a le don de consoler. Les mots et la voix se transforment en cette main tendue sur l’épaule, cette rue familière où le cœur ne craint pas de s’attarder. La Poésie ? Une compagne, elle me tient la main sur le chemin et surtout, elle est un complément au plaisir de vivre. M.-C. Agnant

12 juin Travail du sourcier Travail d’agitation dans ce papier blanc ce papier aride travail de prospection (le chercheur d’eau) (comme les Fauves : sans savoir exactement où l’on va, on va en embrassant à la fois le papier et le monde - ce monde hurlant de terreur, courbaturé à force (...)

Ce petit être arrivé là par hasard. N’a rien demandé. Alors si vous voulez, peut cesser d’exister à vos yeux. Change pas grand-chose à la réalité. Si vous avez mieux comme occupation, alors laissez tomber. Pas grave. Pas besoin de vous pour exister. Ne vous a pas attendu pour exister. Peut (...)

Quand on perd une jambe à la guerre On en met une autre de bois Car il paraît qu’on a beau faire Les jambes ne repoussent pas. Mais peut-on me dire pourquoi Il ne pousse pas de feuilles sur les jambes de bois ? Des feuilles toute vertes Avec des tas d’insectes, Des feuilles toute belles Où (...)

FAUX RAYON Seule ligne ou pourtour La lumière qui tombait du toit S’est arrêtée Sur son visage Il a dormi jusqu’au matin où il est mort Et personne n’a pu soupçonner sa présence Que le chat qui veille à son chevet Et la lune qui le regarde parfois Par la lucarne Pierre Reverdy : (...)

Il y a un poinçon dans ta bouche un envol dans tes yeux un fauve dans tes cheveux un nuage à ton cou un lac sur tes épaules des silex sous tes doigts un signe entre tes seins un soleil contre tes dents un soleil sur tes reins un soleil au creux de toi et du feu en chacune de tes voix et (...)

Tu le rangeras parmi les autres, en ordre. Parfois tu le sortiras pour le montrer à des amis, en disant : “celui-ci, je l’aime bien” ou “je ne sais ce qui m’a pris de l’acheter”. Et tu le rangeras de nouveau : sommeil dans le sommeil encore, mort à demi, encore, quelque temps. Il s’économise, (...)

Je note dans la revue Cadmos un article signé Alain Gillis, « Identité et organisation autistique de la personnalité » : « Voici un enfant qui présente une organisation partiellement autistique. Il regarde un arbre. Il le considère et me signale que cet arbre, à l’instant, vient de bouger. Il (...)

Poème 19 Fille brune, fille agile, le soleil qui fait les fruits, qui alourdit les blés et tourmente les algues, a fait ton corps joyeux et tes yeux lumineux et ta bouche qui a le sourire de l’eau. Noir, anxieux, un soleil s’est enroulé aux fils de ta crinière noire, et toi tu (...)

Tout le monde parle des couchers de soleil Tous les voyageurs sont d’accord pour parler des cou- chers de soleil dans les parages Il y a plein de bouquins où l’on ne décrit que les couchers de soleil Les couchers de soleil des tropiques Oui c’est vrai c’est splendide Mais je préfère de (...)

On voudrait. C’est la fin du jour à la cime des arbres, les cages sont vides, un coq chante. Que la lumière défasse. L’au-delà sous la langue, comment dire. Ne pose rien, avance. ********* Subsiste une grâce qui hante notre propre apparition : penser (...)

MATIÈRE Ce que je lis, je pourrais le comparer à du compost. De la philosophie, de la poésie, des albums pour enfants, des essais, des mystiques, des baroques, tout cela j’en suis certaine se dépose au fond de moi, se mélange à ma langue. J’ai toujours cru que toute cette matière invisible (...)

Suppose Que je vienne et te verse Un peu d’eau dans la main Et que je te demande De la laisser couler Goutte à goutte Dans ma bouche. Suppose Qu’un couple de mésanges Cogne à notre fenêtre Et que je te demande De les laisser cogner Jusqu’à ce qu’on nous parle Un langage (...)

Comment nommer le brin d’herbe qui se lève seul parmi la multitude infinie des âmes toutes avides du même soleil Quand les contours de nous mêmes sont silencieux ne sachant finalement rien cela est bon Carolyn Carlson : brins d’herbe, Actes Sud 2011

Qui es-tu femme à peau crépusculaire à peine humaine par ton ancienneté, Qui es-tu avec ta tête laineuse enturbannée tes pieds osseux et nus ? Pourquoi te mettre debout sur le bas-côté de la route et saluer les couleurs ? (Alors que notre bataillon défilait dans les pinèdes sablonneuses de (...)

Barbara Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là Et tu marchais souriante É panouie ravie ruisselante Sous la pluie Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t’ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Rappelle-toi Barbara Toi que (...)

assuré que la visée vitale de l’art c’est de jeter à la ronde images témoignages preuves d’une puissance de synthèse accordée à la vie et qui préserve la vie contre la solitude (...)

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