H.D. Thoreau : Les pommes sauvages

Vendredi 12 septembre 2014

« Les pommes sauvages », le titre est simple, rustique, à l’image de H.D.Thoreau. Et il s’agit bien de cela, d’une histoire de pommes, du goût de Thoreau pour les fruits juteux et nourrissants qu’il cueille lors de ses promenades dans les bois. Fidèle à lui-même, l’auteur de « Walden », ne peut s’empêcher de penser que les pommes sauvages qui poussent en liberté dans des recoins inaccessibles, sont inévitablement meilleures que celles, insipides et dénaturées, que donnent les tristes pommiers greffés par la main de l’homme. (note de l’éditeur)

Ces pommes sont restées exposées aux vents, aux gelées et aux pluies et ont ainsi fini par incorporer les qualités du temps ou de la saison. Elles sont donc assaisonnées, et leur âme nous pénètre, elle nous inocule, elle nous imprègne. Pour ces raisons, elles doivent être goûtées hors les murs. Pour bien apprécier l’essence sauvage et âcre de ces fruits d’octobre, il est nécessaire de respirer l’air aiguisé d’octobre ou de novembre. L’air et l’exercice dont profite le marcheur donnent un caractère différent à son palais et il désire un fruit que le sédentaire qualifierait d’agressif et de dénaturé. Ils doivent être mangés dans les champs, quand le corps est éveillé par l’exercice, quand le temps glacial vous mordille les doigts, quand le vent fait s’entrechoquer les branches nues ou bruisser les rares feuilles qui restent et quand alentour on entend le cri du geai. Ce qui est aigre à la maison, une marche tonifiante le rend sucré. Certaines de ces pommes devraient être ainsi étiquetées : "A manger au vent".

Henry David Thoreau : Les pommes sauvages, Finitude, 2009, pages 46-47.

Vos témoignages

  • Bernadette 7 octobre 2014 12:40

    il a bien raison cet homme là !

  • Michelle FOLIOT 4 octobre 2014 20:51

    Un bon fruit, pour extraire sa meilleure saveur, doit mûrir au rythme naturel des saisons, cela devrait être une évidence et devient de plus en plus aléatoire. Le marcheur, lui, rend sa marche bénéfique si il sait prendre le temps, observer la nature, communier avec elle, y être réceptif, sensible, jusqu’à s’en imprégner au plus profond de lui-même, pas à pas, mais il faut que ce choix vienne de lui.

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