Ce que Violaine Bérot dit d’elle-même…
Moi, j’aime bien quand on me présente, parce qu’il y a plein de trucs faux, et à chaque fois, je découvre plein de choses sur moi. Donc là, je vais essayer de vous dire des trucs vrais.
D’abord, je suis super contente de venir sur un territoire très rural, parce que je suis vraiment une rurale profonde. Je suis née dans la montagne pyrénéenne. Je suis partie quelques instants… quelque temps — un peu plus qu’un instant — quelque temps vivre en ville, parce que j’ai fait des études, au départ d’informatique, et même d’intelligence artificielle. Et donc je suis partie à Toulouse faire mes études, et j’ai travaillé jusqu’à l’âge de 30 ans en informatique.

Et à l’âge de 30 ans, je me suis dit : c’est absolument n’importe quoi. Moi, je suis faite pour être au fin fond d’une vallée des Pyrénées, ou au fin fond de quelque chose de perdu et de rural. Et j’ai besoin d’avoir un métier dehors.
Je travaillais en informatique, donc dedans, devant des ordinateurs. En parallèle, j’écrivais, parce que j’écris depuis l’âge de 15 ans, et j’étais déjà publiée. Et donc j’ai été m’installer dans la montagne, et je suis revenue à quelque chose que je rêvais de faire depuis l’âge de 15 ans.
Parce qu’à 15 ans, j’avais aussi passé un été en estive, avec des bergers. Et pendant deux mois, j’avais travaillé avec eux. Et au bout de ces deux mois, de mon été de mes 15 ans, j’étais revenue chez moi, j’avais dit à mes parents : « J’ai trouvé le métier que je veux faire, je veux être bergère. »
Et là, mon père était rentré dans une colère noire, parce que mon père était fils de petits paysans très très pauvres de la montagne pyrénéenne. Et être éleveur en montagne ou être berger, il fallait pas, il fallait plus. Il fallait sortir de la misère.
Lecture d’un extrait de « Pastorales »
Donc, je me suis fait engueuler. Donc j’ai écouté mon papa, j’ai fait des études, je suis devenue informaticienne. Mais j’avais toujours ça, quand même, derrière la tête. Et donc, à 30 ans, j’ai changé de vie. Je suis revenue m’installer dans les Pyrénées — pas dans la vallée d’où je suis originaire, qui est dans les Hautes-Pyrénées et qui est très touristique. Et moi, j’ai un peu de problèmes avec le tourisme. Et du coup, je suis venue m’installer en Ariège, dans un coin pas touristique du tout. Au départ, dans une petite ferme — toute petite ferme un peu dans le piémont pyrénéen — dans laquelle j’ai commencé avec un élevage de chèvres, d’une vieille race rustique, qui sont les chèvres pyrénéennes. Et avec des chevaux, en travaillant en débardage, en portage, en traction avec les chevaux.
Lecture d’un extrait de « Tombée des nues » et échanges autour du processus d’écriture
Et puis, au bout de quelques années, je suis montée beaucoup plus haut, dans des conditions beaucoup plus rudes, et beaucoup plus extrêmes. Et j’ai adoré cette vie. Cette vie d’élevage, cette vie telle que je la menais, qui était trop extrême. C’était un peu du délire de faire comme ça, mais moi, j’ai adoré ça. J’ai eu un seul problème : c’est que j’ai fait ça pendant 12 ans, et pendant 12 ans, c’était impossible d’écrire. Il n’y avait plus la place.
J’ai en fait deux passions dans ma vie : c’est l’élevage tel que je le pratiquais, et l’écriture. Et elles sont totalement incompatibles, parce que les deux passions me bouffent ma vie. Je ne peux rien faire d’autre à côté. Si, je pouvais faire de l’informatique, quand j’étais informaticienne, ça ne me bouffait rien dans ma vie, donc je pouvais écrire en même temps. Mais élever et écrire, je ne pouvais pas.
Lecture d’un extrait de « Comme des bêtes »
Donc, pendant 12 ans, j’ai été éleveur, et j’ai arrêté au bout de 12 ans, vraiment à contrecœur, mais très obligée, parce que j’ai attrapé la maladie de Lyme. Et j’ai été très très abîmée par la maladie de Lyme. Et donc je ne pouvais plus, dans les conditions très physiques où je le faisais, continuer l’élevage. Et je me suis consolée d’arrêter l’élevage en reprenant mon autre passion, qui était l’écriture. Et donc, ça fait plus de 10 ans maintenant que j’écris, que j’ai repris l’écriture, et que l’écriture est devenue mon métier — chose que je n’imaginais même pas à 15 ans, quand je commençais à me mettre à écrire. Parce que je pensais qu’un écrivain, c’était forcément… d’abord, c’était forcément un homme. Et c’était un homme mort. C’était Victor Hugo, quoi.
Et puis, depuis que je gagne ma vie avec ce métier-là, je dis que je suis écrivain. Je trouve ça très pédant, mais je le dis quand même, parce que c’est mon métier. Et en fait, non : on peut être une femme écrivain, vivante.
Est-ce que Violaine Bérot écrit de la poésie ? Voici sa réponse…
Dans le fichier joint, retrouvez la transcription de la présentation de Violaine Bérot et quelques échanges complémentaires.
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