lumière limpide
avancer dans l’air
jusqu’aux vagues
et les laisser faire sans fin
ressasser le même geste qui apporte emporte
enlève à chaque passage un peu de poids
dans l’œil le corps la tête
jusqu’au vide
quelque chose quoi
reste à dire insiste
on le sent sous la main presque
pas loin
pas là
et puis ça s’en va
laissant derrière ou devant une nuit massive
un mur noir lisse du sol au ciel
des filaments de vie luisent
les angles les arêtes du jour
renvoient la lumière de la lampe
pas plus que ça
des éclats minces
mais tout de même
des éclats
le jour au moins on peut tenir
sur du très court
dans le désordre de ce qui vient
on trouve presque toujours assez
pour continuer
la nuit
c’est plus dur
il faut passer le vide la peur
descendre assez dedans
pour retrouver un peu de long stable
et que le silence ne soit plus un ennemi
mais seulement là
cela ne s’apprend pas dans les livres
même si on peut leur prendre des mots
ils n’orientent rien
on est seulement moins seul
avec soi
pour vivre parce que vivre
septembre
l’air a un goût de fleurs de froid
son odeur de fin d’été
quand ça se rétracte
et que la nuit vient plus tôt
massive
on ne va rien chercher
on écrit comme ça se présente
libre oui si on veut
dans un corps qui peine à suivre
la main elle
va seulement jusqu’au bout
de la zone éclairée par la lampe
dans une sorte de doute
ou de frange incertaine
une pénombre
avant la nuit
peu importe le trajet
il faut seulement atteindre
une limite de ce soir
pour trouver une paix
au moins avec les mots
Antoine Emaz : Erre, Tarabuste, 2022, pages 52, 98, 105, 135, 139.
Retrouvez d’autres extraits des textes d’Antoine Emaz sur le site des Tisseurs :