Echo aux « Invasions Sympathiques », encres d’Isabelle Marcelin

Jeudi 23 mai 2013

Dans le cadre du projet « Quand l’art rencontre les mots », l’association Tisseurs de Mots a proposé une piste d’écriture en résonance avec les encres d’Isabelle Marcelin - « Invasions Sympathiques » en maison de Mandrin à Brioude.

Proposition


Aller à la rencontre des œuvres, circuler, naviguer entre les tableaux. Écrire une phrase dans laquelle on insère le mot « invasion » ou un mot de la même famille.

§ Choisir un tableau. Cueillir un mot sur les chaises disposées dans la salle, le mot qui s’accorde le mieux avec ce tableau. Écrire une évocation produite par le tableau. Écrire sur 4 lignes, insérer obligatoirement le mot de la chaise choisie.

§§ Choisir un autre tableau de la même série. Écrire un nouveau texte. Recopier deux lignes du premier tableau et poursuivre en écho à ce nouveau tableau (4 lignes supplémentaires).

§§§ Choisir un troisième tableau Écrire à nouveau.

Recopier au moins deux lignes du premier tableau et deux lignes du second tableau et poursuivre en rebond à ce nouveau tableau (encore 4 lignes supplémentaires).

Encre sympathique : une substance utilisée pour écrire un message invisible à l’œil nu, qui apparaît seulement sous l’effet d’un révélateur, qui se laisse découvrir // dé-couvrir. Le motif du travail d’Isabelle Marcelin : des éléments naturels, graines, algues, cocons et mauvaises herbes, qui prennent de la place sur la feuille, qui occupent l’espace par leur quantité. Des éléments étranges, étrangers à soi.

§§§§ Composer. Composer, ajuster, poursuivre pour fabriquer un texte unique. Relire ce qui a été écrit. S’efforcer d’entendre ce qui se révèle peu à peu. Écrire avec cet étrange, ce bizarre qui s’est imposé dans les premières bribes écrites.


Les textes

La fièvre au crâne… la nuit vient et les herbes échevelées de tes pensées l’envahissent. Pourtant, en son sommet il y a un carrefour, une liberté possible, la liberté des épis.

elles poussent dru tes idées où sont leurs racines Cachées à l’intérieur, profondes, comme celles de ce pissenlit qui vrillent la tête d’une migraine acérée s’étendant au bord du regard. où sont leur racines fuir où les arracher

tes cheveux étaient d’un noir de jais, nourris de pensées romantiques ; elles s’épanouissaient comme des fleurs au printemps juteux de ta vie où sont leurs racines

désormais, pas de panique… ton crâne est lisse et luisant, très doux, rassure toi. la paix est là peut être, à découvert.

Marie Paule


Triptyque de soie

Tout roule, s’enroule autour de moi, tel une fileuse avec sa quenouille et son fuseau. Plus il y a de fils, plus je manque d’air. Ça me serre, ça m’oppresse. Et tout roule, s’enroule, s’enchevêtre. J’étouffe, mais j’en demande encore. L’étau se resserre, plus de lumière.

Puis, peu à peu, la soie se déchire ; un voile opaque apparaît, et enfin La Lumière. J’ouvre, je respire.

Françoise


Se laisser envahir ça soulage. Ca soulagerait s’il venait, Venet. Mais on verra ce que ça sera, Serra. Se laisser envahir ça soulage. Ce joli nœud ne tient rien mais c’est joli. Quitter sa vieille montre, ça ferait une marque blanche trop moche. Le fil à la patte fait six pieds de long, mais il ramène fidèlement à l’écurie. La méduse a ses pattes gluantes bien collées. Avec le temps, le gélifiant se liquéfie. Tout devient fluide, tout est absorbé, calme plat. Se laisser envahir ça soulage. Merci Pierre, merci Bernar, merci Richard.

Marie


Obsession de cœurs Qui s’accrochent et qui battent Ici, par-terre, ailleurs Entrelacs denses et qui dansent Endroit, envers Partout et contre tout

Touffu, le noir envahit la page blanche

Entrelacs denses et qui dansent Endroit envers Ici, par-terre, ailleurs L’algue s’étale Obsédante inquiétante de noirceur Poulpe végétal Ses tentacules de malheur

Le noir envahit la page blanche

Poulpe végétal Ses tentacules de malheur L’algue éclate à présent En quelques bouquets de fleurs Enormes mais toujours sans couleur Et qui de l’un et de l’autre s’éloignent Mais dont le cœur demeure S’accroche et toujours bat

Envahit la page blanche…

Cécile


« Quand l’art rencontre les mots » est soutenu par

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