Un lieu culturel qui joue hors les murs, dans le quartier où il est implanté, un immeuble animé par un collectif d’habitants et savamment orchestré par un gardien à l’accent toulousain, une auteure en quête de réel… Tels sont les ingrédients qui auront conduit à « Quelques ».
Le projet d’écriture s’est construit avec Albane Gellé sur la base de rencontres sous forme de rendez-vous avec chacun, chaque famille, dans les moments d’après-midi ou de soirée… Autour d’un café, d’un biscuit, dans le silence d’un appartement vide, entre les bruits du dehors ou les discours fleuves de la TV allumée en permanence, s’amorce un échange où se raconte la vie d’ici, celle de tous les jours, celle d’hier et aussi les espoirs pour demain. A travers ces (ses) paroles, l’hôte se livre peu à peu, se dévoile doucement pour laisser affleurer l’intime. // Jean-Jacques Le Roux, Remue.net
Sans homme elle vit seule, à force elle
n’entend plus, pendant qu’un chien
aboie, les autres bruits du cœur, et les
portes qui claquent, pendant qu’un chien
attend.
Pour sa femme il dit maman, sans
faire exprès, c’est depuis les enfants,
tandis qu’au mur la jeune mariée est
restée dans un cadre d’une vingtaine
de centimètres.
Au chaud entre les tapisseries, protégé
du danger, presque des maladies, il
construit des bateaux en bois, avec une
très ancienne délicatesse, elle le regarde
en souriant, ils finiront leurs jours à la
mer, tout au bord.
Décidé à agir, puisque c’est un garçon,
et que le monde va mal, jusqu’aux
poubelles d’en bas qui prennent feu la
nuit, il sait ce qu’il veut oui : devenir
gendarme.
Albane Gellé, Quelques, Inventaire/Invention, 2004, pages 9, 11, 15 et 18.