Tu voyages avec moi, tu n’es pas encombrant. Où que j’aille. // Tu te moques des grandes pluies, tu ne te perds jamais dans les labyrinthes, et tu n’attends pas ton tour au bout des files d’attente. Tu te fais oublier. Pendant que je m’affaire à fermer un manteau, à cueillir des cerises, à seller un cheval. Pendant que je t’écris des livres. // Je n’ai pas encore lu toutes les pages, rangées dans la grande chemise cartonnée beige. J’attends le jour où. J’emporterai tout ça dans une autre maison (la forêt sera au bout des doigts). En attendant quand je marche, je regarde les arbres, ils n’échappent à rien. Pluies, vents, brûlures, pas d’échappée possible. Plantés, et des repères. Tout à côté de nos effrois, nos fuites. Nos bousculades. Et toi, est-ce que tu es planté, est-ce que tu peux bouger, as-tu encore des raisons de paniquer.
Albane Gellé : Où que j’aille, esperluète éditions, 2014, pages non numérotées.